Les Popopopops sont un groupe prometteur venu de Rennes et
quand ils s’ennuient, ils sortent les guitares acoustiques et jamment. C’est
ainsi qu’on les a trouvé, juste avant une interview, chacun sa guitare folk et
on chante à l’unisson dans une sorte de réminiscence hippie. Il ne manque plus
que le feu de bois. On a connu des interviews qui commençaient plus mal…
Comment a débuté l’aventure des Popopopops ?
P. : On s’est rencontré au lycée à Rennes. On était
trois dans la même classe. Après on a rencontré Vincent (guitare, ndlr). Au
début c’était un passe-temps, on répétait plutôt que de jouer au foot. On est
devenu de plus en plus « professionnels », on a fait les
transmusicales assez vite en 2008. Ca a été un gros boost pour nous. On a
enchaîné pas mal de concerts, notamment à l’étranger. En 2009 est sorti notre
single « Dance tonight ». On a sorti notre premier EP « A quick
remedy » cette année.
En découvrant le nom du groupe, Popopopops, sur la pochette,
j’ai pensé que vous alliez être un groupe pop assez catchy avec des chansons de
deux minutes. Finalement ce n’est pas tellement ça… Comment vous est venu le
nom du groupe, qui est très difficile à orthographier, je tiens à le dire (rire
général) ?
P. : Ca, on en a fait l’expérience, souvent sur les
loges, le nom du groupe est mal écrit, on nous appelle, les popos, le pos et
j’en passe (rires). C’est une référence à NTM.
Oui, mais justement, l’influence du rap ne s’entend pas du
tout dans votre musique…
P. : C’est vrai. Au tout début on faisait de tout et de
rien mais pas de hip hop. On faisait du blues, de la pop, du rock… On trouvait
amusante l’antinomie entre le nom du groupe, un hommage au hip hop, et notre
style musical. On aime beaucoup NTM cependant.
Certains titres « My mind is old » ou « R
n’R » ont un côté très répétitif, obsédant, un peu comme des mantras.
Comment définiriez-vous votre son ?
P. : On est quand même avant tout un groupe pop, dans
le sens où on essaye de se contraindre à un format couplet/refrain. On essaye
de trouver une originalité dans ce format là. Il y a certains artistes dans
lesquels on se reconnaît beaucoup, Foals par exemple. Pas tellement au niveau
du style mais plutôt dans la direction artistique. On essaye d’imaginer notre
son toujours dans le même format, une chanson de quinze minutes, ça nous semble
impossible. Les trucs trop expérimentaux, pareil. On cherche toujours de
nouvelles choses, mais on garde cette rigueur pop. Quand on a commencé les
Popopopops, on n’était pas spécialement potes. On n’a pas commencé en se disant
on va faire un revival d’un groupe en particulier dont on était tous fans.
Chaque membre avait ses propres influences. L’ep ne sort qu’au bout de quatre
ou cinq ans parce qu’on a eu beaucoup de mal à trouver notre son à nous et à
donner de la cohérence à toutes nos influences individuelles.
Au début je pensais que vous n’aviez pas un songwriting
classique mais plutôt quelque chose qui tiendrait plus de l’architecture
sonore, puis en arrivant je vous ai vu jammer avec les guitares acoustiques et
je me suis dit : « P**** t’as tout faux » ! (rires)
P. : La base des morceaux vient souvent de Simon
(basse) ou Victor (chant, clavier). Après, on retravaille les morceaux tous
ensemble pendant les répétitions. On travaille souvent la musique avant les
textes qui sont écrit par Simon. Beaucoup de groupes écrivent les textes et les
mettent en musique, ça nous est arrivé seulement une fois ou deux. La touche
finale se fait à quatre. On teste énormément nos chansons en live avant de les
enregistrer, on les enrichit beaucoup comme ça. En aucun cas on ne peut se
contenter d’une composition personnelle faite sur un ordinateur. On a besoin
d’échanger pour faire vivre la chanson. Le titre « R n’R » par
exemple a vraiment pris beaucoup d’ampleur, chaque membre du groupe a apporté
son truc. Et là pour le coup, il y a un côté classique couplet/refrain mais on
l’a enrichit au niveau de la structure avec l’allongement instrumental à la
fin. On s’adapte au niveau des chansons quand on voit qu’il y a des ouvertures
qui sont possibles.
Donc du coup, une composition à la fin ne ressemble plus du
tout à ce qu’elle était au départ…
P. : C’est vraiment variable. Parfois, après les démos,
on se rend compte que la seule chose qui change c’est la couleur des
instruments, qui joue quoi, qui fait tel riff… Des fois les titres ne bougent
pas beaucoup. D’autres fois, on part d’une démo un peu cheap pour arriver à
quelque chose beaucoup plus long avec plein de détails. Ce qui est important
avant de pouvoir jouer une chanson à quatre, c’est déjà d’avoir une ambiance.
Même si après il y a beaucoup de détails qui changent, l’ambiance reste. On
doit ressentir un truc tous ensemble. Parfois avec seulement deux accords on
arrive à ressentir le truc. Et parfois ça ne colle pas, on ne trouve pas la
bonne atmosphère. C’est magique.
J’ai trouvé la production de l’ep très soignée. Comment
c’est passé l’enregistrement ?
P. : On vit en colocation avec notre ingénieur du son,
Mitch, c’est vraiment le cinquième membre du groupe. On a fait tout un travail
avec lui sur l’ep. On était un peu seuls après avoir beaucoup tourné à
l’étranger. On était de retour à Rennes avec vraiment l’ambition de sortir
quelque chose, on se demandait comment on allait s’y prendre. On s’y est mis en
septembre 2011 sans trop savoir si on allait faire un album ou un EP. On a
commencé à l’UBU à Rennes, l’EP s’est construit en six mois, dans beaucoup de
lieux différents. Au début on avait quinze chansons, on a réduit à dix,
finalement il n’en reste plus que quatre. Celles qui nous semblait les plus
révélatrices de ce qu’on voulait présenter au public. Notre musique a quand
même beaucoup changé. Pour nous cet EP, c’est comme une palette de ce que va
être l’album. On a aussi rencontré à Hossegor le chanteur de Pony Pony Run Run
qui a signé l’arrangement de « Color ». Les batteries on été faîtes à
Nantes et on a fini le tout à la maison dans notre petit studio. Le mixage a
été fait par un anglais, Tom Peters, qui a également mixé les Wankin. C’était
bien de bosser avec lui, il a emmené cette couleur un peu anglaise, sans
compromis, avec des choix artistiques forts. Il a donné une cohérence à
l’ensemble des chansons et des prises qui ont été faites un peu partout.
Justement, en parlant de la couleur anglaise, ça vous fait
rêver de jouer à Londres ?
P. : Carrément mais ce n’est pas une fin en soi. On a
fait quasiment tout les pays limitrophes de la France mais pas l’Angleterre.
C’est assez compliqué d’y jouer quand même. C’est une sorte de Graal pour un
groupe qui fait de la musique d’inspiration anglo-saxonne. Ce n’est pas un
objectif en soi mais ça veut dire beaucoup de choses d’arriver à jouer là-bas.
Ca veut dire que t’es vraiment très bon, arriver là-bas, chanter dans leur
langue, c’est lourd de sens. Notre EP sonne « anglais » à cause de
nos influences, pas forcément par ce qu’on a envie de jouer là-bas. Ca serait
une énorme reconnaissance de pouvoir être écouté et apprécié par un public
anglo-saxon.
Cela vous a apporté beaucoup de tourner en dehors de la France,
d’être confronté à d’autres publics ?
P. : On était un peu plus jeunes, plus fous. On était
dans une dynamique de tournée, on ne se rendait pas vraiment compte. On n’avait
rien enregistré de vraiment sérieux, on n’était pas confrontés à la réalité du
milieu de la musique tel qu’on le connaît maintenant. C’était plus du plaisir,
on partait en Hollande trois jours, on était là-bas… On jouait devant des gens,
c’était cool… Le public est quand même très différent d’un pays à l’autre. A
Moscou, on s’est retrouvé dans une salle gigantesque, trois-quatre mille
personnes, on passait très tôt à 17 heures, du coup il n’y avait quasiment
personne mais les gens qui étaient là étaient fous, mais fous genre déchaînés.
Au Pays-Bas, les gens étaient très réactifs. En Belgique, ils ne dansent pas du
tout mais ils sont à fond dedans, ils crient et applaudissent beaucoup. Sans
faire de généralités. Après je ne sais pas si tu apprends beaucoup du fait de
jouer devant des publics différents. C’est une expérience enrichissante. Tout
ce qu’on a vécu depuis ces trois dernières années a contribué à faire mûrir le
projet. Ne serait-ce qu’humainement, on a passé beaucoup de temps ensemble.
C’est ce qu’on a voulu traduire dans cet EP, l’aboutissement d’une belle
tournée avec des rencontres, des échanges… On début on ne faisait que du live,
on était concentré là-dessus et puis on s’est rendu compte qu’il fallait sortir
quelque chose pour faire vivre la musique au-delà du concert.
Les Wankin’Noodles m’avaient dit la même chose, mais contrairement
à eux vous n’avez pas une approche aussi brute…
P. : C’est lié au style de musique. Et puis eux ont enregistré
leur album en live. On avait une expérience du live assez poussée et on n’avait
pas envie de refaire la même chose sur cd. Quand on s’est retrouvé en studio,
on s’est dit on va profiter de la chance qu’on a d’être en studio pour faire
des choses plus recherchées avec plus de pistes ; on va chercher à
apporter des petits détails dans le son, dans la production, tout ce qu’on ne
peut pas faire en live en fait. C’était aussi pour voir ce qu’on vaut. On n’est
pas partisan de refaire en live ce que tu fais en studio et inversement. On est
contre l’utilisation des bandes sur scène, au contraire, il faut préserver
l’énergie. Pour nous c’est vraiment deux univers différents.
Vos compositions changent beaucoup en live ?
P. : On compose en répète ensuite on étoffe en studio.
Ensuite quand on est retourné dans notre local de répète pour préparer les
concerts, on a enlevé des choses pour aller à l’essentiel, préserver l’énergie.
C’est aléatoire, c’est selon notre feeling, il faut qu’on prenne autant de
plaisir à jouer nos chansons qu’on a eu à les enregistrer. Le public doit y
retrouver son compte aussi, il cherche quelque chose de plus direct en live, on
essaye de s’adapter. Des fois on rajoute des choses spécialement pour le live,
ce qui apporte une nouvelle dimension.
Un petit mot sur les années 80…
P. : Les années 80 (ils chantonnent)… On nous pose
souvent la question. En ce moment il y a une sorte de revival dans tous les
styles de musique. On ne se revendique ni des 80s ni des 90s ni des années
2000. Ca fait partie de nos influences, New Order etc… Mais il y a bien
d’autres choses aussi, c’est peut-être ce qui ressort le plus sur cet EP. On
est aussi influencé par des groupes eux-mêmes influencés par les 80s. On essaye
d’intégrer plein d’autres palettes, le hip-hop sur « R n’R » par
exemple. Il y a aussi du rock assez brut. On ne se rend pas vraiment compte,
mais c’est possible que la décennie 1980 soit un peu le fil rouge du groupe. On
ne se dit pas qu’il faut sonner comme on le faisait dans une autre époque, on
préfère que cela reste inconscient et indirect. On ne veut pas se faire
enfermer dans un moule.
Et votre album ?
P. : La sortie est prévue pour début 2013.
Propos recueillis le 3 Mai 2012.
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