mercredi 14 décembre 2016

James Leg : « Blood on the keys »




Fils d'un pasteur Texan (enfin d'après la légende), ancien membre des Black Diamond Heavies, le pianiste James Leg effectue un retour tonitruant avec ce troisième album solo monumental. James Leg, c'est un peu le punk perdu en pleine americana. Un type qui mettrait son énergie, son agressivité même, pour se réapproprier les traditions musicales ancestrales du blues au gospel avec une impressionnante intensité. L'originalité de la chose, vient de l'instrumentation. Claviériste de formation, Leg met son instrument en avant, un clavier vintage, Fender Rhodes le plus souvent, dont il tire des sonorités inattendues. Tout aussi inattendu est le recours épisodique à la guitare, un instrument pourtant indissociable des idiomes précités et qui n'est utilisé ici que ponctuellement, une rareté sur la scène punk. L'accompagnement musical est unique en son genre, groovy mais puissant (cf. la batterie), toujours sur la marge, se jouant avec maestria de la déglingue baroque (les violons de « St Michel Shuffle »). L'écrin est parfait pour la voix grave mâtinée au whisky et à la nicotine de Leg ; cet univers crade lui va comme un gant. Même les morceaux les plus calmes à priori (« I'll take it ») sont consumés par ce feu intérieur. Ecouter cet album c'est comme sillonner les routes du Texas à bord d'une voiture ivre. Un genre de trip halluciné dont on ne revient pas tout à fait indemne.  
En concert à Paris (Petit Bain) le 23 janvier 2017.

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