Il n'y a pas à dire
mais il y a parfois des petits signes qui nous font bien plaisir et
même chaud au cœur. Il y a quelques jours on a trouvé une raison
toute simple de réjouir en découvrant dans la boîte aux lettre un
cd avec un fameux logo, représentant un claquement de doigts,
« stax » dans le coin en bas à droite qui a fait naître
un sourire sur notre visage. Ainsi donc, la Stax renaît de ses
cendres avec, qui plus est, un excellent album, quoique plus rock
n'roll (ce n'est pas spécialement fait pour nous déplaire) que ceux
sortis naguère par le label, signé Nathaniel Rateliff. D'emblée,
Rateliff se place dans la lignée des grands vocalistes, sa voix,
grave, profonde ou rocailleuse au besoin, est à elle seule le
vecteur de mille émotions. Si le chant est le reflet de l'âme,
alors Rateliff se met littéralement à nu le long de ces onze
plages. De fait, l'écriture de Rateliff trouve sa source dans des
émotions brutes qu'il retranscrit en musique, laquelle prend la
forme d'un exutoire moite et funky (« Shake »). Et c'est
peu dire que l'album est intense, on jurerait que les enceintes
transpirent lorsqu'on écoute le disque. Musicalement la chose se
situe à la croisée des chemins entre soul, gospel (la merveilleuse
« S.O.B. »), teinté de rock n'roll garage au détour
d'une guitare bien sentie (« Thank you »). C'est le genre
d'album, qu'on écoute les pieds dans la boue, où des cuivres
surchauffés croisent le fer avec un piano bastringue (« I've
been failing »), une lap-steel échappée d'un album country
(« Wasting time ») ou une guitare rock au son cradingue
et déglingué (« Look it here », « Shake »).
Et que dire de cet orgue hammond, instrument omniprésent, dont le
souffle chaud nous caresse les oreilles ? L'écoute provoque les
émotions chez l'auditeur, on imagine un pick up poussiéreux,
l'album sent la caillasse, les champs et le soleil de plomb. En dépit
de l'angle éminemment roots, on se gardera bien de parler d'un
quelconque revivalisme ou d'évoquer en l'espèce un énième retour
de seventies, Nathaniel Rateliff se plaçant dans la catégorie des
artistes aux inspirations intemporelles. Quel changement pour un
artiste ayant débuté dans la scène folk ! Notre coup de cœur
de ce début d'année.
En concert dans le
cadre du festival les nuits de l'alligator, le 18/02 à Paris, le
20/02 à Nantes, le 21/02 à Mérignac et le 22/02 à Rouen.
https://twitter.com/nrateliff
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