Cet album vient
mettre un point final à une formidable aventure dont les prémices
remontent à 2007, lorsque Cédric de la Chapelle, jeune guitariste
lyonnais en vacances en Inde, tombe sur un vagabond, ce dernier se
révélant être un véritable crooner qui s'ignore. La suite tient
d'un improbable concours de circonstances, ceux donnant naissance aux
belles histoires où se mêlent le destin et la chance. En
l’occurrence, ces derniers prendront la forme du Ginger Accident,
un groupe de rock vintage dont notre ancien clochard indigent
deviendra le chanteur (interviewé dans ces colonnes en 2010). Ainsi,
à l'automne de son existence, Joe se lancera dans le grand bain du
rock n'roll avec deux excellents albums à la clé (« Sunny side up » en 2011 et « Lost for love » en 2014)
avant de pousser son dernier soupir le 1er mai 2016
emporté par une rupture d'anévrisme à l'âge de 73 ans. C'est donc
de manière posthume que sort cet ultime album. Sans pour autant être
mortifère, il se dégage de ce disque un âme, une aura
particulière. Chaque mot chanté par Joe pèse lourd, à l'image du
traditionnel « Tambde Roza », chanté en langue
vernaculaire, qui ouvre les débats de manière dramatique, et du
poignant « Silent Wave » qui clôt définitivement
l'affaire. Entre les deux, le Ginger Accident fait montre de sa
classe habituelle poussant le curseur psychédélique encore plus
loin, assumant la prise de risque le temps de quelques chansons bien
barrées (« Swing your love », « My Sway »,
« I was a stooge ») et payant son tribut au blues
(« Temple Mosque Church ») saupoudrant le tout d'un
soupçon de spiritualité indienne (« Candy Sparkles »)
évitant habilement tous les clichés inhérents au genre. Si
l'aventure a été de courte durée, à l'échelle d'une vie, elle
laisse une discographie impeccable, sans accroc ni faute de goût.
Joe peut reposer en paix.
Concert hommage le
28 mars 2017 à Paris (Café de la danse)
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