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(c) Victor Picon |
Parmi les nouveautés
de cette édition 2014, la plus marquante fut certainement
l'installation d'un village du disque regroupant plusieurs disquaires
réputés (Born Bad, Fargo, Ground Zero entre autres) de la place de
Paris dans l'enceinte même du site. L'occasion de faire quelques
emplettes entre deux concerts, attention l'endroit est un véritable
lieu de perdition pour les cartes bleues... On en profite également
pour faire un petit tour de l'exposition regroupant les affiches
créées tout spécialement pour illustrer l'ensemble des concerts du
festival...
Vendredi 22 Aout
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Cage the Elephant (c) Victor Picon |
Niveau musique on
attaque très fort d'entrée avec CAGE THE ELEPHANT, de retour trois
ans après une première apparition très remarquée sur la scène de
la cascade. Suite à la défection de dernière minute de Volbeat,
les Américains ont cette fois les honneurs de la grande scène.
Festival oblige, leur prestation d'une petite heure ne permet de voir
la totalité du spectre musical couvert par CAGE THE ELEPHANT
désormais plus porté sur la pop et la mélodie. Le set est orienté
sur le dernier album en date, « Melophobia » mais le punk
fait cependant toujours parti de leur préoccupations comme le prouve
un « Aberdeen » du feu de Dieu. Matt Shultz le chanteur
tout de blanc vêtu est en grande forme. Triple saut, 100 mètres
départ arrêté, saut en hauteur, vraiment, quelle perte pour
l'athlétisme que cet homme là ! C'est également la sécurité
de l'emploi assurée pour tous les services de sécurité de la
planète qui sont en général bien occupés dès que notre homme
Matt pose le pied sur scène... Ce fût un excellent moment passé en
leur compagnie.
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Kitty Daisy and Lewis (c) Nicolas Joubard |
Direction en suite la
scène de la cascade où, divine surprise, nous attends Kitty Daisy & Lewis débarqués en toute dernière minute en remplacement des
danois de Volbeat. En pleine préparation de leur troisième album la
famille rockabilly nous a plongé dans une ambiance surannée 1950s
plutôt étonnante en ces lieux. Piano, harmonica, contrebasse,
guitare ça fait du bien ! Multi instrumentistes surdoués
chaque membres de fratrie passe du piano à la batterie en passant
par la guitare. Papa assure la guitare rythmique et Maman est à la
contrebasse. La transformation physique des musiciens, que l'on a
connus adolescents à leurs débuts rappelons-le, est étonnante.
Combinaison moulante dorée ou cuir des pieds à la tête, Mon Dieu
Kitty et Daisy sont devenues des vraies femmes...
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Gary Clark Jnr (c) Victor Picon |
On continue dans une
veine très roots avec le bluesman Gary Clark Junior sur la grande
scène toujours aussi hypnotique avec ses riffs de guitare qui
s'étirent à l'envie. Ah si seulement il pouvait montrer la même
classe sur disque au lieu de se disperser entre blues et R n'B...
Toujours sur la grande scène le petit prodige anglais du songwriting
Jake Bugg prends ensuite possession des lieux. Evoluant désormais en
quatuor, Bugg livre un set mi-électrique/mi-acoustique très marqué
par la country mais également les années 1960. A noter une très
belle et étonnante reprise du « Voodoo Chile (Slight
Return) » de l'immense Hendrix. Si on ne retrouve rien à
redire sur la qualité musicale de la chose, entre country, pop et
Mersey Beat, la prestation de Bugg manque tout de même de passion,
un petit grain de folie serait plutôt bienvenu. Mine renfrognée,
assez peu expressive, manque flagrant de charisme, déjà blasé à
20 ans, Jake ?
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Jake Bugg (c) Victor Picon |
Coincée entre les
stands de sandwiches, la minuscule scène Ile-de-France, dont
l'ambiance rappelle celle d'une petite salle de concert, offre une
fenêtre d'exposition aux groupes locaux. C'est également l'occasion
de faire de belles découvertes. Comme les Velvet Veins par exemple,
notre coup de cœur du week-end. Lookés à l'extrême, genre Dandys,
le quatuor fait montre d'une classe très sixties et
d'une formidable compréhension du blues au fil de soli de guitares
assez inspirés. Lorsque le volume monte d'un cran, c'est toute la
scène rock des années 1960 qui défile devant nos yeux. Rythmique
solide, guitares sur le fil, le groupe est bluffant. Chaude ambiance,
applaudissements nourris, comment se fait-il qu'une formation de
cette qualité ne partage pas la scène avec les « grands » ?
Mystère...
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Mac Demarco (c) Nicolas Joubard |
On termine enfin par un
petit tour sur la scène de l'industrie ou se trouve la coqueluche
canadienne Mac Demarco et son impayable sens de l'humour (The Hives
jouent en même temps, vous êtes sur que vous ne vous êtes pas
trompés de concert ? Ah ah!). Petit génie du songwriting (son
dernier disque « Salad Days » est un régal), entre pop
et garage, Mac Demarco évoque un je ne sais quoi de Californien.
Etonnant pour un type débarqué des plaines glacées du Canada et
désormais installé à New-York. Mélodique et ensoleillée, on
pense à un Chris Isaak en version slacker 1990s, les influences 50s
en moins. Plutôt déconneur, du genre à nous faire une reprise au
débotté de « Yellow » (Coldplay) chantée par le
bassiste, Mac Demarco nous a offert la prestation la plus
décontractée du week-end dans un registre bricolo fort sympathique.
Samedi 23 Août.
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Dorian Pimpernel (c) Sylvere Hieulle |
La deuxième journée
des agapes commence par un petit tour par la scène de l'industrie où
se trouve le quintet parisien Dorian Pimpernel. Très porté sur les
années 1960, mais pas uniquement, Dorian Pimpernel montre une
appétence particulière pour les claviers et les instruments vintage
(amplis vox, rickenbaker demi-caisse, mellotron, ce genre de choses).
La « Moonshine pop », ouvragée à l'extrême, de Dorian
Pimpernel est un savant mélange où se télescope une basse très
ronde, très sixties (« Paralipomenon ») et les synthés
krautrock (« Existential Suit ») de la décennie suivante
au service d'un songwriting soigné. Le résultat, forcément
précieux, est à classer entre « Sgt Pepper », « Pet
Sounds » et le « Triggers » d'April March.
Excellent.
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Junip (c) Sylvere Hieulle |
Puisque chaque journée
semble se dérouler suivant une thématique particulière, on
continue dans cette veine planante en compagnie des belges de Junip.
La troupe menée par le baladin folk José Gonzalez mélange claviers
et guitare acoustique à cheval entre les grands classiques et une
approche indie pop plus contemporaine. Pas mal.
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Thee Oh Sees (c) Sylvere Hieulle |
La tension monte d'un
cran ensuite avec l'apparition des Californiens de Thee oh sees
toujours sur la scène de la cascade. Formation difficile à suivre,
le groupe de San Francisco à multiplié les annonces
contradictoires, un temps annoncés comme splittés le groupe a
finalement sorti un nouvel album... Bref, passons, la troupe de John
Dwyer est désormais un trio se partageant entre punk, garage et rock
psyché. On passe d'une attaque frontale de guitare, belle SG en
plexiglas soit dit en passant, à une longue dérive psyché noisy
entre guitare saturée ou mini clavier. A noter la belle efficacité
des marathoniens de la section rythmique. Une prestation solide en
dépit d'un son un peu mal foutu.
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The Goastt (c) Nicolas Joubard |
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The Goastt (c) Nicolas Joubard |
Toujours dans cette
veine psyché, on retrouve The Ghost of a Saber Tooth Tiger (aka The
Goastt) le groupe mené par le couple Sean Lennon (voix/guitare) et
la très jolie Charlotte Kemp Muhl (basse/voix). Très sincèrement,
et cela fait des années qu'on le répète, on ne donne pas assez de
crédit à Sean Lennon. Ce type, compte-tenu de son hérédité et de
la fortune personnelle qui en découle, pourrait se contenter de
traverser l'existence en faisant les délices de la presse à
scandale, victime d'une sorte de syndrome Paris Hilton. Il n'en est
rien. Bien au contraire, Sean Lennon est un artiste appliqué, menant
de front carrière solo et en groupe ainsi que la destinée de son
label Chimera. Et ce n'est pas la très solide prestation du jour qui
va nous faire changer d'avis. The Goastt se présente en cette
après-midi en sextet et revisite les thèmes classiques du rock
psychédélique des années 1960 entre giclées de guitares acides
(le fils de John est un soliste inspiré), nappes de claviers
planantes et percussions rigolotes à base d'instruments de cuisine.
Sean fait en plus l'effort de s'exprimer dans notre langue.
Franchement pas mal. On reste sur la grande scène le temps de
vérifier que le temps n'a pas de prise sur le spleen lancinant de
Portishead, vingt ans après la sortie de « Dummy » (des
obligations nous ont empêchés d'assister au concert entier). On
termine enfin la soirée par un petit détour par la scène pression
live profiter du groove exotique (et très marqué par l'Afrique) de
François & The Atlas Mountains. Etonnante prestation entre pop
française et world music chantée tantôt en français tantôt en
anglais. Plutôt énergique sur scène, François communie avec le
public avec un enthousiasme communicatif. La petite danse finale du
groupe est assez sympathique.
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François & The Atlas Mountains (c) Nicolas Joubard |
Dimanche 24 Août.
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Cloud Nothnigs (c) Victor Picon |
Petite déception pour
commencer avec le trio punk/grunge US Cloud Nothings, formation pas
foncièrement mauvaise mais sans ampleur véritable. Chanter faux
cela n'amuse qu'un temps... Cela ne s'arrange guère avec les
Australiens de Airbourne, le meilleur succédané d'AC/DC lorsque le
version originale n'est pas disponible. Gros hard rock à la
crétinerie assumée et revendiquée, Airbourne lâche les watts
grâce à un impressionnant mur composé de 24 (on a compté) amplis
Marshall. La clé de voûte du show d'Airbourne semble être le jet
de bière en direction du public après un savant fracassage de
ladite canette sur le sommet du crâne. Tout un art maîtrisé à la
perfection par les gros bras des antipodes. Le plaisir régressif du
week-end, on est même resté jusqu'au bout ! Changement
d'ambiance avec Jeanne Added sur la petite scène Ile-de-France
accompagnée de son excellente batteuse. Alternant entre basse et
clavier, qu'elle soit en version rock ou électro Jeanne laisse
transparaître des influences punk, ce qui n'est pas fait pour nous
déplaire. Chant passionné, lyrisme exacerbé, Jeanne est très
certainement une incorrigible romantique. Un projet à suivre... On
aurait aimé ensuite vous toucher deux mot de la punkette Brody Dalle
mais impossible de s'approcher de la scène de l'industrie, tellement
la foule est impressionnante. Un passage sur la grande scène aurait
été plus approprié. On a cependant pu profiter du lâché de
décibels...
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Airbourne (c) Nicolas Joubard |
Maline la programmation
de la scène pression live qui en ce dimanche après-midi propose un
revival de la scène alternative US avec un excellent enchaînement
Thurston Moore /
Stephen Malkmus respectivement anciens membres de
Sonic Youth et de Pavement ! Un véritable voyage dans le temps
qui nous régale ! Toujours accompagné du batteur Steve
Shelley,
Thurston Moore paye son tribut à la scène bruitiste depuis
près de trente ans. Même séparé de Sonic Youth, sa démarche
reste équivalente, faîte d'un solide songwriting pop vitriolé à
grands coups de larsen, distorsions, harmoniques et autres
dissonances. Avec le temps le guitariste a acquis un sens du
psychédélisme au détour de compositions à rallonge (15 minutes
pour le morceau d'ouverture), tiens, tiens cela rappelle le concert
de Thee oh sees la veille (où John Dwyer a-t-il bien pu trouver son
inspiration ?). Star éminente du grunge à l'époque de
Pavement (les années 1990)
Stephen Malkmus, désormais accompagné
de son groupe les Jicks, a lentement évolué vers un songwriting
pop/rock assez marqué par la Californie et un son classique 70s à
la coule faisant la part belle aux guitares. Une prestation solide et
très agréable agrémentée d'un salut amical à Thurston Moore
(pour répondre aux délirantes piques amicales de ce dernier un peu
plus tôt dans l'après-midi). Quoi qu'il en soit, un excellent
enchaînement, on a rajeuni de vingt ans d'un coup ! Pour un peu
on se croirait de retour à la fac... Mais quel dommage d'avoir raté
les très prometteurs
Forever Pavot programmés en même temps...
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Thurston Moore (c) Sylvere Hieulle
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Stephen Malkmus (c) Sylvere Hieulle |
Dans l'idéal,
Tinariwen (sur la scène de l'industrie) et ses faux airs de Rolling
Stone Touareg, serait le point de rencontre entre le rock occidental
et l'Afrique. Dans l'idéal. Car dans les faits, il ne reste plus
grand chose du Ténéré (hormis les costumes traditionnels, les
percussions et le chant en langue vernaculaire) chez le groupe
Malien, par ailleurs totalement occidental dans son mode de
fonctionnement (niveau merchandising notamment). Un groupe dans le
fond assez calibré même si son « desert blues », plutôt
bien fait, ne manque pas de charme et réserve quelques bonnes et
assez envoûtantes surprises...
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Tinariwen (c) Victor Picon |
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QOTSA (c) Sylvere Hieulle |
On termine enfin avec
la tête d'affiche de cette édition, les Californiens de The Queens
Of The Stone Age, groupe qui fait le désespoir de ses fans qui n'ont
de cesse de réclamer à Josh Homme « Du lourd, du vulgaris » !
Las, ce dernier se complaît dans une sorte de pop ramollie (quelle
idée, franchement), la monotonie guette... Une prestation en
demi-teinte donc, malgré quelques éclairs de génies (« The
lost art of keeping a secret », hhhuuummm!). On regrette le
stoner suintant le désert et les guitares génialement heavy-metal
blues...
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