Dave Crowe (à gauche) et Andy Balcon (à droite) : Heymoonshaker |
Quelle divine surprise en ce mercredi soir, en découvrant la
longue file des spectateurs faisant la queue sur le trottoir longeant le divan
du monde !!! Les Heymoonshaker ont réussi à remplir la salle, plus une
place disponible, et tant pis si on est tassé comme des sardines, c’est avant
tout un formidable message d’espoir ! Mais avant de s’étendre plus avant
sur ce formidable duo, un petit mot sur les deux premières
parties…
On commence avec une vieille connaissance, le duo blues TheHub, qui se trouve être un projet en pleine mutation. Adepte de la formule en
duo, Hubert#06 est maintenant accompagné par un batteur (là où avant Yarol
tenait la basse et un semblant de batterie). La musique s’en retrouve
transformée en prends du coup un aspect plus tribal. La rythmique s’en retrouve
solidifiée et pleine de groove. Toujours aussi efficace à la guitare, Hubert
égrène ses rythmiques en ternaire avec brio. Petite (et excellente) surprise en
découvrant que notre homme du sud chante maintenant principalement en français,
ce qui à l’énorme avantage de lui donner une originalité. D’autant que l’homme
est totalement crédible dans ce rôle de bluesman francophone. The Hub est en
pleine préparation de son nouvel album, on attend la suite impatiemment…
Place ensuite à la grande découverte de la soirée, le John
Fairhurst band. C’est à l’occasion d’une interview avec les Heymoonshaker que
l’on a entendu parler de John Fairhurst pour la première fois : quoi, tu
ne le connais pas ? Tu devrais ! Et après l’avoir découvert en live
pour la première fois, je comprends mieux pourquoi. En effet, John Fairhurst,
guitariste de son état, fait montre d’un talent naturel peu commun. Guitariste
virtuose, l’homme est de plus doté d’une voix de gorge marquante, grave limite
graveleuse, parfaite pour le blues, évoquant des émotions directement de ses
cordes vocales. Son acolyte harmoniciste, complète la formation et souligne la
guitare de manière judicieuse. La musique du John Fairhurst band est un
véritable voyage en soi, si les matières premières restent le blues et le folk,
des inspirations psychédéliques et world (le dernier titre plutôt oriental) se
chargent de transporter l’auditeur vers un ailleurs radieux. Tout juste si on
pourrait lui reprocher un petit manque de concision, ce qui est malheureusement
souvent le cas avec les solistes trop doués… C’est quoi qu’il en soit une belle
découverte.
Et on termine enfin avec la grosse affaire de la soirée, le
duo beatbox blues anglais, Heymoonshaker et plutôt qu’un long discours stérile,
on va résumer la chose le plus simplement du monde : c’est LA
CLAQUE ! Le duo est parfaitement complémentaire, à droite de la scène Andy
Balcon, guitariste et chanteur à la voix gutturale, il incarne la facette la plus
classique du duo. Le grain de folie, c’est le (génial) beatboxer Dave Crowe. Le
beatbox est une technique plutôt assimilée au hip-hop, l’entendre mélangé à une
guitare blues est déjà assez surprenant en soi. Mais quand on a affaire à un
beatboxer d’exception, comme Dave Crowe, le concert devient une expérience
unique. Dave Crowe ne se contente pas seulement d’assurer à lui seul le travail
d’une section rythmique, non, il interprète littéralement le rythme,
l’accompagnant de grands gestes, de mouvements amples des bras. Se
contorsionnant dans tous les sens possibles et imaginables, Dave semble sans
cesse être au bord de l’implosion. Les sons qu’il tire de sa bouche sont tout
simplement bluffants et apportent au blues des couleurs inédites évoquant
l’électro ou le dubstep, alors que le groupe n’utilise aucune machine et
replace (et c’est d’ailleurs tout à son honneur) l’humain au centre des débats.
On frôle l’expérience sensorielle lorsque Dave demande au public de l’écouter
les yeux fermés lors de son hallucinant solo. Le dernier tiers du concert au
moment où le duo est rejoint par trois invités (John Fairhurst, son
harmoniciste et un clarinettiste) est exceptionnel. Le rendu musical, entre
blues et free jazz, est digne d’un jam band psyché des années 1960. Chaque
musicien trouve sa place avec une fluidité étonnante. Fairhurst en particulier
est excellent dans ce contexte. C’est tellement bon, que le quintet ainsi
constitué mériterait d’enregistrer un album. Il ne fait aucun doute que ces
musiciens font partie de cette troupe rare des bêtes de scène qui se donnent à
fond. Ils ont fait péter le plafond, le public est en délire, les mains en
l’air. C’est beau. Dave Crowe et Andy Balcon sont deux hommes droits et
honnêtes, des artistes plaçant les relations humaines au dessus de tout. Le
succès ne pouvait pas mieux tomber que sur ces deux là. Ils le méritent
amplement.
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