Arrivé à un certain point, Ben Harper, 42 ans dont 20 de
carrière et des disques écoulés par pelletés, essaye dorénavant à s’intégrer
davantage dans le paysage blues, milieu autour duquel il tourne depuis des
années (ses débuts en fait) sans vraiment en faire partie. Trop rock pour les
puristes. En Charlie Musselwhite, harmoniciste de son état, un vieux de la
vieille, actif depuis les années 1960, Harper a trouvé le partenaire dans le
crime idéal. Méconnu du grand public mais adulé des connaisseurs, garant d’une
certaine tradition, Musselwhite a le fond nécessaire pour hausser le niveau et
pousser Ben Harper hors de sa zone de confort, celle des standards FM. Le
premier titre dévoilé, « I don’t believe a word you say », pouvait
laisser pantois quant aux tenants et aboutissants d’une telle collaboration.
Gros riff de guitare, Musselwhite un peu sous-utilisé, le morceau portait
indéniablement plus le sceau de Ben Harper que celui du malicieux harmoniciste.
Les choses avaient-elles vraiment changées ? Après écoute du disque, on
peut l’affirmer, oui, mille fois oui et c’est pour le meilleur ! Le disque
révèle une complicité, une connivence (corroborée par les photos du livret)
entre les deux protagonistes. C’est le disque de deux potes, pas une
collaboration forcée débouchant sur un gain en crédibilité pour l’un et en célébrité
pour l’autre. L’album est équilibré, bien balancé, les musiciens aussi bien à
l’aise dans un environnement acoustique,
« Don’t look twice » qui ouvre les débats de fort belle
manière, très cool, qu’électrique « Blood side up ». « I ride at
dawn » est lourde et aussi oppressante que le plomb alors que « Get
up !», nettement plus jam, swingue comme pas possible, en partie grâce à
une ligne de basse absolument mortelle. Il n’y a ni règles, ni limites, le duo
tente tout et met dans le mille neuf fois sur dix. Mention spéciale pour
« She got kick », très réussie. Un très bel album et une perle
supplémentaire dans la discographie de Ben Harper, après l’album sorti avec les
Blind Boys of Alabama (« There will be a light ») en 2004.
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