Circonscrit autour
d'un périmètre entre rockabilly, blues, rock garage, soul, folk et
country, les nuits de l'alligator sont un de nos festivals préférés.
L'assurance de chaudes nuits en plein hiver et des découvertes
chaque année, dans le superbe écrin de la maroquinerie…
« Vous êtes
arrivés un peu en avance pour voir un vrai groupe de rock n'roll ?
Nous sommes Dirty Deep et on vient de Strasbourg... » lance
l'excellent batteur installé derrière son kit. Au moins les
intentions sont clairement énoncées dès le départ. Après des
débuts en one man band, puis en duo guitare/batterie, Dirty Deep est
désormais un power trio. La formule est considérablement enrichie,
le gain est certain : plus de groove, de swing, le trio est
redoutable. Si l'énergie est incontestablement rock garage, Dirty
Deep possède ce petit plus, le petit détail qui, prenant la forme
d'un subtil glissé de guitare ou d'un harmonica bien senti, nous
ramène immanquablement au blues. Mais une forme blues crade et
déglinguée héritée du Delta et proche dans l'esprit des
production Fat Possum. Sur scène, les trois musiciens se donnent à
fond, finissent en nage et le chanteur termine le concert le visage
aussi rouge écarlate que son tee-shirt. Les cordes de guitare ne
résisteront d'ailleurs pas à une telle débauche d'énergie. Un
excellent set pour commencer la soirée, à peine gâché par une fin
abrupte, le groupe, victime d'un timing impitoyable, ne peut jouer
son dernier titre. Les aléas de l'organisation d'un festival… En
tout cas, on attend impatiemment des nouvelles de Dirty Deep dont le
nouvel album sortira le 29 avril prochain…
On continue dans une
veine similaire, mais moins réussie à mon sens, avec le trio hyper
looké Daddy Longlegs, groupe qui, sur le papier, a tout pour nous
plaire. Pourtant on n'accroche que très moyennement. Le trio se
singularise par une approche rythmique particulière, une batterie
réduite à sa plus simple expression, un tome basse, une grosse
caisse et une caisse claire. Aucune cymbale. Pour compenser le
batteur cogne sur ses tome à l'aide d'une maracas. Ce qui donne un
son très mat, et un manque de groove certain (c'est peut être de là
que vient le problème). Un harmonica au son sale et une guitare
complètent la formule. Si on accroche dans un premier temps, l'ennui
nous gagne, trop répétitif… Le public a néanmoins l'air
d'accrocher…
On termine enfin
avec un gros morceau, l'Anglais Jim Jones accompagné de son nouveau
groupe, The Righteous Mind dans lequel on retrouve Gavin Jay déjà
bassiste à l'époque bénie de la Revue. Dans un premier temps, Jim
Jones et ses acolytes restent fidèles à ce qu'ils savent faire de
mieux, un rock n'roll survolté, hérité des années 50, foudroyé
par une énergie digne du punk. Ainsi les deux premiers titres du
soir, servis avec un piano au boogie woogie ravageur, n'auraient pas
dépareillés dans le répertoire de Jim Jones Revue. C'est lorsque
le piano s'efface au profit d'un orgue, lorsque la contrebasse et la
guitare lap-steel font leur entrée en scène, que Jim Jones sort de
son pré-carré, délaissant la composante roll de sa musique pour
des paysages plus sombres et torturés (une nouvelle orientation
également perceptible dans l'artwork du groupe) qui rappellent
parfois Nick Cave. Les instruments en sourdine, avec un squelette
rythmique pour seul accompagnement, Jones expérimente autour du
gospel, le résultat nous rappelle le « 7 times around the
sun » de son ancien groupe. Si l'on reste inconsolable après
la séparation de la Jim Jones Revue, on adore ce nouveau groupe et
on est ravi d'avoir une nouvelle formation à se mettre entre les
oreilles…
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