Chanteur à la vie ponctuée par les drames, il a connu la
rue, l’assassinat de son frère par son propre neveu, Charles Bradley chante la
soul comme personne. Et personne n’en aurait jamais rien su si l’excellent label
Daptone (dont on ne cessera jamais de vanter les mérites) n’avait eu l’idée de
génie de lui faire enregistrer un premier album (le chef d’œuvre « No time
for dreaming » sorti l’an dernier) alors qu’il a déjà dépassé les soixante
ans. Son registre dramatique rend ses prestations particulièrement poignantes
d’un point de vue émotionnel. Mais en même temps Charles Bradley irradie tout
heureux qu’il est de se retrouver sur scène devant des salles combles (la
cigale est ce soir bien remplie). Par ce qu’il a vécu, Charles Bradley sait de
quoi il parle quand il chante « Heartaches and Pain » ou « The
world (is coming up in flames) ». Et croyez-moi ce cri vaut la peine
d’être entendu. Charles est entouré par un groupe aux petits oignons :
orgue hammond, cuivres, un excellent batteur (qui tape avec une telle célérité
que son kit s’effondre au cours du concert), basse et le fidèle Tommy Brenneck
à la guitare. L’ensemble produit un étonnant contraste entre la musique
fiévreusement funky et les paroles dramatiques de Charles qui tire les émotions
du fond de sa gorge. Superbe artiste, superbe concert.
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