Le gratin de l’Americana (ou presque) s’est donné
rendez-vous en ce lundi soir dans le cadre majestueux du Trianon pour la soirée
de clôture de la première édition du Fargo Rock City Festival organisé à
l’initiative du label et de la boutique de disques du même nom.
On commence avec les Two Gallants, le duo de San Francisco,
apparu il y a une dizaine d’années maintenant s’est crée une niche bien
particulière. Si la base semble être le folk (bien électrifié tout de même)
guitare et harmonica sur rack, le batteur, telle une déferlante sonore, donne
une ampleur grunge à l’ensemble. Le duo navigue en eaux troubles entre
apaisement (très jolie compo acoustique en toute fin de set) et furie sonore.
Très plaisant.
Sallie Ford and The Sound Outside |
On poursuit avec celle qui est devenue l’une des chouchous
de cette page depuis son apparition sur la scène mondiale fin 2011, SallieFord. Creusant le sillon tracé par son deuxième album, « untamed
beast », le projet musical de Sallie Ford est en pleine mutation. Très
marquée par le rockabilly et le gospel sur son premier disque, « Dirty
Radio », Sallie Ford délaisse un peu ses influences premières au profit
d’une approche à la fois plus contemporaine et plus garage. Un peu plus sale en
quelque sorte. Comme un signe du temps qui passe, point de reprise de Buddy
Holly cette fois, mais un « Heart of Glass » (Blondie) assez étonnant
(mais réussi) en ces lieux et place. Autre détail marquant, Tyler Tornfelt a
délaissé sa, pourtant magnifique, contrebasse au profit d’un basse électrique
pendant tout le set. A part cela on retrouve le groupe tel qu’on l’aime, le
batteur Ford Tennis est toujours impeccable de swing voire même carrément
impressionnant de rectitude et le guitariste Jeffrey Munger semble être la
nonchalance incarnée. Quant à Sallie, si elle se professionnalise de plus en
plus, elle a gardé intact cette fraîcheur qui la distingue encore (mais pour
combien de temps ?) des grosses machines ultra calibrées made in USA. Et
j’ai oublié de le préciser, mais son timbre de voix de gorge fait toujours son
petit effet. Je reste un peu nostalgique des intermèdes country chantés par
Jeffrey mais bon, c’est comme ça…
Steve Earle |
On garde le meilleur pour la fin avec un monument de la
musique étasunienne, rien de moins que Monsieur Steve Earle. Apparu au mitan
des années 1980 (premier album « Guitar Town » en 1986) comme un pur
chanteur de country, Steve Earle a ensuite évolué (grosso modo depuis son album
« Copperhead Road » de 1989) vers un style plus électrique, plus rock
voire même carrément heavy. Depuis Earle suit un chemin personnel : est-ce
de la country ? Oui mais pas complètement. Du rock alors ? Oui
également mais pas entièrement. De fait, Earle présente cette incongruité
d’avoir fait sien tous les styles sans jamais se renier, rock n’roll, folk,
country il n’y a guère que le blues qui échappe à son répertoire. La
quintessence du musicien américain. C’est surtout un songwriter fin et inspiré,
doté d’une conscience sociale en sus et n’ayant pas peur d’exprimer son
scepticisme à l’égard de son pays qu’il doit pourtant adorer (enfin j’imagine).
Ce qui lui a valu un certain nombre de déboires. Un peu à l’image de sa musique
Steve Earle a présenté un set en deux temps, une première partie plutôt folk /
rock axée sur la guitare, l’harmonica et une deuxième partie plus country
mettant en valeur la mandoline. C’est aussi avec un plaisir non feint que l’on
retrouve sur scène son guitariste Chris Masterson qui m’avait déjà fait forte
impression lors de son passage à la flèche d’or. Ses interventions sont
toujours justes et inspirées quelque soit le contexte. Ce type est tout
simplement brillant. Chris Masterson, retenez bien ce nom ainsi que celui de son
groupe The Mastersons.
Une programmation judicieuse et cohérente, un cadre
magnifique, celui du Trianon, cette première édition du Fargo Rock City
Festival a été une réussite en tout points. Espérons maintenant que l’événement
se pérennise (ce que n’a pas réussi le hélas défunt cool soul festival).
Vivement la deuxième édition et les suivantes…
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