Fer de lance du mouvement Madchester, ce vent de folie entre
rock et techno balbutiante qui a soufflé sur Manchester à la fin des années
1980, The Stone Roses avait rencontré un succès phénoménal avec leur premier album (un chef d’œuvre du rock british soit dit en passant) avant de connaître
les pires difficultés à enregistrer la suite. Le groupe s’est séparé vers 1995,
dans un nuage d’incompréhension, après seulement deux albums, laissant un goût
amer dans la bouche de leurs nombreux fans éplorés. Un gâchis. Après chacun a
suivi sa route, le chanteur Ian Brown faisant carrière solo, le bassiste Gary
Mounfield (aka Mani) officiant chez Primal Scream, le guitariste John Squire est
devenu un artiste peintre et photographe exposé, ayant également sorti deux
albums en solo. Seul le batteur Reni ne donnait guère de nouvelles depuis les
nineties. Et puis, surprise, fin 2011, le quartet annonce une reformation que
plus personne n’attendait et annonce dans la foulée une tournée qui arrive
enfin jusqu’à nous (après un passage à Lyon l’année dernière). Ce soir je vais
voir les Stone Roses, pour la première fois depuis le 11 mai 1995 (c’était dans
une autre vie), date de leur passage à feu (sans jeux de mots) l’Elysée-Montmartre.
Voir le quartet enfin réuni sur scène fait un choc. Les années ont passé, les
rides se sont creusées, les chevelures ont blanchies. Le balourd barbu derrière
la batterie, c’est Reni vraiment ? Il semblerait que oui, il a toujours le
même bob (les yoyos ont par contre disparus). Finalement John Squire est celui
qui accuse le moins le poids des ans, possédant toujours cette fine silhouette
d’ado frêle. Musicalement les mancuniens assurent toujours avec autant de
classe. La section rythmique Mani (superbe collection de basses customisées
demi-caisses) et Reni, incroyable de souplesse rythmique, distille toujours ce
groove inimitable. Le tout mélangé aux influences plutôt rock classique sixties
de John Squire. On pourrait toutefois reprocher à ce dernier d’être parfois un
peu brouillon, surtout au début du concert et notamment sur un « fool’s
gold » exagérément longuet. C’est peut-être dû à la nature intrinsèque de
la musique des Roses autant empreinte de rock psychédélique que de groove dance
(la coda d'« I am the Resurrection »). Ian Brown est mixé bien en avant pour
essayer de masquer ses limites vocales (manque d’amplitude et de justesse particulièrement flagrant sur "I am the Resurrection").
C’est à peu près les seules critiques que l’on peut émettre car, une fois que
la mire est bien réglée, la machine est lancée à pleine vapeur. Et c’est une
déferlante de tubes qui s’abat sur la cigale et l’on renoue avec ces chansons
un peu comme on retrouve un vieil ami : « Ten Storey love
song », « Breaking into heaven », «She bangs the drums »,
« This is the one », « Waterfall / Don’t stop», « Made of
stone »… C’est énorme, énorme, énorme !!! La nostalgie est à son
comble. La folie s’empare de la salle, les verres de bières volent au dessus du
public qui saute avec entrain, les bras en l’air, reprenant chaque refrain en cœur.
Un quart d’heure après la dernière chanson, le public n’avait toujours pas vidé
les lieux, hurlant à pleins poumons, réclamant un refrain qui ne venait pas…
Incroyable. En première partie on a pu admirer les ados de The Strypes (des
types plus jeunes que Jake Bugg, c’est dire) qui ont assuré dans un registre
mod/mersey beat, avec l’entrain de leur jeunesse et la bouteille de vieux
routiers du rock. Très prometteur.
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