Matt Wilson (c) John Abbott |
Archie Shepp (c) Monette Berthomier |
Avec le sens de l'à-propos qu'on lui connaît habituellement, le Festival Sons d'Hiver fête le centenaire de l'arrivée du jazz en France avec une soirée hommage à Sidney Bechet avec deux réinterprétations complémentaires de l’œuvre du musicien natif de la Nouvelle-Orléans.
On commence avec le
quartet mené par le batteur Matt Wilson. Ancien compagnon de route
de Charlie Haden, Matt Wilson est un magnifique batteur au swing
élégant. Trouvant la note juste, refusant le concours de vitesse
généralement associé au solo, Wilson brille par son sens du
ralentissement. N'ayant pas froid aux yeux, le musicien n'hésite pas
à démonter sa caisse claire pour en tirer des sonorités inédites
et développe un feeling égale aux baguettes ou aux balais. Bien
entouré par une contrebasse et des vents, parmi lesquels on note la
présence de la française, Catherine Delaunay à la clarinette en
invitée spéciale, le batteur a livré une relecture classieuse et
intemporelle du répertoire. Un superbe moment de musique, tout en
swing.
Après une pause
d'une vingtaine de minutes, inhérente à l'habituel changement de
plateau, c'est au tour d'un monstre sacré, le saxophoniste Archie
Shepp de s'attaquer au répertoire de Bechet, qui a comme lui trouvé
une terre d'adoption en France. L'instrumentation est légèrement
différente, on note la présence du piano et laisse plus de place à
la voix assurée par Shepp lui-même ou par la chanteuse Marion
Rampal. La prestation se révèle plus personnelle et inclut
également des compositions hommages de Shepp ainsi que des reprises
qu'affectionnait Bechet (de Fats Waller notamment). La démarche se
révèle à la fois aventureuse et nerveuse. Sur scène Shepp
impressionne par sa stature et son apparente économie de mouvement,
gestes précis et notes calculées autant que soufflées. Généreux
avec le public le groupe à prolongé le concert aussi longtemps que
possible avant de saluer le public jusqu'à la prochaine fois, enfin
si tout va bien. Magnifique.
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