La Maroquinerie prend
des allures de club new yorkais en ce lundi soir avec un superbe
plateau soulful à souhait. On commence avec la jeune Charlène, la
dernière signature en date du label Q Sounds Recordings, basé en
Seine Saint Denis et spécialisé dans la soul, une belle voix en
devenir. L'accompagnement musical, de haut vol, prend racine dans les
années 1960 et 1970, lorgnant vers les productions « à
l'ancienne » du label Daptone. On apprécie la dextérité des
musiciens, du clavier véloce et des lignes de basses monstrueuses de
groove. Hélas, la basse mixée trop en avant prend beaucoup de place
et tend à couvrir les autres instruments. On doit tendre l'oreille
pour entendre la guitare et fixer son attention pour profiter du
chant de Charlène, un comble ! Néanmoins cette jeune chanteuse
constitue une belle promesse d'avenir dans le créneau de la soul à
la française. Une jeune artiste que l'on prendra plaisir à suivre
dans les mois à venir.
Place ensuite à la
grande affaire de la soirée, le duo Saun and Starr. Avant de se
lancer en duo, Miss Starr Duncan Lowe et Saundra Williams se sont
fait connaître comme les choristes des Dap-Kings (les Dapettes), le
groupe accompagnant Sharon Jones. En 2014, le duo enregistre son
premier 45 tours « Hot Shot » (que l'on retrouve
également sur leur premier album) signant au passage la plus grosse
vente (concernant les singles) de l'histoire du label Daptone. Après
la sortie de leur premier album il y a quelques semaines, le duo
prend la route et se retrouve ainsi sur la scène de la Maroquinerie
en tête d'affiche. Cinq musiciens accompagnent le duo de chanteuses,
aux habituelles basse, batterie et guitare s'ajoutent deux cuivres,
trompette et saxophone. C'est beaucoup et peu à la fois, le label
Daptone nous ayant habitué à de fastueuses représentations à base
de percussions et d'orgues. Comme d'ordinaire avec Daptone,
l'accompagnement est au top, le groupe se trouvant à son aise dans
tous les contextes, soul nerveuse et échevelée ou dramatiquement
émouvante (« If only » digne de Charles Bradley). Les
musiciens déploient un groove jazzy ou, au contraire, se tiennent
sur la réserve jouant en sourdine. Sur scène le duo est rodé et
sait se jouer du public, le faire rire grâce à de mini sketches ou
tirer sur la corde sensible, les émotions à fleur de peau donnant
tout son sens au mot soul, une musique s'adressant directement à
l'âme. Le groupe s'eclipse le temps d'un intervalle gospel (« On
a grandi dans le Bronx, mais nos racines sont à l'Eglise ») à
cappela, le public est transporté. Saun et Starr sont visiblement
heureuses et leur bonheur est contagieux. Alors qu'une ovation
nourrie vient saluer cette prestation de haute volée, on quitte la
Maroquinerie un peu triste que cela soit déjà fini.
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