Nouvelle édition du festival sons d’hiver et nouvelle soirée de prestige dans le cadre de la belle salle de la maisons de arts de Créteil.
On commence avec un duo de légende, à savoir le saxophoniste
Archie Shepp, un pilier de la scène free jazz et qui a joué entre autre avec
John Coltrane accompagné du pianiste Joachim Kühn. Pour cette nouvelle visite à
sons d’hiver, Archie Shepp a donc choisi une formule simple où l’intimité
domine, comme pour mieux faire résonner son saxophone solitaire dans la nuit
francilienne. De fait le concert prend des allures de récital où tout un chacun
écoute la musique religieusement. Il est question ici de musicalité et d’un
dialogue touchant entre les deux virtuoses. Le pianiste Joachim Kühn aux doigts
habiles alternent les changements de rythmes, poussant des accélérations folles
allant jusqu’à frapper le clavier avant de ralentir considérablement le rythme
alors que hurle la douleur du saxophone. Chaque composition est minutieusement
fouillée dans les moindres recoins, ce qui donne lieu à de nombreux soli de
chacun des deux intervenants. Malheureusement la prestation fut un peu gâchée
par de petits soucis techniques et de fort malencontreuses saturations dès que
Künh frappe son clavier un peu trop fort. Si la musicalité de la chose fût en
tout point absolument passionnante, la prestation du duo a parfois manqué d’un
peu de piquant. Un batteur aurait probablement été trop intrusif et aurait
modifié la nature profonde du projet en brisant son intimité. Cependant une
contrebasse aurait été la bienvenue et aurait apporté surtout du liant entre
les deux intervenants. Une prestation remarquable malgré tout. On n’en
attendait pas moins vu le CV des deux musiciens.
Joe Bowie, accompagné de son projet Defunkt Millenium a
apporté un contrepoint après cette délicate première partie. On avait déjà pu
admirer les talents de tromboniste sur la scène de la maison des arts à
l’époque où il accompagnait Anthony Joseph. Il revient maintenant à la tête de
son propre groupe, Defunkt, formation qu’il a crée au début des années 80
mélangeant funk, jazz et free jazz. Une prestation très rythmée donc, dansante
même où se mélangent différentes sortes de jazz, parfois classiquement
« swing » et parfois très free. Un peu à l’image de l’organiste qui
alterne entre hammond B3 (on adore) et synthé 80s (là on adore beaucoup moins).
Pour le reste un bon duo de souffleurs, saxophone et trombone et une section
rythmique (batterie et basse électrique) qui va le pied au plancher. Le batteur
est excellent mais me paraît tout de même un peu raide, crispé derrière son
kit, probablement un effet collatéral du tempo parfois délirant du groupe. Le
groupe aura néanmoins réussi à faire danser quelques grappes de spectateurs
réunis dans les coins de la scène, pas forcément évident, vu la configuration
de la salle, sans fosse, qui ressemble plus à un théâtre. C’est donc sur cette
note festive que c’est terminée cette nouvelle édition du festival.
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