dimanche 18 novembre 2012

Interview avec les Popopopops




Les Popopopops sont un groupe prometteur venu de Rennes et quand ils s’ennuient, ils sortent les guitares acoustiques et jamment. C’est ainsi qu’on les a trouvé, juste avant une interview, chacun sa guitare folk et on chante à l’unisson dans une sorte de réminiscence hippie. Il ne manque plus que le feu de bois. On a connu des interviews qui commençaient plus mal…

Comment a débuté l’aventure des Popopopops ?
P. : On s’est rencontré au lycée à Rennes. On était trois dans la même classe. Après on a rencontré Vincent (guitare, ndlr). Au début c’était un passe-temps, on répétait plutôt que de jouer au foot. On est devenu de plus en plus « professionnels », on a fait les transmusicales assez vite en 2008. Ca a été un gros boost pour nous. On a enchaîné pas mal de concerts, notamment à l’étranger. En 2009 est sorti notre single « Dance tonight ». On a sorti notre premier EP « A quick remedy » cette année.

En découvrant le nom du groupe, Popopopops, sur la pochette, j’ai pensé que vous alliez être un groupe pop assez catchy avec des chansons de deux minutes. Finalement ce n’est pas tellement ça… Comment vous est venu le nom du groupe, qui est très difficile à orthographier, je tiens à le dire (rire général) ?
P. : Ca, on en a fait l’expérience, souvent sur les loges, le nom du groupe est mal écrit, on nous appelle, les popos, le pos et j’en passe (rires). C’est une référence à NTM.

Oui, mais justement, l’influence du rap ne s’entend pas du tout dans votre musique…
P. : C’est vrai. Au tout début on faisait de tout et de rien mais pas de hip hop. On faisait du blues, de la pop, du rock… On trouvait amusante l’antinomie entre le nom du groupe, un hommage au hip hop, et notre style musical. On aime beaucoup NTM cependant.

Certains titres « My mind is old » ou « R n’R » ont un côté très répétitif, obsédant, un peu comme des mantras. Comment définiriez-vous votre son ?
P. : On est quand même avant tout un groupe pop, dans le sens où on essaye de se contraindre à un format couplet/refrain. On essaye de trouver une originalité dans ce format là. Il y a certains artistes dans lesquels on se reconnaît beaucoup, Foals par exemple. Pas tellement au niveau du style mais plutôt dans la direction artistique. On essaye d’imaginer notre son toujours dans le même format, une chanson de quinze minutes, ça nous semble impossible. Les trucs trop expérimentaux, pareil. On cherche toujours de nouvelles choses, mais on garde cette rigueur pop. Quand on a commencé les Popopopops, on n’était pas spécialement potes. On n’a pas commencé en se disant on va faire un revival d’un groupe en particulier dont on était tous fans. Chaque membre avait ses propres influences. L’ep ne sort qu’au bout de quatre ou cinq ans parce qu’on a eu beaucoup de mal à trouver notre son à nous et à donner de la cohérence à toutes nos influences individuelles.

Au début je pensais que vous n’aviez pas un songwriting classique mais plutôt quelque chose qui tiendrait plus de l’architecture sonore, puis en arrivant je vous ai vu jammer avec les guitares acoustiques et je me suis dit : « P**** t’as tout faux » ! (rires)
P. : La base des morceaux vient souvent de Simon (basse) ou Victor (chant, clavier). Après, on retravaille les morceaux tous ensemble pendant les répétitions. On travaille souvent la musique avant les textes qui sont écrit par Simon. Beaucoup de groupes écrivent les textes et les mettent en musique, ça nous est arrivé seulement une fois ou deux. La touche finale se fait à quatre. On teste énormément nos chansons en live avant de les enregistrer, on les enrichit beaucoup comme ça. En aucun cas on ne peut se contenter d’une composition personnelle faite sur un ordinateur. On a besoin d’échanger pour faire vivre la chanson. Le titre « R n’R » par exemple a vraiment pris beaucoup d’ampleur, chaque membre du groupe a apporté son truc. Et là pour le coup, il y a un côté classique couplet/refrain mais on l’a enrichit au niveau de la structure avec l’allongement instrumental à la fin. On s’adapte au niveau des chansons quand on voit qu’il y a des ouvertures qui sont possibles.

Donc du coup, une composition à la fin ne ressemble plus du tout à ce qu’elle était au départ…
P. : C’est vraiment variable. Parfois, après les démos, on se rend compte que la seule chose qui change c’est la couleur des instruments, qui joue quoi, qui fait tel riff… Des fois les titres ne bougent pas beaucoup. D’autres fois, on part d’une démo un peu cheap pour arriver à quelque chose beaucoup plus long avec plein de détails. Ce qui est important avant de pouvoir jouer une chanson à quatre, c’est déjà d’avoir une ambiance. Même si après il y a beaucoup de détails qui changent, l’ambiance reste. On doit ressentir un truc tous ensemble. Parfois avec seulement deux accords on arrive à ressentir le truc. Et parfois ça ne colle pas, on ne trouve pas la bonne atmosphère. C’est magique.

J’ai trouvé la production de l’ep très soignée. Comment c’est passé l’enregistrement ?
P. : On vit en colocation avec notre ingénieur du son, Mitch, c’est vraiment le cinquième membre du groupe. On a fait tout un travail avec lui sur l’ep. On était un peu seuls après avoir beaucoup tourné à l’étranger. On était de retour à Rennes avec vraiment l’ambition de sortir quelque chose, on se demandait comment on allait s’y prendre. On s’y est mis en septembre 2011 sans trop savoir si on allait faire un album ou un EP. On a commencé à l’UBU à Rennes, l’EP s’est construit en six mois, dans beaucoup de lieux différents. Au début on avait quinze chansons, on a réduit à dix, finalement il n’en reste plus que quatre. Celles qui nous semblait les plus révélatrices de ce qu’on voulait présenter au public. Notre musique a quand même beaucoup changé. Pour nous cet EP, c’est comme une palette de ce que va être l’album. On a aussi rencontré à Hossegor le chanteur de Pony Pony Run Run qui a signé l’arrangement de « Color ». Les batteries on été faîtes à Nantes et on a fini le tout à la maison dans notre petit studio. Le mixage a été fait par un anglais, Tom Peters, qui a également mixé les Wankin. C’était bien de bosser avec lui, il a emmené cette couleur un peu anglaise, sans compromis, avec des choix artistiques forts. Il a donné une cohérence à l’ensemble des chansons et des prises qui ont été faites un peu partout.

Justement, en parlant de la couleur anglaise, ça vous fait rêver de jouer à Londres ?
P. : Carrément mais ce n’est pas une fin en soi. On a fait quasiment tout les pays limitrophes de la France mais pas l’Angleterre. C’est assez compliqué d’y jouer quand même. C’est une sorte de Graal pour un groupe qui fait de la musique d’inspiration anglo-saxonne. Ce n’est pas un objectif en soi mais ça veut dire beaucoup de choses d’arriver à jouer là-bas. Ca veut dire que t’es vraiment très bon, arriver là-bas, chanter dans leur langue, c’est lourd de sens. Notre EP sonne « anglais » à cause de nos influences, pas forcément par ce qu’on a envie de jouer là-bas. Ca serait une énorme reconnaissance de pouvoir être écouté et apprécié par un public anglo-saxon.

Cela vous a apporté beaucoup de tourner en dehors de la France, d’être confronté à d’autres publics ?
P. : On était un peu plus jeunes, plus fous. On était dans une dynamique de tournée, on ne se rendait pas vraiment compte. On n’avait rien enregistré de vraiment sérieux, on n’était pas confrontés à la réalité du milieu de la musique tel qu’on le connaît maintenant. C’était plus du plaisir, on partait en Hollande trois jours, on était là-bas… On jouait devant des gens, c’était cool… Le public est quand même très différent d’un pays à l’autre. A Moscou, on s’est retrouvé dans une salle gigantesque, trois-quatre mille personnes, on passait très tôt à 17 heures, du coup il n’y avait quasiment personne mais les gens qui étaient là étaient fous, mais fous genre déchaînés. Au Pays-Bas, les gens étaient très réactifs. En Belgique, ils ne dansent pas du tout mais ils sont à fond dedans, ils crient et applaudissent beaucoup. Sans faire de généralités. Après je ne sais pas si tu apprends beaucoup du fait de jouer devant des publics différents. C’est une expérience enrichissante. Tout ce qu’on a vécu depuis ces trois dernières années a contribué à faire mûrir le projet. Ne serait-ce qu’humainement, on a passé beaucoup de temps ensemble. C’est ce qu’on a voulu traduire dans cet EP, l’aboutissement d’une belle tournée avec des rencontres, des échanges… On début on ne faisait que du live, on était concentré là-dessus et puis on s’est rendu compte qu’il fallait sortir quelque chose pour faire vivre la musique au-delà du concert.

Les Wankin’Noodles m’avaient dit la même chose, mais contrairement à eux vous n’avez pas une approche aussi brute…
P. : C’est lié au style de musique. Et puis eux ont enregistré leur album en live. On avait une expérience du live assez poussée et on n’avait pas envie de refaire la même chose sur cd. Quand on s’est retrouvé en studio, on s’est dit on va profiter de la chance qu’on a d’être en studio pour faire des choses plus recherchées avec plus de pistes ; on va chercher à apporter des petits détails dans le son, dans la production, tout ce qu’on ne peut pas faire en live en fait. C’était aussi pour voir ce qu’on vaut. On n’est pas partisan de refaire en live ce que tu fais en studio et inversement. On est contre l’utilisation des bandes sur scène, au contraire, il faut préserver l’énergie. Pour nous c’est vraiment deux univers différents.

Vos compositions changent beaucoup en live ?
P. : On compose en répète ensuite on étoffe en studio. Ensuite quand on est retourné dans notre local de répète pour préparer les concerts, on a enlevé des choses pour aller à l’essentiel, préserver l’énergie. C’est aléatoire, c’est selon notre feeling, il faut qu’on prenne autant de plaisir à jouer nos chansons qu’on a eu à les enregistrer. Le public doit y retrouver son compte aussi, il cherche quelque chose de plus direct en live, on essaye de s’adapter. Des fois on rajoute des choses spécialement pour le live, ce qui apporte une nouvelle dimension.

Un petit mot sur les années 80…
P. : Les années 80 (ils chantonnent)… On nous pose souvent la question. En ce moment il y a une sorte de revival dans tous les styles de musique. On ne se revendique ni des 80s ni des 90s ni des années 2000. Ca fait partie de nos influences, New Order etc… Mais il y a bien d’autres choses aussi, c’est peut-être ce qui ressort le plus sur cet EP. On est aussi influencé par des groupes eux-mêmes influencés par les 80s. On essaye d’intégrer plein d’autres palettes, le hip-hop sur « R n’R » par exemple. Il y a aussi du rock assez brut. On ne se rend pas vraiment compte, mais c’est possible que la décennie 1980 soit un peu le fil rouge du groupe. On ne se dit pas qu’il faut sonner comme on le faisait dans une autre époque, on préfère que cela reste inconscient et indirect. On ne veut pas se faire enfermer dans un moule.

Et votre album ?
P. : La sortie est prévue pour début 2013.

Propos recueillis le 3 Mai 2012.

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