(c) Romain Joly |
Comment vous avez débuté le groupe ?
Manceau : Les premières maquettes datent de 2008, à la
base c’était un projet solo de julien qui avait composé des titres un peu folk.
On était tous dans des groupes séparés et on se rencontrait souvent sur Rennes.
Au début le but c’était surtout de faire du live. Le groupe a vraiment pris sa
forme actuelle en septembre 2009, on avait également décidé de changer un peu
musicalement. On est allé vers quelque chose de plus pop, mélodique. Pas juste
de l’acoustique.
Vous avez une attirance particulière pour les synthés ?
Manceau : Ouais on aime bien ça. Le bois. Les vieux
synthés analogiques. On voulait surtout les utiliser pour donner une couleur à
l’album. Le début du projet était vraiment plus folk. Il fallait s’écarter des
ambiances « pastorales et guitare acoustique » des premiers titres.
On voulait casser ça.
Justement en écoutant l’album j’ai trouvé le mélange
intéressant entre la rythmique assurée par la guitare folk et les sons
synthétiques…
Manceau : On aime bien que le morceau sonne en version
guitare ou piano/chant. Il faut que la composition soit forte dès la base, sans
aucun arrangement. Après on essaye d’avoir des vrais partis pris de production
sur nos titres. C’est finalement des pop songs assez classiques. Mais cela ne
nous dérange pas d’enlever des choses pour ne garder qu’une basse finalement.
Les années 80, c’est une décennie qui vous parle ? Je
pense à « The way it is » en particulier…
Manceau : Il y a un truc rigolo avec les années 80.
Nous on a plutôt grandi musicalement dans les années 90 où tout ce qui s’est
passé était en réaction par rapport à la décennie précédente. Un groupe comme
Nirvana, par exemple, le grunge… La musique des années 80, c’était un truc
presque honni à l’époque. C’était banni d’utiliser des synthés. En redécouvrant
cette décennie, on s’est rendu compte qu’il y avait beaucoup de titres super
efficaces, très bien écrits mais qui souffraient d’une production un peu
kitsch. Quand on dépasse ça, on se rend compte que c’est une décennie qui est
aussi passionnante que les années 60 ou 70 finalement. Plein de groupes super
populaires étaient vraiment artistiquement très exigeant. Pour en revenir à
« The way it is », c’est une pop song un peu FM, eighties, deux
accords, le synthés et les voix derrière. C’était vraiment l’idée de ce titre.
Mais le côté 80 de l’album n’est pas celui qui ressort le plus, il y a aussi
des choses qui viennent des années 70 et 90.
J’avais justement que le disque se terminait sur une note un
peu « Pink Floyd »…
Manceau : « Grandma ». On écoute tous plein
de choses. On voulait partir sur quelque chose un peu plus psychédélique,
aérien. Ca n’a jamais vraiment été non plus une volonté de croiser toutes nos
influences. C’est venu vraiment naturellement. On ne se met pas de limites non
plus. Notre disque c’est une sorte de patchwork de sons que l’on a tous écouté.
Il y a aussi une pointe de disco sur « Take
back ». Vous pensez être un groupe dansant ?
Manceau : Ca nous parle de plus en plus en tout cas.
C’est vraiment venu pendant toute cette phase de production avec Tahiti 80. Ca
fait partie de l’évolution du groupe. On a commencé par popifié nos titres
avant de se rendre compte que le public réagissait plutôt bien en concert. On a
continué à pousser dans cet axe là. On aime le rythme. Carrément !
Le groupe marche pas mal au Japon…
Manceau : On y est allé fin mai.
C’est un truc énorme non ?
Manceau : Ah bon, pourquoi (fou rire général) ?
Non dire que le groupe marche fort au Japon c’est peut-être un peu prématuré,
mais on est déjà super content d’avoir une maison de disque là-bas. Le disque
est sorti fin mai au Japon, on a fait une semaine de promo et trois, quatre
concerts. C’est super ! On avait déjà eu un retour du Japon sur le premier
EP. Mais la connexion s’est surtout faîte grâce à Tahiti 80, qui a fait écouter
notre album à leur maison de disque. Tahiti 80 ils ont un succès énorme au
Japon…
Comment s’est passée la production du disque avec Tahiti
80 ?
Manceau : On a toujours été autonome dans notre façon
de travailler. Pour notre premier album, on avait envie d’avoir un regard
extérieur au projet. On avait toutes nos compositions, mais on sentait qu’on
avait besoin d’aide pour la production. On leur a envoyé nos morceaux et ils
ont aimé. On s’est rencontré tout simplement, on est allé boire un verre avec
eux à Paris. On s’est fait une bouffe. On n’a pas arrêté de parler de musique.
Nous on adorait déjà leurs disques. Tout s’est fait de manière assez naturelle.
On se sentait assez proche, sur la manière dont on pense la musique en général,
les mélodies, la pop… On avait écouté les mêmes choses aussi. Tout ça nous fait
un background commun avec Pedro et Xavier. Ils se sont vachement investis dans
la production et l’écriture. On est très content de notre collaboration.
La scène Rennaise est mythique Daho, Marquis de Sade…
Manceau : Oui mais ça c’était avant dans les années 80.
Il se passe beaucoup plus de choses maintenant. On a plus de groupes qu’à
l’époque. Ca foisonne de bons groupes. On a la chance d’en côtoyer certains. On
partage nos locaux de répétition avec les Wankin’Noodles, les Popopopops et les
Juveniles. Il y a de l’émulation. C’est une question d’actualité aussi, tous
ces groupes ont des sorties en ce moment. On a tous commencé en même temps
avant de suivre des parcours différents. On s’est développé ensemble.
C’est stimulant de faire partie d’une scène ?
Manceau : Ca tire vers le haut. On est un petit
collectif, on travaille dans les mêmes locaux avec d’autres groupes rennais.
C’est super stimulant de voir tes potes tourner un peu partout. On s’échange du
matériel, des plugs pour mixer. C’est vachement collaboratif. C’est super. Et
puis nous on a monté notre propre label. On en a beaucoup discuté avec les
autres groupes…
Justement parlons un peu de votre label Monophonics.
Pourquoi avoir lancé votre propre label ?
Manceau : C’est beaucoup de taf, de paperasse, du
temps… Nous l’idée c’était de rester maître de ce qu’on produit. Et ça passe
par une vraie structure. Quelque chose de crédible. Et puis pour fonctionner en
licence, c'est-à-dire vendre ton disque, il faut passer par une société. Finalement,
c’était obligatoire vu notre démarche. Après, ça va plus loin. On n’a pas crée
une société pour un album mais pour plusieurs albums et aussi pour mettre un
pied dans la production. C’est quelque chose qui nous attire tous les quatre.
Pourquoi ne pas aller chercher d’autres groupes, d’autres projets via ce
label ?
Vous arrivez à séparer le côté créatif du reste ?
Est-ce qu’il y a un risque d’empiètement ?
Manceau : Oui forcément. Dans un label il y a aussi un
aspect stratégique. On est en pleine sortie. Il y a l’aspect juridique, la
compta. On essaye de se répartir les rôles. Il y a des tâches ingrates. C’est
difficile de compartimenter les choses. Ce n’est pas simple mais c’est
intéressant. Et puis l’industrie du disque, c’est tellement la jungle… Plus
personne n’arrive à vendre de disques. Autant sortir le notre nous-mêmes. Ce
n’est pas un nouveau schéma, c’est un retour à la source. Ca nous permet de
vendre notre disque à la fin de nos concerts par exemple. C’est une toute
petite économie de toute façon. Ca nous paraissait plus simple de faire les
choses nous-mêmes. De tout maîtriser. Avec plein d’erreurs ceci dit, on n’a pas
les compétences d’une vrai maison de disques non plus. On sort un premier
disque et on le paye nous-mêmes. Mais ça a la beauté d’un premier disque.
Peut-être que le prochain va parler de comptabilité, des impôts, on va écrire
un tube sur la TVA (rires) !
Vous n’avez jamais cherché de label à l’extérieur
finalement ?
Manceau : On a eu des contacts. On n’a pas cherché. On
a été approchés mais finalement on s’y intéressait peu, on était à fond dans
notre projet. Ca ne s’est pas concrétisé. L’aventure est chouette en tout cas.
Devenir entrepreneurs on n’y aurait jamais pensé. Dans le milieu de la musique
encore moins. Alors en plus de sortir un disque… C’est hyper excitant.
L’anglais ?
Manceau : Ca fait longtemps qu’on fait de la musique,
on a toujours eu des projets anglophones. Tous les groupes de pop qui se
respectent chantent en anglais. J’ai commencé à écouter du rock avec Nirvana.
J’ai toujours écouté de la musique anglo-saxonne. Ce n’est même pas un choix
dans le fond. Ca c’est fait naturellement. On n’est pas du tout fermé avec le
français. Quelques groupes s’y mettent et c’est super pertinent. Le français
est tout à fait adapté à la pop. On en a un peu discuté avant d’enregistrer
l’album mais on est revenu très rapidement à l’anglais. Les morceaux étaient
construits comme ça.
Quels sont les projets du groupe à court terme ?
Manceau : Un nouveau clip et une tournée à la rentrée.
On va certainement profiter de l’été pour composer de nouveaux morceaux. Pour
préparer la suite…
Propos recueillis le 23 avril 2012.
www.manceau-music.com
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