Noel Gallagher (c) Nicolas Joubard |
Granville (c) Sylvere Hieulle |
Samedi 25 Août 2012 : La journée commence avec le
concert d’Of Monsters and Men, mené par une charmante chanteuse, groupe
typiquement islandais (comprendre atmosphérique et mélodique) mais aux
sonorités légèrement plus dures que la production habituelle issue de l’île de
l’Atlantique nord. Le temps de traverser le site et on tombe dans une faille
temporelle ouverte par les normands de Granville. Pop swing typiquement
sixties, textes au charme désuet chantés en français, le tout rappelle les
yéyés des années soixante. Délicieusement suranné. Un vent de fraîcheur souffle
sur le festival. Quelques mètres seulement nous sépare de la scène de la
cascade où se produit Alberta Cross. Une autre faille temporelle s’ouvre sous
nos pieds et on se réveille une décennie plus tard en plein délire hard rock
1970s (cela rappelle un peu les Rival Sons pour citer un autre groupe récent). Gros
son, cela envoie, et tout cela nous semble bien éloignée de l’influence
(pourtant revendiquée) de Depeche Mode. Mais qu’importe après tout. Déglingué
et rock n’roll, Alberta Cross, c’est la grande classe… On retrouve un peu plus
tard le duo The Bots (guitare + batterie) sur la scène, un peu plus intimiste,
de Pression Live. Là encore c’est une histoire de gros son mélangeant une
guitare punk et une batterie plus métal. L’adjonction temporaire d’un clavier
apporte un soupçon pop mélodique à l’ensemble, pas franchement désagréable à
l’oreille. C’est frais et enjoué, rappelons que la fratrie composant le groupe
est âgée de 15 et 18 ans seulement ce qui fait d’eux les benjamins de cette
édition 2012. Ils jouent avec l’enthousiasme de leur jeunesse. Garçons
adorables et bien élevés, ils chantent même happy birthday pour leur manager.
On retient son souffle quand le chanteur se met en tête d’escalader
l’échafaudage situé sur le côté de la scène… Toujours aussi efficace les Deus…
Les années ne semblent pas avoir de prise sur le groupe belge mené par Tom
Barman toujours aussi inspiré dans un registre noise rock typiquement 90s (mais
absolument pas daté) qu’ils s’amusent à pousser dans ses derniers
retranchements. Une journée assez dense donc avant l’exceptionnel enchaînement
du soir sur la grande scène, propre à satisfaire tous les amateurs de véritable
rock n’roll : Noel Gallagher suivi des Black Keys. On commence avec le
mancunien qui délivre un excellent set basé principalement sur les titres de
son album solo dans des versions plus directes et efficaces sur scène par
rapport au disque. La foule chavire vers la fin avec l’enchaînement
« Whatever » (avec un arrangement sensiblement différent par rapport
à l’original) / « Don’t look back in anger ». Ah nostalgie quand tu
nous tiens, on verse une petite larme… Le temps de se remettre de nos émotions
et hop les Black Keys sont là. Le duo d’Akron (Ohio) est désormais (sur scène
uniquement) un groupe à géométrie variable parfois quatuor (avec une basse et
un clavier) et plus rarement un duo guitare/batterie. A quatre, les Black Keys
sont plus soul, plus nuancés. A deux, ils sont plus puissants et font plus de
bruit. Quoiqu’il en soit, plus le temps passe, plus les Black Keys s’inscrivent
dans une tradition musicale typiquement étasunienne qui va du blues au garage
rock avec une touche soulful. Si musicalement le rendu est impeccable, la
densité de la foule présente sur le site de la grande scène à ce moment précis
empêche un peu de profiter totalement du groupe (bien que raisonnablement près
de la scène on ne voit pas grand-chose). C’est triste mais on se surprend à
remercier l’inventeur de l’écran géant… On repense avec nostalgie aux concerts
de la Cigale et du Bataclan, mais c’était un autre temps avant la gloire, la
célébrité et le succès massif (entièrement mérité cependant)…
Dimanche 26 août. Une journée un peu moins dense que la
veille qui avait pourtant commencée sur des bases élevées grâce aux français de
Versus qui mélange avec habileté groove à l’ancienne (basse, guitare, batterie,
clavier, percussions) et approche plus moderne (scratches, flow hip hop). Une
flûte apporte en plus une note blaxploitation. Cela secoue ! Ajoutez à
cela un chanteur/rappeur élastique comme pas deux qui à quinze jours près à
raté une médaille d’or olympique catégorie gymnastique rythmique et sportive…
Tout cela pour dire qu’ils ont le sens du show. Versus, pourvoyeur officiel de
groove de cette édition 2012 ! On reste un peu plus circonspect par contre
devant le show de Kimbra. Originaire de Nouvelle Zélande, cette dernière est
une star internationale depuis le succès incroyable de son duo avec Gotye
« Somebody that i used to know ». La jeune femme fait cependant carrière de
son côté et a sorti son premier album cette année. Assez fraîche sur scène, sa
pop rock est assez efficace à défaut d’être franchement originale. Le tout
semble encore assez vert. On est cependant soufflé par les capacités vocales de
la jeune (seulement 22 ans). Une artiste à surveiller du coin de l’œil tout de
même. Il y a un groupe qui nous a fait plaisir en ce dimanche et c’est Stuck in
the sound mené par le charismatique JRF qui jubile littéralement de se
retrouver sur la grande scène sept ans après avoir débuté aux « Avant
Seine », signe de l’évolution des franciliens depuis leurs débuts. Il y a
un mec capable de faire bouger en cadence et faire lever les bras aux milliers
de personnes devant la grande scène et ce mec c’est JRF… Musicalement le groupe
évolue dans une sphère shoegaze/noise qui n’est pas sans rappeler les Deus la
veille avec lesquelles ils soutiennent largement la comparaison. Coincé dans le
son, le groupe joue avec une intensité jamais prise en défaut poussant le
curseur noisy assez loin. Excellent. On reprend son souffle et voilà que
débarque The Dandy Warhols la troupe de Portland mené par Courtney Taylor qui déboule sur scène
avec sa besace sous le bras qu’il ne quitte visiblement jamais. Loin d’être
toujours convaincant sur scène le quatuor se sort pourtant très bien de
l’exercice jouant avec maîtrise les succès d’hier (« We used to be
friends ») voire même du siècle dernier (« I love you » ; « Not
if you were the last junkie on earth » ; « Bohemian like
you »). La setlist est assez nostalgique, on est bon pour la petite larme
du jour. Si on fait la fine bouche on pourrait leur reprocher quelques baisses
de tension chroniques, inhérentes à la nature psychédélique de leur musique,
qu’ils ont peu de mal à faire passer sur scène. Mais ils sont superbes quand
ils versent dans le rock n’roll pur et dur mettant en avant les guitares et les
influences 60s et 70s de leur répertoire. Allez, c’était super chouette quand
même… On termine enfin avec les Beach
House groupe pop sous influence 80s un peu trop riche en synthés et avare en
guitares pour les oreilles de votre serviteur. Belle voix de la chanteuse
cependant et des compositions pop dignes d’intérêt surtout lorsque les nappes
synthétiques se calment un peu. C’est dans ces moments que Beach House touche à
une sorte d’éternel pop que l’on espère les voir atteindre plus souvent à
l’avenir…
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