Fils d'un pasteur
Texan (enfin d'après la légende), ancien membre des Black Diamond
Heavies, le pianiste James Leg effectue un retour tonitruant avec ce
troisième album solo monumental. James Leg, c'est un peu le punk
perdu en pleine americana. Un type qui mettrait son énergie, son
agressivité même, pour se réapproprier les traditions musicales
ancestrales du blues au gospel avec une impressionnante intensité.
L'originalité de la chose, vient de l'instrumentation. Claviériste
de formation, Leg met son instrument en avant, un clavier vintage,
Fender Rhodes le plus souvent, dont il tire des sonorités
inattendues. Tout aussi inattendu est le recours épisodique à la
guitare, un instrument pourtant indissociable des idiomes précités
et qui n'est utilisé ici que ponctuellement, une rareté sur la
scène punk. L'accompagnement musical est unique en son genre, groovy
mais puissant (cf. la batterie), toujours sur la marge, se jouant
avec maestria de la déglingue baroque (les violons de « St
Michel Shuffle »). L'écrin est parfait pour la voix grave
mâtinée au whisky et à la nicotine de Leg ; cet univers crade
lui va comme un gant. Même les morceaux les plus calmes à priori
(« I'll take it ») sont consumés par ce feu intérieur.
Ecouter cet album c'est comme sillonner les routes du Texas à bord
d'une voiture ivre. Un genre de trip halluciné dont on ne revient
pas tout à fait indemne.
En concert à Paris (Petit Bain) le 23 janvier 2017.
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