Commençons par saluer une vieille
connaissance, John Ulysses Mitchell, ex-leader des Bad Mama Dog,
auteur d'un excellent album, « Love gone bad » en 2009 et
que l'on retrouve en solo ce soir. On avait un peu perdu de vue le
Franco-Américain ces derniers temps et l'on est particulièrement
heureux de le retrouver. Personnage lunaire, Mitchell est franchement
désarmant au point d'oublier le titre des ses propres chansons :
« Cette chanson s'appelle (blanc, silence)... Euh, toutes les
chansons sont nouvelles, elles ont un titre (re-silence).... »
Des années qu'on écume les salles de concert, on n'avait encore
jamais vu ça ! Un peu plus tard, alors que le set touche à sa
fin, Mitchell refait encore des siennes : « Je n'ai
pas bosser d'autres titres alors on va faire une reprise. Bob Dylan
ça vous dit ? »... En dépit de ses errements (ou grâce
à) le grand gaillard attire la sympathie. Son jeu de guitare sèche
est précis et ses arpèges assez fins, mais la chose prend une toute
ampleur lorsque Mitchell attaque les cordes, tout de suite le son
remplit l'espace. Lorsqu'il chante à propos « d'une ex »
il empoigne sa guitare électrique (bah quoi, t'es en colère John?)
convoquant de suite l'ombre de Jeff Buckley. Il résulte de
l'ensemble un fort parfum folk 60s et de blues, cette petite
demi-heure en sa compagnie fût fort agréable.
Alors que la basse ronfle d'un groove
énorme, signe que les hostilités vont bientôt commencer, une autre
Anglo-Saxonne exilée dans notre Hexagone, Nadéah, fait son entrée
en scène. « Met a man », est décidément un tube en
puissance ! Ce soir l'Australienne dévoile en avant première
les titres de son futur album dont la sortie est prévue pour début
2016. Et ça déménage ! Mettant de côté le swing jazzy
acoustique qui était sa signature (exit la contrebasse), Nadéah
fait dorénavant le grand écart entre rock noisy, le guitariste est
déchaîné, et groove disco. La section rythmique est remarquable,
la frappe de la batterie dégage un swing lourd et puissant alors que
les lignes de basses sont énormes, au point de chiper toutes les
fréquences. Une prestation plutôt électrique donc même si Nadéah
nous a réservé quelques beaux moments intimes et remplis d'émotions
seule à la guitare folk ou au piano. Même les anciens titres
retrouvent des nouvelles couleurs « Ain't got time » est
ralentie à l'extrême alors qu' « Odile » est
tranfigurée. Ce n'est que lorsqu'une section de vents (clarinette et
trombone) débarque que Nadéah renoue avec le style cabaret jazzy
caractéristique du premier disque. Il n'y a finalement que la boîte
à rythme, surnommée « Roland », qui n'était pas
contente. Ses siennes ont contrarié l'artiste toute la soirée
« comme un bébé chat qui pisse sur tes vêtements ». Le
set se termine avec une version absolument démentielle de « Nobody
but you » aussi fulgurante que l'éclair. Si le nouvel album
est de ce niveau, ça s'annonce plutôt bien !
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