(c) Merri L. Sutton |
(c) Merri L. Sutton |
En ce samedi soir nous prenons la direction de la machine du moulin rouge, située juste à côté du cabaret du même nom, un (des rares) haut lieu du rock parisien depuis l'époque où l'endroit se nommait la locomotive. Pour commencer, direction la petite salle de la chaufferie où nous attend Chrome Reverse et sa puissante (et jolie) chanteuse. Le quatuor revisite un passé glorieux entre twist, rockabilly et surf music, avec une remarquable efficacité et un swing du tonnerre, rendant au passage un hommage touchant et appuyé à Johnny Kidd and The Pirates. Costume, cravate, pochette et mains couvertes de tatouages, le bassiste est ultra classe et on ne parle même pas de son antique instrument, garanti d'époque, sur lequel il délivre des lignes puissantes, habiles, toujours sur le fil et pleines d'à propos. Le personnage nous semble familier, ça ne serait pas le disquaire de chez Born Bad par hasard ? Le guitariste, coiffé comme Brian Jones, fait aussi son petit effet, totalement possédé par le démon du rock ! Bien drivé par un batteur plein de swing, le groupe assure le show, avec un soupçon de folie bienvenue. Belle découverte pour démarrer la soirée.
Une volée d'escalier plus loin et nous
voilà dans la grande salle (le central) pour la grosse affaire de la
soirée le retour des Sonics dans la foulée d'un excellent album.
Toujours ensemble, le chanteur/clavier Gerry Roslie, le guitariste
Larry Parypa et le saxophoniste/harmoniciste Rob Lind sont rejoints
par une toute nouvelle section rythmique composée de Dusty Watson
(batterie) et le bassiste Freddie Dennis, qui est également un
excellent chanteur au growl puissant. Comme si le temps n'avait pas
de prise sur eux, les cinq musiciens, qui ont tous l'air de papys en
goguette une fois sortis de scène, nous gratifient d'une performance
sonique (ah ah!) comme au plus beau jour. On regrette toutefois que
le mixage noie un peu le piano et le saxophone (ou l'harmonica), bref
tous les éléments qui font la musicalité des Sonics. Le tout est
emporté dans un déluge de guitare. Le quintet est mené le pied au
plancher par un batteur en constant survoltage. Son entente avec la
basse est admirable, le son est énorme, la section rythmique fait
groover l'ensemble. L'écran géant, dans le fond de la scène,
diffuse en boucle des images en noir et blanc de vieux films de
bagnoles et de bécanes des années 50/60, ce qui semble tout indiqué
pour un concert mené à fond la caisse. Le répertoire mélange
harmonieusement vieux classiques et nouveaux titres (« Be a
woman », « Bad Betty », « Sugaree »)
dans un ensemble cohérent, comme quoi le groupe est devenu
intomporel. Quel plaisir d'entendre pour la première fois en live
les « Have love will travel », « Psycho » et
autres « Louie, Louie ». On ne vit que pour ces moments
là, ces quelques minutes d'abandon arrachées à un morne quotidien.
1 commentaire:
Oui oui, le bassiste est le taulier du Born Bad. Oui oui il était sacrément classe, un vrai chauffeur de corbillard!!
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