C’est une belle soirée qui s’annonce. Un petit mot pour
commencer sur les très rares, du moins sur nos terres, Los Lobos, « Blues
band from east L.A. » comme ils se définissent qui assurent ce soir la
première partie. Dans l’imaginaire collectif, Los Lobos a connu son point
culminant dans les années 1980 avec leur reprise de « la bamba » pour
le film du même nom. Une sorte de one hit wonder dont on n’a plus beaucoup
entendu parler depuis. Et c’est bien dommage.
Déjà à l’époque de « la bamba » Los Lobos était un groupe
expérimenté avec plus de dix ans de rock latino derrière lui. Depuis le groupe
a continué son petit bonhomme de chemin loin des médias sortant des albums
blues rock d’excellente facture. Pour prendre un exemple récent citons leur
« Tin Can Trust » de 2010, un petit chef d’œuvre. Leurs concerts
rarissimes en France, leur vaut d’être ignorés du grand public, leur
prestation, excellente, troupe peu d’échos auprès du public, ainsi que l’affirme
leur guitariste David Hidalgo : « WTF, say something » !
Evidemment pour une fois que le groupe vient jusqu’à nous on aurait préféré une
salle à taille humaine plutôt que d’admirer le groupe de loin abandonné tel le
radeau de la méduse. On a pu en tout cas apprécier les talents de leur
excellent guitariste David Hidalgo (un type qui a également joué avec Bob Dylan
soit dit en passant). Le son de Los Lobos pourrait être divisé en trois
catégories, d’une part le rock n’roll, d’autre part le blues et enfin les
influences latines pour finir (percussions, chant en espagnol). La présence
d’un saxophone apporte une note swing jazz pas désagréable du tout, l’accordéon
un je ne sais quoi d’exotique. Ce fût quoi qu’il en soit une excellente
performance trans-genre : blues, rockabilly, jazz et latin. Croisons les
doigts pour revoir cette excellente formation dans des conditions un peu plus
décentes très prochainement…
Alors que l’immense palais omnisport se rempli de vieux
hippies sur le retour (le public, c’est une des raisons pour lesquelles j’adore
aller voir les survivants des sixties en concert !) un étrange cérémonial
prend place sur la scène. Une bande de roadies vêtus de blouses blanches
prennent possession des lieux, certains balayent la scène, laquelle est
surplombée par deux écrans géants en forme de télés portatives vintage. Le
décor scénique est le même depuis la fin des années 1970, constitués d’amplis
géants au milieu desquels les musiciens ont l’air de lilliputiens. Les choses
prennent une tournure encore plus étrange quand la sono diffuse la marseillaise
( ???) alors que le groupe (y compris Neil Young) se tient au garde à vous
en rang d’oignons. Pendant ce temps là un micro géant descend du plafond du
POPB. Ledit micro arrivé à destination, le concert commence avec « Love
and only love ». Dans la, très longue, carrière de Neil Young, les
enregistrements avec Crazy Horse (groupe qu’il retrouve après quelques années
de séparation) occupent une place à part. Au contact du trio, Neil Young s’embarque
dans une voie à part qui fait de lui le seul vieil hippie adulé par la
génération grunge qui l’a prise pour parrain. Le trio, Frank Sampedro (vêtu
d’un superbe tee shirt Jimi Hendrix), Ralph Molina et Billy Talbot donne une
nouvelle dimension à la musique du vieux barde Canadien. Incontestablement plus
électrique mais aussi plus expérimentale. Les morceaux traînent en longueur,
chaque titre dépassant allégrement les dix minutes, au total une grosse dizaine
de titres ont été joués en deux heures, c’est du psychédélisme électrique. Le
son brut et aride des guitares n’est pas sans évoquer ces grands paysages
étasuniens qui fascinent tant Neil Young. C’est la bande sonore d’un désert de
l’ouest américain. Absolument fascinant. A noter un petit intermède acoustique
(« Heart of gold ») et « People rocking in the free world »
déchaîné en rappel. La soirée a tenu toutes ses promesses.
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