dimanche 6 février 2011

Rencontre avec My little cheap dictaphone


Le rendez-vous est pris pour le vendredi à 17h15, dans un Café de la danse déserté par les spectateurs et qui prend des airs de calme avant la tempête. Voir la salle nue est à la fois assez impressionnant et émouvant. Installé près du bar les trois membres de My Little Cheap Dictaphone qui ont fait le déplacement (seul le batteur manque à l’appel) entament une session acoustique immortalisée par les confrères du site désinvolte. En seulement deux titres, les membres du groupe dégagent une émotion palpable et, comme possédés, un engagement assez impressionnant. Quelques minutes plus tard, on retrouve Redboy (chant et guitare), presque en nage, accompagné du bassiste Xavier installés à une table. Le temps pour nous de quelques questions…

Comment a débuté le projet My Little Cheap Dictaphone ?

Redboy (chant, guitare) : Au début c’était un projet solo. J’ai commencé comme un songwriter low-fi, je voulais tout faire moi-même. J’enregistrai seul dans ma chambre sur un dictaphone, c’est comme ça que le projet est né. J’ai fait un premier album, puis ensuite j’ai commencé un autre groupe, les Hollywood Porn Stars. Le deuxième album de My Little Cheap Dictaphone « Small town boys » a été fait entre deux albums des Hollywood Porn Stars. Pour ce troisième album on avait vraiment envie de soigner les choses et de le faire à fond. On a vraiment pris notre temps. Ca nous a finalement pris trois ans.

A l’écoute du disque j’ai tout de suite été frappé par l’ampleur du son, le soin porté à la production, la richesse des arrangements…

Redboy : Au début on voulait travailler sur quelques titres avec un arrangeur de musique de film pour donner un côté cinématographique. L’échange s’est bien passé avec cet arrangeur, et au final il a arrangé tout l’album avec des instruments d’orchestre. Pour cet album on a un pianiste qui nous a rejoint dans le groupe (Louis) et on voulait sortir des habituelles guitares/basses/batteries du rock et étoffer, élargir la panoplie.

Avec quels réalisateurs de cinéma aimeriez-vous travailler ?

Redboy : Un film de Jim Jarmusch. Neil Young avait fait la musique de « Dead Man ». David Lynch aussi cela serait super. On pourrait vraiment se lâcher. Mais « The Tragic Tale of a Genius » est quelque part la bande originale d’un film imaginaire.

Il y a une tonalité jazz un peu surprenante sur certains morceaux du disque (« Slow me down », « The tragic tale of a genius »), un côté un peu bastringue avec le piano mis en avant. C’est un apport direct de Louis ?

Redboy : Oui il a vraiment un background blues et jazz. On voulait sortir de l’habituel indie rock et oser le piano. On n’avait aucune barrière, on voulait essayer un maximum de choses et ne pas faire un album répétitif. Chacun a emmené sa part de personnalité dans les chansons.

Comment êtes-vous entré en contact avec les invités présents sur le disque (Jonathan Donahue, Ralph Mulder, Pall Jenkins) ?

Xavier (basse) : Dans le cas de Jonathan Donahue une amie commune nous a présenté. On lui a envoyé un email avec le morceau et il nous a répondu directement. Ralph Mulder, Redboy l’avait déjà croisé à des concerts. Et l’album a été enregistré dans un studio où il avait déjà travaillé.

Redboy : Et Pall Jenkins, cela fait dix ans que le croise à des concerts aussi.

Xavier : On avait besoin de voix différentes par rapport au concept de l’album. Redboy incarne le personnage principal qui est confronté à des démons intérieurs, à sa conscience. Redboy ne pouvait pas interpréter ces voix, qui représentaient un dédoublement de la personnalité. C’était vraiment la liste rêvée d’intervenants que l’on voulait et tout le monde a directement dit oui. Tout c’est super bien passé.

Qui est le Genius du titre ? Brian Wilson ?

Redboy : Il y a Brian Wilson entre autres. C’est un mélange. J’ai lu pas mal de biographies de musiciens. J’ai remarqué pas mal de similitudes dans l’histoire de leurs vies respectives. Le fait qu’ils soient toujours un peu à part dès l’enfance, ils ont des fêlures qu’ils exploitent ensuite. Ces artistes me parlaient et j’avais envie d’en parler. Je m’en sentais assez proche aussi. J’avais besoin de me retrouver pour pouvoir écrire et incarner le personnage.

Et tu penses que les fêlures sont nécessaires pour faire de la musique ou tout simplement créer ?

Redboy : Pas spécialement. Il y a des gens qui sont très bien dans leurs baskets et qui font des chansons aussi. Tout dépends de la musique que tu veux faire. Notre musique est à fleur de peau, mélancolique et basée sur les émotions. Je pense que c’est bien de parler de choses assez personnelles qui font vivre les gens. Plutôt que de raconter des banalités ou des chansons d’amour standard. On essaye vraiment de faire passer des frissons.

Le projet artistique semble assez ample et va au-delà de la musique et de l’album. Est-ce que vous pourriez nous parler des collaborations qui ont été mises en place pour le spectacle ?

Redboy : Dès le début on voulait faire plus qu’un simple album et plus qu’un simple concert. On s’est entouré de personnes pour nous aider à raconter l’histoire, grâce aux décors et aux projections. On a travaillé avec Double Duchesse, un couple de Bruxelles qui réalise des vidéos et des courts-métrages. Assez rapidement on a commencé a travailler en parallèle sur tout. La musique d’un côté et moi je suis aller m’isoler en Norvège pour écrire les textes. Et pendant ce temps là le travail avec Double Duchesse a continué. On s’est dit que les vidéos c’est vraiment l’idéal pour plonger dans l’histoire. Il y a treize petites vidéos qui sont projetées sur un décor pendant le spectacle. Le décor simule une ville américaine des années 50, un New York de film noir avec des fenêtres phosphorescentes sur lequel sont projetées les images.

Est-ce qu’il y aurait un dvd du spectacle qui serait prévu pour immortaliser le tout ?

Redboy : Pas pour le moment. Pour l’instant on travaille sur des petites captations dans les prochains mois. Mais un vrai dvd de a à z ce n’est pas encore prévu.

Ca vous plairait ?

Xavier : Ouais, pourquoi pas…

Redboy : Je pense que cela serait l’aboutissement assez logique pour finir la tournée. On verra plus tard…

La pochette est très classe…

Redboy : Pareil, on a travaillé avec un graphiste dont on aimait le travail. On lui a demandé de s’inspirer des années 50 et des affiches de films noirs. On lui a montré les vidéos, on lui a fait écouter les chansons. Son univers cadrait aussi avec le notre. On a aussi mis notre touche. Comme pour tout, on essaye toujours de donner notre patte et que cela soit global et cohérent. On a travaillé avec un photographe aussi pour les photos de l’album. Il s’est inspiré des photos de tournage des films d’Hitchcock. C’est un tout, on essaye de soigner chaque étape.

D’où vient le nom du groupe ?

Redboy : Quand j’ai commencé le projet solo, dès que j’avais des idées, j’enregistrais sur mon petit dictaphone bon marché. Je sortais les démos en cassette à l’époque. J’en ai envoyé une sur laquelle il était marqué : Recorded on my little cheap dictaphone. C’est resté comme nom du groupe.

Redboy, dans les Hollywood Porn Stars tu fais la guitare et les chœurs, est-ce que la transition a été difficile pour devenir chanteur/frontman ?

Redboy : Non, avant Hollywood je faisais déjà MLCD. Hollywood c’était une récréation, un délire de faire un groupe très rock où on sortait les guitares. Je me suis retrouvé sur le devant de la scène par ce que cela me manquait aussi de refaire mes propres chansons. Faire quelque chose de plus intime avec plus d’émotions.

Pendant la session acoustique on a senti à un moment donné un engagement physique très fort du groupe, vous étiez comme dans un état second…

Redboy : Les concerts c’est une expérience assez intense. On essaye de rentrer dans un état de transe.

Xavier : De faire vivre le concert.

Redboy : Si on sort du concert sans avoir vraiment mouillé la chemise… C’est vraiment important pour nous de vivre le truc à fond.

C’est épuisant, non ?

Redboy : Oui, mais c’est ça qui est bien…

Xavier : C’est pour cela qu’on le fait…

Propos recueillis le 28 janvier 2011.

En concert le 10 février 2011 au Café de la Danse (Paris) et le 26 mars 2011 à La Batterie (Guyancourt 78).

www.myspace.com/mylittlecheap

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