dimanche 9 juin 2013

Neil Young and Crazy Horse + Los Lobos, Bercy, 6 juin 2013.


 
Los Lobos


C’est une belle soirée qui s’annonce. Un petit mot pour commencer sur les très rares, du moins sur nos terres, Los Lobos, « Blues band from east L.A. » comme ils se définissent qui assurent ce soir la première partie. Dans l’imaginaire collectif, Los Lobos a connu son point culminant dans les années 1980 avec leur reprise de « la bamba » pour le film du même nom. Une sorte de one hit wonder dont on n’a plus beaucoup entendu parler depuis. Et c’est bien dommage.  Déjà à l’époque de « la bamba » Los Lobos était un groupe expérimenté avec plus de dix ans de rock latino derrière lui. Depuis le groupe a continué son petit bonhomme de chemin loin des médias sortant des albums blues rock d’excellente facture. Pour prendre un exemple récent citons leur « Tin Can Trust » de 2010, un petit chef d’œuvre. Leurs concerts rarissimes en France, leur vaut d’être ignorés du grand public, leur prestation, excellente, troupe peu d’échos auprès du public, ainsi que l’affirme leur guitariste David Hidalgo : « WTF, say something » ! Evidemment pour une fois que le groupe vient jusqu’à nous on aurait préféré une salle à taille humaine plutôt que d’admirer le groupe de loin abandonné tel le radeau de la méduse. On a pu en tout cas apprécier les talents de leur excellent guitariste David Hidalgo (un type qui a également joué avec Bob Dylan soit dit en passant). Le son de Los Lobos pourrait être divisé en trois catégories, d’une part le rock n’roll, d’autre part le blues et enfin les influences latines pour finir (percussions, chant en espagnol). La présence d’un saxophone apporte une note swing jazz pas désagréable du tout, l’accordéon un je ne sais quoi d’exotique. Ce fût quoi qu’il en soit une excellente performance trans-genre : blues, rockabilly, jazz et latin. Croisons les doigts pour revoir cette excellente formation dans des conditions un peu plus décentes très prochainement…

Alors que l’immense palais omnisport se rempli de vieux hippies sur le retour (le public, c’est une des raisons pour lesquelles j’adore aller voir les survivants des sixties en concert !) un étrange cérémonial prend place sur la scène. Une bande de roadies vêtus de blouses blanches prennent possession des lieux, certains balayent la scène, laquelle est surplombée par deux écrans géants en forme de télés portatives vintage. Le décor scénique est le même depuis la fin des années 1970, constitués d’amplis géants au milieu desquels les musiciens ont l’air de lilliputiens. Les choses prennent une tournure encore plus étrange quand la sono diffuse la marseillaise ( ???) alors que le groupe (y compris Neil Young) se tient au garde à vous en rang d’oignons. Pendant ce temps là un micro géant descend du plafond du POPB. Ledit micro arrivé à destination, le concert commence avec « Love and only love ». Dans la, très longue, carrière de Neil Young, les enregistrements avec Crazy Horse (groupe qu’il retrouve après quelques années de séparation) occupent une place à part. Au contact du trio, Neil Young s’embarque dans une voie à part qui fait de lui le seul vieil hippie adulé par la génération grunge qui l’a prise pour parrain. Le trio, Frank Sampedro (vêtu d’un superbe tee shirt Jimi Hendrix), Ralph Molina et Billy Talbot donne une nouvelle dimension à la musique du vieux barde Canadien. Incontestablement plus électrique mais aussi plus expérimentale. Les morceaux traînent en longueur, chaque titre dépassant allégrement les dix minutes, au total une grosse dizaine de titres ont été joués en deux heures, c’est du psychédélisme électrique. Le son brut et aride des guitares n’est pas sans évoquer ces grands paysages étasuniens qui fascinent tant Neil Young. C’est la bande sonore d’un désert de l’ouest américain. Absolument fascinant. A noter un petit intermède acoustique (« Heart of gold ») et « People rocking in the free world » déchaîné en rappel. La soirée a tenu toutes ses promesses.


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