A l'origine de cet
album il y a un voyage. Un long périple initiatique dans le « deep
south » des Etats-Unis, entre Louisiane et Mississippi,
effectué par Raphaël Imbert, saxophoniste et homme de terrain de
son état. L'objectif pour le musicien venu du jazz est de se
confronter aux musiques terriennes, notamment le blues et la country.
La démarche est profondément humaine, se base sur les rencontres,
le partage et l'échange. Ainsi tout au long de ces treize pistes,
Imbert questionne la créolité (une partie de l'enregistrement s'est
effectué à la Nouvelle-Orléans) et la façon dont les musiques,
autant que les musiciens, dialoguent ensemble. Il en résulte un
certain éclatement des structures qui démontre in fine que le blues
reste une musique vivante, loin d'être figée dans un carcan à
douze mesures. L'originalité vient d'abord du saxophone, un
instrument que l'on entend assez rarement dans le blues, et qui
apporte une touche free trahissant les origines jazz du musicien (cf.
« Black Atlantic »). L'album est l'occasion de découvrir
de magnifiques musiciens et vocalistes parmi le casting des invités.
On pense à Alabama Slim et Big Ron Hunter, les deux figures
tutélaires, débonnaires (« Going for myself », « Please
don't leave me », « Make that guitar talk ») même
lorsqu'il s'agit d'évoquer le dramatique ouragan Katrina (« The
mighty flood »), ignominie dans laquelle Alabama Slim a tout
perdu. Leyla McCalla est une autre découverte marquante de cet album
dont le violoncelle ou le banjo irradie la musique d'une touche
créole (« La coulée Rodair »). La chanteuse française
Marion Rampal possède un coffre impressionnant que l'on jurerait
étasunien, elle est bluffante ! Enfin, invitée de dernière
heure, la chanteuse Sarah Quintana est une figure de la
Nouvelle-Orléans et une camarade de longue date de la compagnie Nine
Spirit qui fournit l'accompagnement musical du disque. Un album
magnifique qui nous prouve, à l'image de son titre, que grâce à la
musique on se sent partout chez soi. Comme l'affirme le
saxophoniste : « Jazz is the rule, blues is the tool and
swing is the obvious thing ».
https://twitter.com/Raphaelimbert
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