dimanche 23 novembre 2025

Manu Lanvin + Fallen Lillies, Le Bataclan, 21 Novembre 2025.



Il est toujours un peu particulier, voire même délicat, de revenir au Bataclan… Une semaine après les célébrations du dixième anniversaire de cette funeste soirée, les décibels vont de nouveau résonner, assez fort, entre ces murs meurtris…

On commence donc avec les Fallen Lillies, un groupe de quatre filles dont le premier album, « Cran », est sorti le mois dernier (on y reviendra bientôt), et qui sont parfaitement conscientes du lieu et du contexte dans lequel elles jouent. Au fil d’un set lourd et électrique, flirtant avec le métal et mené de manière énergique, les musiciennes n’auront de cesse d’en appeler à la mémoire des victimes et se font un devoir de jouer pour ces dernières. Une prise de conscience qui ne plombe absolument pas l’ambiance mais donne de la profondeur à une prestation qui reste enthousiasmante.

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Après avoir accompagné le regretté Calvin Russell pendant plusieurs années (auquel il rendra un hommage acoustique poignant au cours de la soirée) Manu Lanvin (comme le chocolat précise-t-il avec humour) mène dorénavant sa barque en solo. Son nouvel album « Man on a mission » est sorti cet automne dont on fête la sortie ce soir au Bataclan. Nous sommes d’emblée saisis par l’ampleur sonore de l’artiste, fin guitariste, accompagné par une formation large : claviers, deux cuivres, batterie et percussions, sans oublier la basse tenue par Nicolas Bellanger (A l’Ouest) également accompagnateur de Paul Personne. Comme ce dernier Manu évolue dans un genre hybride fait de rock musclé et de blues assaisonné de groove grâce à la présence judicieuse des deux cuivres. S’il peine parfois à convaincre sur disque, la prestation live de Manu est nickel chrome ! Deux heures de rock’n’roll servie avec passion, enthousiasme et énergie, entrecoupées de quelques intermèdes acoustiques bienvenus. L’artiste n’a de cesse d’en appeler à l’énergie collective et à la solidarité, réservant quelques moments émouvant, réclamant des claquements de mains et autres mains en levées en l’air. Un besoin de contact qui le mènera à finir son set dans la fosse au milieu du public, sa guitare finissant même dans les mains d’un spectateur. Un grand moment de partage rock’n’roll.

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samedi 22 novembre 2025

Je t’aime + Une Vraie Gothique, Supersonic Records, 20 novembre 2025.

La soirée débute par une découverte, celle du duo Une Vraie Gothique, qui porte assez bien son nom, vraisemblablement venu de l’Est de la France. Composé d’une chanteuse, qui bien que s’exprimant en Allemand entre les morceaux est semble-t-il française, et d’un chanteur, également en charge d’envoyer le son, Une Vraie Gothique pratique une musique électronique, dark à souhait, entre synth-wave 80s, EBM et post-punk, servie par un chant, en français et en allemand, à deux voix hanté, aux textes nourris de leur expérience personnel. Leur proposition musicale est assez hypnotique et dans l’ensemble plutôt chouette.

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De manière assez incompréhensible, nous n’avions pas eu l’occasion de recroiser le trio Je t’aime depuis la sortie de leur formidable doublette « Passive / Aggressive » de 2022. C’est donc in-extremis pour la dernière date de leur tournée, suivant la sortie de leur dernier album « Useless Boy » que l’on retrouve le trio sur la scène du Supersonic Records, particulièrement bien remplie. Le line-up du groupe a également évolué depuis la dernière fois et c’est désormais une guitariste, Louise, qui remplace Tall Bastard. Devant un public nombreux, et dévoué à la cause, le trio nous a livré une prestation énergique et enthousiasmante suivant les lignes de basses énormes de Crazy Z, digne descendant de Simon Gallup, et le chant étranglé d’un Dboy survolté. Bien qu’ancré dans les années 80, le répertoire du groupe est varié et alterne entre le spleen aérien des Cure de 1989 ("Marble Heroes" comme un inédit de l'époque « Disintegration »), guitares surchargées d’électricité (« Dirty Tricks »), cold et synth wave pop (« Blood on Fire »). Bien que d’appartenance dark, Je t’aime sait également faire bouger les foules et le prouve avec « Dance », un dernier rappel appelant à la danse (« You’ve got to dance before you die »). Comme quoi nul n’est besoin d’être caverneux pour être crédible, et un concert estampillé gothique peut aussi être festif et enjoué. Ce fut en tout cas une belle soirée.

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Romain Podeur, The Mixtape, 19 novembre 2025.

Il y a une vie après Candide ! Après trois albums sous pseudonyme, le chanteur-guitariste poursuit son parcours musical sous son véritable patronyme et un premier album sous son nom. En attendant, c’est dans le cadre cosy de The Mixtape, à la fois disquaire et concept-store, niché dans le chouette et typique quartier de la butte Montmartre, que l’on découvre ses nouvelles compositions, jouées pour l’occasion en duo avec son fidèle guitariste Guillaume. Sans préjuger de la qualité de l’album (que nous n’avons pas encore écouté soyons honnête), il n’est, à première vue, pas évident de faire la distinction entre ce nouveau projet et le précédent. Le musicien possède une « patte » personnelle, signe de qualité, que l’on retrouve ici. A savoir ce mélange savant entre chanson d’extraction française (aux textes de qualité) et influences pop-rock d’obédience anglo-saxonne (l’Angleterre en particulier n’est jamais bien loin « Comme la Joconde » rappelle les Kinks, une descente similaire à « Sunny Afternoon » en intro). La formule live à deux guitares (une folk et une électrique, son clair) biaise un peu le regard. A n’en point douter, le disque est différent. Néanmoins c’est avec une belle énergie, et un enthousiasme qui fait plaisir à voir, que Romain défend son nouveau répertoire. Ce dernier attaque les cordes de sa guitare folk comme s’il se tenait devant un mur d’amplis saturés, et ses qualités vocales sont à l’avenant. C’était un chouette moment, un peu court, une grosse demi-heure, qui donne envie d’en écouter plus. Affaire à suivre…

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Roadrunners, La Maroquinerie, 16 novembre 2025.

Voilà un retour que l’on n’attendait plus ! Quelques trente années après leur séparation, les Havrais, dans la foulée de la réédition vinyle (déjà sold out) de « Sales Figures » (1995) l’ultime album de leur discographie, remontent sur scène, pour deux soirs dans une Maroquinerie, archi-complète depuis des mois. C’est dire si ils étaient attendus au tournant. Un défi remporté haut la main par Frandol et sa bande, qui nous ont livrés une prestation électrique, enthousiasmante et excitante au possible devant un public chaud bouillant. Il faut dire que le quintet n’a rien perdu de ses qualités : guitares rageuses (« Couteau Naïf »), batterie euphorisante et claviers pour un soupçon de groove garage rock bienvenu, tous les éléments sont en place pour mettre en valeur la voix de Frandol qui ne bouge pas en dépit des années. De la pop (« L.A. Party ») au garage sixties, la prestation du soir est une manière de revisiter l’histoire du rock d’ailleurs mais aussi de chez nous. C’est en effet une grande célébration du rock normand, dans la joie, la bonne humeur et l’électricité, grâce aux invités de la soirée : le claviériste Gene Clarksville (le co-fondateur des Roadrunners) parti ensuite rejoindre les Dogs ou Cyril Doche que l’on voit habituellement aux côtés des excellents François Premiers. Si l’on s’en tient au plan prévu, les choses devraient en rester là pour les Roadrunners. Mais ne perdons pas espoir, comme l’affirmait Frandol au terme de deux heures de show bouillantes : « Never say never ». Car il serait infiniment dommage de voir un groupe de ce niveau rester à l’arrêt. Depuis combien de temps n’étions pas sortis d’un concert aussi galvanisés ? En attendant, quel retour !

dimanche 16 novembre 2025

Gloria + The Big Idea, Petit Bain, 12 novembre 2025.

En pratiquement dix ans d’existence, Gloria entretient une aura mystérieuse qui entoure le groupe, un voile intriguant que son absence scénique ne fait qu’entretenir. Ainsi, la soirée se révèle d’importance, totalement absent lors de la sortie de son deuxième album, le groupe foulera ce soir une scène parisienne pour la première fois depuis 8 ans ! Et, pour l’auteur de ces lignes, il s’agît d’une première ! Très discrets, Gloria est pourtant l’une des plus fines lames psychédéliques de l’hexagone. Une formation atypique mené par trois chanteuses et passée de la psychédélie sixties bon teint à une forme musicale plus dark, mâtinée d’atmosphère orientale, entretenue au bouzouki turc utilisé avec parcimonie, mais à bon escient, sur scène. D’emblée la prestation se révèle envoûtante, les trois chanteuses, à l’unisson, pratiquent une chanson de geste sensuelle et hypnotique à l’avenant de la proposition musicale où se mêlent guitare wha-wha, basse sixties ronde, groove de la batterie et claviers lysergiques. Le spectateur est totalement emporté, un set de très haute tenue.

https://www.facebook.com/gloriagirlgroup


Changement de registre par la suite avec The Big Idea, en provenance de La Rochelle. Formation atypique, The Big Idea n’a jamais rien fait comme tout le monde. Leur premier album « La Passion du Crime 3 » (2017) était un coffret composé de 4 cds et, dans le même ordre d’idée, le groupe n’a pas hésité en 2021 à s’embarquer sur un voilier, Le Grand Vésigue, afin d’y enregistrer un album, en pleine mer ! Impossible pour eux de faire d’envisager la musique de manière habituelle. Ainsi donc le groupe se révèle libre, tout le monde chante et, mis à part le batteur qui reste à sa place du début à la fin, les six membres s’échangent les instruments : basse, claviers ou guitares. Des contours flous et flottants, à l’instar de leur proposition musicale déstabilisante, pour qui n’a pas l’habitude, passant du post rock à des envolées jazzy, trompette à l’appui. Et pourtant, le groupe se révèle tour à tour enjoué et festif, dans un déluge de décibels, voire même touchant lors du rappel.

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dimanche 2 novembre 2025

Dafné Kritharas : « Prayer and Sin »

 




Fruit d’une longue période de maturation, quatre longues années se sont écoulées depuis son dernier disque, ce troisième album voit la proposition musicale de la chanteuse considérablement évoluer. Après deux albums consacrés au répertoire traditionnel, la chanteuse ose, pour la première fois, dévoiler ses compositions personnelles, dont deux en français, renforçant ainsi l’aspect multi-culturel de sa musique, en accord avec son histoire personnelle écrite entre la France et la Grèce. La pochette montre également l’évolution de l’identité visuelle de son projet, plus sombre et agrémentée d’une typographie, une peu trompeuse, digne d’un groupe punk gothique. Rien de tel à l’écoute. Enfin presque. Car si la chanteuse, loin de hurler à la mort, continue de caresser délicatement l’oreille de sa voix douce, la musique semble plus sombre, légèrement teintée de rock et d’électro (« Kaigesai » ; « Xapa »), qu’elle amalgame délicatement avec ses habituelles sonorités grecques et orientales, qu’elle affectionne tout particulièrement. Passant d’une délicate caresse acoustique (« Prayer & Sin ») à une déflagration sonique (ou inversement) ce nouvel effort s’écoute comme on traverse les émotions, un voyage musical faisant fi des frontières, marqué par la joie et la peine. L’émotion à fleur de peau toujours mise en avant. On en ressort bouleversés.

En concert le 19 janvier 2026 au Théâtre du Châtelet

https://www.facebook.com/dafnekritharasofficial/







The Freaky Buds : « Western Smoke »

 


Les couleurs chatoyantes et le design 50s de la pochette ressemblent à une carte postale envoyée par le groupe nantais. De fait, plus qu’un deuxième album, ce nouvel effort des Freaky Buds s’écoute comme le résultat d’une aventure au long cours. C’est que nos gars ont vu les choses en grand ! Cette fameuse authenticité, le groupe l’a trouvé auprès de Kid Andersen au sein de son Greaseland Studio, qu’ils ont rejoint après un road-trip à travers la Californie. Un moment fondateur de leur inspiration. Le reste relève de la magie. A cette excellente collection de compostions, ancrées dans le blues et la tradition, Kid Andersen a su apporter un grain et une profondeur incroyables, une sorte d’abrasivité qui faisait tout le sel d’un RL Burnside par exemple. A la fois rugueux, hypnotique, et portant porté par le groove (« Nothing to lose »), ce nouvel album a vu les Freaky Buds viser en plein dans le mille. Placée en toute fin de programme « She’s nineteen years old », enregistrée en compagnie d’Alabama Mike, fait figure d’exception dans ce cocktail de guitares et d’harmonica en fusion, ce qui explique sa position en clôture d’album, comme une cerise placée en bonus au sommet d’un gâteau électrique. C’est une réussite complète.

https://www.thefreakybuds.com/

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samedi 1 novembre 2025

Miles Kane : « Sunlight in the shadows »

 


Ce sixième album du rocker britannique scelle sa rencontre avec Dan Auerbach, qui vient de le signer sur son label, rencontre qui pourrait s’avérer pour la suite du parcours du chanteur. En effet si le chanteur possède un talent inné, il s’est parfois perdu en cours de route signant des albums décevant. Rien de cela ici. Enfin dirigé correctement, Miles Kane propose un album compacte (37 minutes) cohérent de bout en bout au-dessus duquel plane le fantôme de T-Rex (« Electric Flower »). On y retrouve la patte d’Auerbach, qui a tant fait de merveilles auprès d’autres artistes, qui réussit à rendre hommage sans pour autant tomber dans le pastiche, accouchant de classiques immédiats. La recette fonctionne à merveille pour Miles Kane, qui de plus, a trouvé un soutien de poids en la personne du guitariste Barrie Cadogan (Little Barrie), ce virtuose méconnu, auteur de formidables saillies électriques, entre psychédélisme (« Always in over my head » ; « My Love ») et glam (irrésistible « Blue Skies »), rehaussée d’une pointe de groove tranquille bienvenu (« Without You »). Un album de très haute facture.

https://mileskane.com/





dimanche 26 octobre 2025

BB & The Bullets : « High Tide »

 


Ne jugez pas un livre à sa couverture dit l’adage populaire. Avec sa balle fièrement affichée, cet album semble promettre son lot de guitares saturées et de rock puissant à la fibre douteuse. Aussi, les futurs auditeurs de ce premier album du power trio néo-zélandais, ferait mieux de l’oublier cette fameuse pochette. En effet, si la promesse rock et rentre-dedans, affichée est tenue, c’est en partie seulement, en dépit d’un filiation esthétique avec ZZ TOP. Et c’est tant mieux ! Le trio vaut beaucoup mieux que ça ! En infusant une bonne dose de blues dans sa musique par le biais de reprises bien senties (« Born under a bad sign », « Walking the dog », « The Thrill is gone »), alternées avec des compositions personnelles, le trio dépasse très largement les promesses affichées faisant montre d’un instinct, d’un feeling, qui tempère les assauts électriques. Et c’est beaucoup mieux ainsi !

https://www.facebook.com/bbandthebullets/

https://rocknhall.bandcamp.com/album/bb-the-bullets-high-tide




vendredi 24 octobre 2025

Prima Kanta : « In a purple time »

 


Harpe électro-acoustique, clarinette ou saxophone, violon et piano : la composition de Prima Kanta est pour le moins étonnante, et ressemble plus à celle d’un ensemble de musique de chambre qu’à un groupe de jazz. Et pourtant ! Décidant de se passer de basse et de batterie, et donc de ce feeling « swing » propre au jazz, Prima Kanta s’ouvre à de nouveaux horizons. L’influence de la musique répétitive se fait sentir à l’écoute de ce nouvel effort qui laissera perplexe quiconque aime à ranger les musiciens dans des cases. C’est ainsi une succession de motifs lancinants qui composent ce deuxième album du groupe, à mi-chemin des courants avant-gardistes ou expérimentaux, sur lesquels les musiciens aiment à broder, empruntant des chemins de traverses, alternant entre hypnotisme, calme et exaltation à la recherche de cette « Sombre Lumière », pour citer l’une des plages les plus réussies, qui voit le groupe flirter avec la bande originale d’un thriller imaginaire. L’album pourrait être qualifié de « cinématographique » dans la mesure où c’est un véritable monde mis en musique, un univers parallèle qui s’ouvre à nos oreilles. Son écoute relève de l’exploration au long cours (eu égard à sa durée, une heure environ) où les trésors cachés, nichés dans mille et un détails, se révèlent au fur et à mesure des écoutes successives. Les surprises et la beauté vous attendent au détour de chaque note. Beau et surprenant.

https://www.facebook.com/primakantamusic





jeudi 23 octobre 2025

François Puyalto : « Malrevert »

 


Bassiste issu des milieux jazz et chanson, cofondateur avec Laure Slabiak (BlauBird) du projet Tyger Tyger centré sur la chanson baroque, François Puyalto donne à entendre, sur ce nouvel album, une nouvelle facette de son talent : celle de guitariste folk. Malrevert, donc, un endroit perdu, lieu-dit niché quelque part au sommet du plateau ardéchois, est le refuge de François Puyalto qui aime à s’y ressourcer, à l’abri du bruit, du fracas et de la folie qui agite ce bas monde. C’est également là où ce nouvel album a été imaginé voire rêvé tant le disque semble serein et apaisé. Car ce nouvel album voit le chanteur revenir à l’essentiel : de la guitare (folk, bien sûr), du banjo (un autre de ses instruments de prédilection), de la contrebasse et tout un tas de percussions bricolées (peaux de banjo frottées, cajon détourné, bois de contrebasse frappé : visiblement on s’amuse en enregistrant avec François!) Mais soucieux de la qualité musicale de son ouvrage final, François Puyalto compense l’aspect bricolo de son album par des arrangements particulièrement ouvragés, avec quatuor à cordes ou cuivres (assurés par Michel Schick), et une vaste palette de styles allant du blues (« Big Flaque ») au Brésil (« Où tu veux »). Mais aussi doux soit-il, cet album fini par être rattrapé, en fin d’album, par une forme d’engagement, engrangé par la colère sociale suggérée, telle une engeance inévitable (cf. « Lutte des Classes », « Everest »). Un entre-deux subtil dans lequel François Puyalto excelle.

En concert le 5 et 6 novembre au Théâtre de l’Ile Saint Louis

https://www.puyalto.fr/

https://www.facebook.com/francoispuyaltochansons/




mardi 21 octobre 2025

Romain Fitoussi : « Enpire (Spiritus Corpus) »

 


Romain Fitoussi est à la fois guitariste, bassiste et saxophoniste. Mais sur cet EP c’est surtout le compositeur que l’on écoute. Une petite explication s’impose. Au départ il était cette mélodie « Spiritus Corpus » assez entraînante, entêtante et enjouée. C’est ensuite que les choses se compliquent un tantinet. En effet, le compositeur s’est amusé à proposer plusieurs versions : une dépouillée au piano solo (interprétée par Marie Jouhaud), une autre interprétée par le quatuor à cordes, les Enfants d’Icare et une dernière semblable à l’originale (qui bizarrement apparaît en deuxième piste) mais agrémentée du chant de Simo Bouamar. En creux, la démarche souligne toute la versatilité de la composition qui passe, suivant les versions, du classique au jazz/funk. Etonnant.

https://www.romainfitoussi.com/




lundi 20 octobre 2025

Monkeys on Mars

 


Formation hybride fusionnant deux groupes, les Français de Mars Red Sky et les Suisses de Monkey 3, Monkeys on Mars s’imagine comme un super-groupe à la formation XXL comprenant (entre autres) deux batteurs et deux bassistes. Chacun de leur côté de la frontière, les deux groupes ont en commun de s’imposer comme des poids-lourds locaux dans un style similaire aux contours flous entre vol plané progressif et violentes déflagrations électriques. C’est dire si l’auditeur est prêt à en voir (et à en entendre) de toutes les couleurs sur ce premier EP collaboratif ! Deux titres seulement et 24 minutes de musique ! C’est ainsi, le septet aime prendre son temps, ses aises, pour instaurer un climat, souvent intranquille et mû par une tension quasi-permanente, faussement calme et régulièrement dynamité par des assauts réguliers des guitares et les coups de butoirs impressionnants des deux batteries conjuguées. Le lien entre le heavy metal et le rock progressif.

En concert le 20 mars à La Maroquinerie

https://monkeysonmars.bandcamp.com/album/monkeys-on-mars

https://mrsredsound.com/index.php/artist/monkeysonmars/

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dimanche 19 octobre 2025

Bertrand Louis, La Manufacture Chanson, 15 octobre 2025.

Depuis qu’il a « osé » consacrer un album à la poésie de Philippe Muray (un poète anarchiste de droite), Bertrand Louis incarne une voix unique dans la chanson française, celle d’un franc-tireur aux textes corrosifs, un hussard de la chanson jugé infréquentable par certains ce qui lui vaut encore aujourd’hui un statut à « demi-compatible » avec certains médias qui rechignent à chroniquer ses disques. Le chanteur semble s’amuser de ce statut de trouble-fête et ne fait rien pour arrondir les angles, n’ayant de cesse d’épingler les travers de l’époque (le téléphone portable, les réseaux sociaux etc.), avec des mots choisis et un sens de l’humour incomparable, tel un improbable trait d’union entre Serge Gainsbourg et Didier Super. « A part la droite, il n’y a rien que je méprise autant que la gauche » chante Bertrand, mettant en musique l’effacement des repères actuels et balayant d’un coup ses supposées affinités politiques. Seul sur la minuscule scène de La Manufacture Chanson, entouré de sa guitare, d’un piano et de quelques claviers, Bertrand égrène les titres de son nouvel album dans un registre électro-pop, compensant l’absence de musiciens additionnels avec une énergie incomparable, incarnant, au sens premier du terme, tel un comédien, les personnages de ses chansons. « Un jour je serais lassé d’ironiser sur ce monde de merde » avoue le chanteur. De fait, c’est lorsqu’il se retrouve seul au piano avec pour compagnon la poésie de Baudelaire ou de Verlaine, que le chanteur émeut le plus. Musicien remarquable, pouvant passer de la tendresse à des éclairs aussi violents que la foudre, Bertrand Louis possède également les atouts pour s’imposer dans ce registre intimiste.

Dafné Kritharas, Festival de Marne, Théâtre Romain Rolland, Villejuif, 10 octobre 2025.

Artiste fascinante s’il en est, Dafné Kritharas, née d’un père grec et d’une mère française, fait de sa musique un voyage tenant à la fois de l’introspection familiale (le chant en grec à la recherche d’un père trop tôt disparu) que du pont tendu entre les cultures. Si la chose émeut sur disque (elle a déjà sorti 3 albums) c’est sur scène que la musique de Dafné prend réellement à la gorge. Chanteuse remarquable aux impressionnantes capacités vocales, c’est sur scène, pieds nus, que Dafné irradie, au milieu de ses musiciens. Elle virevolte, tournoie et danse, solaire bien que toute de noir vêtue. Et si ses chansons évoquent des destins tragiques, c’est pour mieux rayonner par la suite, comme une lueur d’espoir, la proverbiale lumière au bout du tunnel. L’espoir c’est bien là le maître mot, que la chanteuse trouve dans des mélodies ensoleillées, chaudes et rougeoyantes comme le soleil se couchant sur la mer Egée. Contrebasse (Pierre-Antoine Despatures) et batterie (Milàn Tabak) offrent une assise rythmique remarquable, parfois rehaussée de percussions orientales et empruntes de swing jazz. Au piano, Camille El Bacha révèle une personnalité musicale aventureuse, ses doigts défilent sur le clavier avec émotivité entre classicisme et électro. Enfin, derrière sa Stratocaster rose, le guitariste Louis Desseigne est la dernière pièce du puzzle et peut-être bien la plus versatile. Sa guitare se faufile dans l’improbable espace qui sépare les gammes arabisantes des (rares) éclairs rock. Prise dans sa globalité la formation dégage une force impressionnante qui semble faire vaciller la chanteuse. Dans le feu de l’action cette dernière dégage un charisme fou et paraît comme emportée par la musique, tourneboulée, parsemant son chant de cris d’encouragement vers les musiciens comme vers le public. Elle est tout aussi remarquable dans un registre plus dépouillé, piano/voix, intime et émouvant, en grec ou en français. Le concert se vit comme une grande fête, une bacchanale où le public est invité à danser sur scène lors du dernier rappel, dans la joie et la liesse. La musique, c’est la vie semble nous dire la chanteuse.

https://www.facebook.com/dafnekritharasofficial


Robert Finley, La Cigale, 9 octobre 2025.

En à peine dix ans de carrière, Robert Finley, s’est imposé comme un acteur majeur de la scène blues actuelle. Il faut dire qu’avec 71 printemps au compteur, l’homme n’a plus guère de temps à perdre. Les albums s’enchaînent avec une régularité métronomique que le chanteur semble prêt à défendre sur scène coûte que coûte pendant le temps qu’il lui est imparti. Ainsi donc ce soir, c’est la scène de La Cigale, quasiment complète, qu’il investit en compagnie d’un groupe remarquable de cohésion. Guitare, basse, batterie, claviers, affichant des looks de cow-boys, ainsi que sa fille, la chanteuse Christy Johnson. Comme le veut la coutume bien rodée dans ce genre de concert soul et blues, c’est au groupe seul qu’il appartient de chauffer la salle avant l’entrée en scène, triomphale, du chanteur. Et on chavire sous le groove dès les premières secondes sous les roucoulades soulful de l’orgue. C’est parti pour une heure et demie de régalade entre blues, soul et gospel. Les contre-chant poignants de sa fille Christy Johnson font basculer le concert dans la ferveur du gospel alors que le groupe pratique un groove expert et fort en bouche grâce aux interventions sublimes de la guitare et des claviers le long de soli inspirés. Sous son chapeau de cow-boy, Robert Finley n’est pas en reste, sa voix rocailleuse est à elle seule une voyage dans sa Louisiane natale, et il imprègne le concert affichant et la sagesse du vétéran (ses interventions parlées sont justes et émouvantes) et la jeunesse de ses 71 ans sautant à tout va dans une débauche d’énergie salvatrice. C’est beau et émouvant, profitons-en au maximum tant qu’il est là.

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dimanche 12 octobre 2025

L’Ambulancier, CSC Réberioux, Créteil, 4 octobre 2025.

Dès les premières secondes, Palem, a.k.a l’Ambulancier, annonce la couleur : « On va vous emmener en voyage dans une ville en Amérique, bienvenue à Manhattan ». De fait L’Ambulancier, déjà auteur d’un album d’un EP, tout deux très réussis, s’impose comme un projet entre-deux. Entre deux courants musicaux tout d’abord où cohabitent des guitares grunge héritées des années 90 et une batterie électronique, ainsi que des claviers, évoquant plutôt la synthwave de la décennie précédente, celle des années 1980. Une somme d’influences sommes toutes très anglo-saxonnes, entre les deux rives de l’Atlantique, mais, là encore, compensées par des paroles en français évoquant une ambiance urbaine et nocturne à bord d’une ambulance sillonnant à toute blinde les rues d’une mégalopole imaginaire : le french Manhattan. Une atmosphère survoltée donc parfaitement rendue par des musiciens très efficaces et qui se donnent à fond. Palem, le chanteur n’est pas le dernier à donner de sa personne, éructant et sautant dans tous les sens arpentant la scène de long en large. Carré et efficace, le groupe nous fait passer un excellent moment, s’essayant même à un moment donné au flow hip-hop avec une maîtrise aléatoire. Il s’agît là du seul (léger) bémol à une prestation par ailleurs excellente de bout en bout.

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samedi 4 octobre 2025

Tyger Tyger, Théâtre de l’Île Saint-Louis, 3 octobre 2025.

Après une année d’absence, Tyger Tyger, le projet baroque réunissant Laure Slabiak (BlauBird) et François Puyalto, fait son retour sur scène, dans le magnifique écrin du théâtre de l’Île Saint-Louis renaissant, nichée sur les bords de la Seine. Avec ses poutres apparentes en bois ancien au plafond et sa jauge intime dépassant à peine la cinquantaine de spectateurs, le Théâtre de l’Île Saint-Louis est le parfait écrin pour le spectacle du soir qui se vit comme un véritable voyage dans le temps. Les murs, rouges, anciens, du théâtre respirent le passé, le vécu, et vibrent à l’unisson du répertoire du duo reprenant des airs allant du 16ème (« L’ombre de mon amant ») au 20ème siècle (Barbara, Bashung, Gainsbourg et même Johnny Hallyday, si si!) Avec la grâce qui habite le moindre de ses mouvements et la distinction qui la caractérise, BlauBird est parfaite dans l’exercice. Ses capacités vocales, formée à l’école de l’art lyrique, lui permettent de renouer avec un contexte classique tout en s’en éloignant, et collent parfaitement au répertoire même lorsque ce dernier traverse la Manche (« Tyger Tyger » le poème de William Blake qui donne son nom au projet ou « Cold and Raw », une chanson traditionnelle anglaise du 16ème). Non seulement le chant de BlauBird est émouvant (une habitude) mais cette dernière est également drôle dans ce contexte particulier. Le spectacle n’est pas un simple concert mais est mis en scène, alternant chansons, textes parlés et mini sketches qui en disent long de la complicité musicale unissant ces deux-là. Car le spectacle ne serait pas une telle réussite sans l’apport fondamental de François Puyalto. Sa basse acoustique apporte une coloration folk à l’ensemble (il joue d’ordinaire en électrique) et son jeu formé au jazz, explore des gammes inédites d’une extrémité à l’autre du manche et se lance dans des embardées sauvages, empreintes de swing, slappées, jouées en accords ou en arpèges. Sa voix éraillée incarne également le parfait contrepoint du timbre raffiné de BlauBird. Enfin, la paire a assuré le représentation du soir sans la moindre amplification, point de micro ni d’ampli (la jauge réduite du lieu s’y prête particulièrement bien), et la performance à elle seule mérite d’être saluée. La musique du duo emporte l’auditeur et évoque la classe, la distinction et l’élégance d’une époque révolue.

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vendredi 3 octobre 2025

Bertrand Louis : « Stéréotype(s) »

 


Après avoir mis en musique la poésie, au fil d’albums consacrés à Baudelaire, Verlaine ou Muray, Bertrand Louis s’est décidé à observer le monde, son évolution et les travers y afférent (réseaux sociaux, écriture inclusive, militantisme écologique etc...) Après une période de réflexion l’artiste a enregistré ce nouvel album, seul, avec pour seuls compagnons ses claviers, sa guitare et diverses programmations. Bertrand s’est également amusé avec l’intelligence artificielle, pour générer d’improbables voix robotiques qui parsèment l’album d’injonctions comminatoires. Aussi improbable que cela puisse paraître le résultat est très réussi et fait basculer l’album dans une autre dimension, une terra incognita musicale, brossant un portrait acide et peu reluisant de l’époque. Il se dégage de ces chansons une ironie mordante, comme un portrait en creux épinglant l’idiotie et la bêtise actuelle en utilisant les mêmes termes que ces dernières ("Phobe"). C’est au travers de cet immense miroir déformant que Bertrand Louis observe le monde au point de flirter avec des imprécations orwelliennes (l’expression « Police de la pensée » est citée dans la mordante « Tavuskiladi ! »). On trouve dans cette dérision une forme de réconfort. Grinçant mais surtout drôle.

En concert le 15/10 à la Manufacture Chanson.

http://www.bertrandlouis.com/






jeudi 2 octobre 2025

The Delines + Johnny Irion, Supersonic Records, 30 septembre 2025.

C’est un magnifique plateau americana qui a été réuni en ce mardi soir sur la petite scène du Supersonic Records. On débute avec le méconnu (dans nos contrées) Johnny Irion qui, au vu de sa sublime prestation du soir, a tout pour devenir l’héritier le plus crédible de Neil Young. En effet Johnny possède un grain de voix de tête aussi léger que celui de son modèle et alterne, comme lui, titres poignants acoustiques et assauts rock brutaux avec un égal bonheur. Du country folk au rock massif chargé en décibels, tout lui réussit pratiquant le grand écart musical avec autant de brio qu’un Jean-Claude Van Damme. C’est enivrant ! Superbe découverte pour la majorité du public, une poignée d’initiés se souviendront qu’il avait déjà arpenté les scènes de la capitale, au sein de son groupe Dillon Fence, en 1995 en première partie des Black Crowes.

https://www.facebook.com/johnnyirionmusic

Scandaleusement méconnus également, The Delines, est de retour après un premier passage dans la capitale en 2022. Mettant à profit un line-up relativement atypique, incluant claviers et trompette, pour ce genre de musique racinienne, The Delines offre un regard particulier sur la musique étasuniennes. Empreinte d’envolées jazzy (cf. la trompette) et instaurant un climat apaisant grâce aux nappes synthétiques, la musique des Delines se veut contemplative et autant planante qu’évocatrice des grands espaces d’outre-Atlantique. Ainsi, le quintet pratique un swing ouaté, tout en délicatesse, porté par la magnifique voix de sa chanteuse. Guitare et claviers se partagent la part du lion pour un rendu apaisant et impeccable de bout en bout.

https://www.facebook.com/thedelines


Robert Finley : « Hallelujah ! Don’t Let The Devil Fool Ya »

 


Mû par un désir irrépressible de rattraper le temps perdu, après des années à végéter, Robert Finley, 71 ans, ne s’arrête plus ! Un album tous les deux ans, environ, depuis sa rencontre avec son producteur fétiche, Dan Auerbach : son cinquième effort sort ces jours-ci. Quel destin extraordinaire que celui de Robert Finley, consacré sur le tard ! Ce nouvel album ne déroge pas à la règle, il est excellent ! Accompagné par sa chanteuse de fille, Christy Johnson, auteure par ailleurs de contre-chant poignants, Finley livre un album habité par le blues, le gospel et la soul. Seulement huit titres au programme, mais quels titres ! Dépassant les sept minutes, les compositions propagent une fièvre contagieuse, habitées par la foi, hypnotiques et entêtantes. Ce qui n’empêche pas ces nouvelles chansons de pousser les aiguilles dans le rouge à l’occasion (« Holy Ghost Party »), portées par ce son caractéristique concocté par Auerbach et mettant magnifiquement en valeur le grain de voix, cassé et respirant le vécu, de Robert Finley. Une fois encore, le résultat est irrésistible.

Sortie le 10 octobre.

En concert le 9 octobre à La Cigale.

https://www.facebook.com/RobertFinleyMusic




dimanche 28 septembre 2025

Johnny Irion : « Sleeping soldiers of love »

 


C’était le samedi 4 février 1995, au Zénith de Paris, un groupe relativement méconnu, Dillon Fence, assurait la première partie des Black Crowes. Dillon Fence, une formation largement oubliée depuis mais au de sein de laquelle se trouvait un certain Johnny Irion que l’on retrouve, un peu par surprise, aujourd’hui avec un quatrième album solo sous le bras. C’est dire s’il s’en est passé des choses depuis et notamment son duo avec son ex-femme Sarah Lee Guthrie (petite fille de vous savez qui) qui dura deux décennies. Un parcours largement passé sous nos radars, et c’est bien dommage, mais qui ne fait que renforcer le plaisir de retrouver notre homme Johnny aujourd’hui ! Car ce nouvel effort classe Johnny dans le haut du panier des songwriters étasuniens. Il se dégage une sorte d’évidence de ces compositions entre folk, rock et country, qui si elles ne plagient personne s’inscrivent naturellement dans le sillage des grands anciens, de Neil Young à Neal Casal en passant par Dylan LeBlanc pour citer un exemple plus récent. Une petite merveille d’album.

En concert le 30 septembre au Supersonic Records.

https://www.johnnyirionmusic.com/

https://johnnyirionmusic.bandcamp.com/album/sleeping-soldiers-of-love-3

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vendredi 26 septembre 2025

Marc Ribot : « Map of a blue city »

 



Un peu méconnu du grand public, Marc Ribot est un guitariste virtuose qui a multiplié les collaborations depuis les années 1970, chez Tom Waits ou Robert Plant notamment, ou sur ses albums instrumentaux, couvrant un large spectre, du jazz à l’avant-garde. Si on connaît donc bien son jeu de guitare atypique, sa voix reste à découvrir et il s’agît là de l’objet de ce nouvel album, le premier qui donne à entendre son chant. Marc Ribot prend des risques donc. Musicalement on en avait l’habitude et l’on retrouve ici, avec plaisir, son approche oblique, du blues déstructuré « Say my name » à la musique brésilienne « Daddy’s Trip to Brazil » revisitée à sa façon, loin d’être conventionnelle. L’autre aspect marquant de ce nouvel album est son minimalisme. Abordant ce nouvel exercice avec réserve, Ribot n’ose affronter frontalement le chant et préfère une approche mi-sussurée, à demi parlée, à l’avenant de sa proposition musicale, intime (« Map of a blue city ») et qui n’est pas exempte de ses habituelles expérimentations ; comme la bande originale d’un réveil comateux ("Optimism of the Spirit").

https://www.marcribot.com/






vendredi 5 septembre 2025

Shaggy Dogs : « Pinball Boomers »

 


C’est le propre des grands musiciens, faisant partie du paysage depuis longtemps, de développer un style immédiatement reconnaissable. Ce fameux paysage, les Shaggy Dogs le parcourent depuis 9 albums et le leur se situe au confluent d’influences intemporelles : le blues (« My Baby left me in the fog »), le rock’n’roll (important le roll en l’espèce) et le rhythm and blues, le tout indissociable de deux totems majeurs : Dr Feelgood (« Lee’s the man », en hommage à Lee Brillaux disparu dans l’indifférence générale le même jour que Kurt Cobain) et les Rolling Stones (« Your love is Dynamite », au riff Keith Richardsien). Un creuset que le groupe travaille toujours plus profondément, ajoutant cette fois ci une section de cuivres pour ajouter une nouvelle couleur à l’ensemble et trouve ainsi un soupçon de groove supplémentaire ("We could have been to China"). C’est un fait acquis : avec un cocktail, impossible de s’ennuyer à l’écoute ! En dix titres primesautiers (ou presque), le quintet nous donne raison, la fiesta blues’n’roll est loin d’être terminée, et c’est tant mieux ! Pourvu que cela dure !

Sortie le 26 septembre

https://fr-fr.facebook.com/shaggydogs/

https://shaggy-dogs.com/wp-shaggydogs/





jeudi 4 septembre 2025

Tav Falco : « Desire on Ice »

 


Toujours vaillant à 80 ans, Tav Falco sort son quatorzième album ! Sans son groupe Panthers Burns, qu’il mène depuis 1979, mais avec un impressionnant casting d’invités : Bobby Gillespie (Primal Scream), Chris Spedding (le virtuose méconnu de la guitare), Charlie Musselwhite, Jon Spencer (Blues Explosion), Nicole Atkins et même notre Bertrand Burgalat national (liste loin d’être exhaustive) ! A l’image de la pochette, représentant le chanteur à différents ages entre 1983 et 2019, ce nouvel album voit Tav Falco revisiter certains de ses anciens titres (« Cuban Rebel Girl », « Lady from Shanghai », « Gentleman in black ») sur un mode nouveau et en profite pour glisser quelques nouvelles compositions dans l’intervalle (« Crying for more »). Dès le premier titre, « Prologue », Falco nous plonge dans son univers personnel si particulier et, comme de coutume, la magie fonctionne à tous les coups. Il n’y a qu’un seul lien entre le blues et le tango, le jazz et le rockabilly, et ce lien c’est Tav Falco, bien sûr ! Un type fasciné par Mata Hari et qui fantasme la romance de Paris ou de la Havane en chansons. Une créature de film noir, ou d’espionnage, dont la voix transporte à elle dans un monde suranné, dangereux et romantique, imperméable et chapeau trempés sous la pluie, la clope au bec. Indispensable, irremplaçable et essentiel, ladies and gentlemen : Tav Falco !
Sortie le 12 septembre

http://www.tavfalco.com/home.html

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samedi 30 août 2025

The Amazing Keystone Big Band : « Fascinating Rhythm(s) »

 


Avec toute la maestria dont il a l’habitude, The Amazing Keystone Big Band s’attaque au répertoire de George Gershwin et, comme de coutume, c’est une grande réussite. Orchestre de grande ampleur, comptant une dizaine de musicien, The Amazing Keystone Big Band a trouvé dans le corpus de Gershwin le matériau idoine pour laisser apparaître au grand jour toute son élégance et son exigeant sens du swing. Epaulé par quelques jeunes talents vocaux de la scène jazz (Neima Naouri, Benny Benack III, Fleur Worku, Pablo Campos et Charlotte Wassy), l’orchestre nous offre un geste musical d’une classe ultime évoquant à la fois les comédies musicales de Broadway, la musique de film avec quelques détours vers le blues ou le Brésil voire l’expérimentation avant-gardiste (« Fascinating Rhythm ») sans perdre pour autant son identité. L’écoute de l’album convoque chez l’auditeur des images surannées, aux classieuses teintes sépias. La réussite est totale !

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https://www.keystonebigband.com/




vendredi 29 août 2025

DNVR

 


Ce premier album de la formation française DNVR (qui se prononce Denver) a tout de la bonne surprise que personne n’attendait. Prometteur, le sextet l’est assurément avec cet album alliant la soul intemporelle de haut niveau, n’ayant pas grand-chose à envier aux groupes d’outre-Atlantique, au jazz, dont l’ombre fantomatique plane au-dessus des compositions du groupe. Le groove se mêle ainsi au swing et de nombreux passages instrumentaux agrémentent les chansons sans pour autant que le groupe ne perde le fil et l’auditeur au passage. La démarche est aventureuse et place d’emblée dans le haut du panier de la soul d’ici. Enregistré dans les conditions du live, ce qui ne se sent absolument pas tant le son et la production est soignée et l’exécution parfaite, l’album dégage un sentiment de fraîcheur bienfaitrice, incarné à la perfection par la voix de la chanteuse Angie. Le groupe a également bénéficié de l’expérience et du savoir-faire d’Arnaud Fradin (Malted Milk) qui a mixé le disque. Un album qui fait du bien. Ecoutez-le !

https://www.facebook.com/wearednvr





jeudi 28 août 2025

Gloria : « III »

 


Le mystérieux groupe lyonnais est de retour et, ne boudons pas notre plaisir, tant le sextet nous gratifie d’un album des plus réussi. Toujours organisé autour de son trio de chanteuses, Gloria nous entraîne dans un entre-deux où le psychédélisme se teinte de couleurs sombres. Jamais très éloigné des sacro-saintes sixties, le groupe sait cependant s’en éloigner, à bon escient, pour multiplier les compositions envoûtantes où la psychédélie du groupe, la répétition hypnotique, est dynamitée par une excellente section rythmique et autres cavalcades de la guitare électrique. Les nouvelles chansons du groupe révèlent de nombreuses surprises, des détours étonnants, des montées en tension et des phases d’apaisement qui n’oublient pas de ménager quelques détours acoustiques. Le chant à l’unisson des trois voix féminines (Amy Winterbotham, Wendy Martinez et Marie Louise Bourgeois), la véritable marque de fabrique de Gloria, joue un rôle important dans le potentiel de séduction du groupe. Des trois voix il se dégage quelque chose qui relève du chœur mystérieux. Dès les premières secondes d’écoute, l’auditeur à ainsi l’impression d’entrer dans quelque temple obscur, interlope et mystérieux, où se pratiquent d’inquiétants rites ancestraux. Un tel imaginaire ne peut évidemment se développer sans une production nickel, aux petits oignons. Non, vraiment ce nouvel album est magnifique !

En concert le 12 novembre au Petit Bain

https://www.facebook.com/gloriagirlgroup




samedi 23 août 2025

Alex Henry Foster : « A Nightfall Ritual, Live in Köln, July 27, 2024 »

 


Episode 3/3. Dans le long processus de guérison d’Alex, après sa lourde opération chirurgicale, il restait une dernière étape à franchir : retrouver sa voix, son chant. Après avoir laissé la chanteuse Momoka Tobari (l’album « Kimiyo ») incarner ses chansons et un album instrumental (« A Measure of Shape and Sound ») sorti dans la foulée, il lui fallait retourner derrière le micro. Une tâche dont le Québecois s’acquitte avec un album live (son deuxième après un disque enregistré dans le cadre de festival de jazz de Montréal), enregistré en Allemagne en 2024 (hélas, il ne passe plus par la France depuis 2022). A l’instar des musiciens de jazz, qui ont la réputation de jamais jouer une chanson de la même façon, Alex n’a de cesse, sur scène, de réinventer, encore et toujours, son répertoire. Ainsi, ce nouvel effort se révèle particulièrement épique, seulement 4 titres, oscillant entre 9 et 16 minutes. Une odyssée sonore au long cours alternant le calme et la tempête, la transe et la répétition hypnotique, creusant très loin pour faire ressortir des émotions enfouies. Quiconque à déjà vu Alex Henry Foster et son groupe en concert savent que ces derniers ont pour habitude de sortir de scène exsangues et en nage après trois heures de concert. Des performances intenses, parfaitement documentées sur ce nouvel album.



vendredi 22 août 2025

Nesles : « Barocco »

 


Si l’on en croit le communiqué de presse accompagnant la sortie de ce nouvel album, Nesles « décide de revenir aux sources : la chanson. La chanson qui doit tenir toute seule comme une grande ». Et pourtant, paradoxalement, avec ce nouvel effort, Nesles nous offre un album particulièrement complexe, aux arrangements ambitieux, à l’instar de ce « Beckett » d’ouverture à la ligne synthétique hypnotique. Mais une écoute attentive de la chose, nécessaire pour en saisir tout le nectar, permet de cerner les ambitions de l’artiste à propos de ce nouvel album. S’il s’agit bien d’une collection de chansons, joliment arpégées, il n’est point question de faire un disque simple et intimiste (« Antilope », « Quelque chose brille »). La grande variété d’arrangements permet ainsi d’en colorer les contours à l’image du sublime « Quelque chose brille » dont la violence subreptice de la guitare électrique traverse et électrise le titre tels les éclairs lézardant un ciel lourd et orageux. Signe de l’éclectisme de l’artiste, ses mélodies se font volontiers primesautières et légères à l’occasion, en totale dichotomie avec ses textes plutôt sombres, tel ce « Anatomie (rien à foutre) » enluminé par les chœurs assurés par le duo BlauBird/Gabriela Etoa. Assurément, une réussite.

https://www.facebook.com/NESLES/






jeudi 21 août 2025

Tami Neilson : « Neon Cowgirl »

 


Depuis sa Nouvelle-Zélande d’adoption, la Canadienne Tami Neilson construit, album après album, un corpus des plus attachant dont la nouvelle itération est sortie au début de l’été. Solidement ancrée dans une tradition musicale séculaire typiquement étasunienne, qui va du country & western au rockabilly, Miss Neilson ne se prive pas de quelques pas de côté vers la pop (« Borrow my boots ») ou la soul music (« Love Someone »). C’est ainsi, chez elle, la musique est considérée comme un tout indivisible, peu importe les considérations de style, rien ne compte plus que l’émotion véhiculée et la justesse de l’interprétation. En l’espèce, l’auditeur sera plus que servi et ce nouvel effort s’écoute comme un grand huit émotionnel, émouvant (« Keep On », « Foolish Heart », « Loneliness of love ») ou euphorisant (« Heartbreak City, USA » ; « You’re gonna fall » en duo avec l’excellent JD McPherson). Le talent vocal exceptionnel de Tami Neilson trouve ainsi l’écrin parfait, propre à faire briller de mille feux l’aspect protéiforme de sa voix. Un nouvel album hélas enregistré sans son frère, fidèle guitariste, auquel le disque est dédié alors « qu’il était endormi ».

https://www.facebook.com/tamineilsonmusic

https://www.tamineilson.com/





dimanche 17 août 2025

RIT : « Hobo Blues »

 


Enregistrer un bon album de blues est avant tout une question d’authenticité. Prenez Rit par exemple plutôt que de tenter d’émuler le style du Delta, qu’il n’arrivera jamais à égaler, le musicien préfère adapter le style à ce qui lui correspond et qui, au final, lui permet d’accéder à une forme de sincérité honnête, désarmante, et profondément touchante (« Je n’ai que le blues »). En l’espèce, Rit plutôt que de baragouiner en anglais préfère le chant en français quitte à flirter avec un flow quasi hip-hop (« Huckleberry Finn Blues ») ou à se rapprocher d’une esthétique proche de la chanson. Dans le même ordre d’idée, Rit fait tout et tout seul. Les guitares sont tantôt slidées, tantôt folk, où se lancent dans le grand bain électrique avec une abrasivité juste et mesurée. Le battement est réduit à sa plus simple expression, une grosse caisse, une cymbale mais cela suffit pour procurer ce feeling entre groove et transe hypnotique (« Le fond et la forme »). Mettant en avant cette rugosité qui n’appartient qu’à lui, Rit joue le blues comme personne. C’est un vrai artiste.

https://www.instagram.com/rithommequintet/




vendredi 15 août 2025

Ronan One Man Band : « A piece of life »

 


Plus qu’un album, une tranche de vie signée en, solo intégral (exception faîte de quelques renforts pour les chœurs) par Ronan, sa voix rauque immédiatement identifiable, et sa guitare. Et rien d’autre. Et pourtant, pour peu que les planètes s’alignent, ce qui est le cas ici, il n’est besoin de rien de plus. Le talent exceptionnel du musicien explose ainsi aux oreilles de tous les chanceux qui auront l’occasion de l’écouter. Ecouter, réellement écouter, est bien le verbe qui convient en la circonstance, pour saisir toute la finesse de son jeu de guitare, la délicatesse de son picking, la virtuosité délicate de ses arpèges. Une démonstration de virtuosité, discrète, guidée par le feeling plus que la technique. Et puis il y a la voix, grave, rauque, profonde propre à faire ressentir toutes les nuances du blues. S’il est possible que certains n’adhèrent pas à ce timbre, il est pour autant inoubliable et ne laissera personne indifférent. Et, pour finir, la dernière pièce du puzzle, le répertoire de Ronan, ancré dans le blues mais qui ne s’interdit pas quelques pas de côté vers le folk (« Compagnon de bordées » seul titre en français), l’électricité (« I won’t let you go »), la working song ("Misery and Pain") ou la soul (« I Raise my head » ; "Trouble (I'm in)"). Un accident heureux, de la magie captée sur bande, plus qu’un album, une tranche de vie.




jeudi 14 août 2025

Lone Wolf & Rice Fab

 




Tout, de la pochette au son très roots du disque, pourrait faire penser que l’on a affaire à un duo venu du Delta. Il n’en est rien et, né entre Nantes et Rennes en plein Covid, le duo est bien de chez nous. Ils sont donc deux partenaires dans le crime : Lone Wolf (guitare acoustique et percussions) et Rice Fab (harmonica). Leur premier album, 13 titres, sent bon le whisky frelaté et la déglingue. Il y est bien entendu question de blues, la frappe rythmique rudimentaire combinée à la voix écorchée et profonde de Lone Wolf, particulièrement impressionnante sur « No More Water », procure un étrange sentiment hypnotique (« Crossroad Sign » ; « Last night Dream ») alors que l’harmonica, très présent, ne se contente pas de petites phrases mais se lance dans des lignes aussi longues qu’une odyssée. Le dossier de presse nous apprend que, pendant l’enregistrement, le duo réussissait souvent son coup dès la première prise. Et c’est peut-être de là que vient le caractère intemporel, frais et spontané de cet impeccable premier album. L’écouter, c’est partir en virée dans le Delta sans bouger de son siège !





vendredi 8 août 2025

Jessie Lee & The Alchemists : « Legacy »

 




Voici le troisième album de Jessie Lee & The Alchemists qui aura rarement aussi bien porté son nom que sur ce nouvel effort. En effet, enregistré à l’ancienne, prise live en groupe et matériel d’époque labellisé, ce nouvel effort revient à l’essence même de la musique : jouer, s’écouter mutuellement, laisser les accidents heureux arriver et le destin faire son œuvre. La manœuvre est risquée et, bien souvent, est une porte ouverte à la catastrophe sous forme d’albums ennuyeux et inécoutables. Mais lorsque l’on a affaire à des musiciens aussi talentueux, l’alchimie est fabuleuse ! Le groupe prend soin de laisser les compositions s’épanouir, toutes tournent autour de cinq à sept minutes, pas de quoi tomber dans l’emphase mais il y a suffisamment de matière pour laisser la place aux détours surprenants, du gros riff rock qui tue au break soulful et groovy. Si la musique des années 70 est une toile, le groupe s’amuse à glisser dessus d’un genre à l’autre, parfois au sein du même morceau. On y trouve du rock, du blues et de la soul, autant d’influences dont le groupe s’empare, sans plagier, mais fait siennes et y apporte une touche contemporaine, sans passéisme aucun. Grande classe !

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jeudi 7 août 2025

Alex Henry Foster : « A Measure of Shape and Sound »

 


Episode 2/3. Nous avions quittés Alex, au sortir de sa chirurgie cardiaque, dans l’incapacité de chanter. Après avoir fait appel à la chanteuse japonaise Momoka Tobari de le suppléer, le temps de l’album « Kimiyo », Alex continue sa reconstruction, cette fois-ci sur un mode totalement instrumental. Ce qui résulte en une évolution significative de sa proposition musicale ! A l’écoute de cet album, qu’il semble loin le temps des guitares saturées, indé post grunge, de Your Favourite Enemies (son ancien groupe) ou même l’époque des Long Shadows aux explorations progressives. D’exploration il est pourtant question ici. Point de chansons, mais de longues plages sonores, planantes, concoctées en compagnie de son complice Ben Lemelin. Une extrapolation musicale, en apesanteur, poussant encore plus loin le curseur de l’expérimentation, débarrassée de toute influence rock, le duo accoucherait plutôt d’une bande sonore ambiante pour accompagner une séance de méditation. Il appartient alors à l’auditeur d’accepter cette sorte d’abandon de soi que réclame un tel disque pour en apprécier la substantifique moelle. Il faut plusieurs écoutes répétées et attentives pour en saisir les subtilités et accéder à sa beauté qui ne se révélera pas de manière immédiate. Un album exigeant.

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vendredi 4 juillet 2025

Solaris Great Confusion & Original Folks : « Vol. 1 »

 


Derrière ce split album collaboratif des deux formations, on retrouve deux figures du folk à savoir, Stephan Nieser (Solaris Great Confusion) et Jacques Speyser (Original Folks), tous deux ayant également fait partie des deux formations à un moment ou à un autre. Il plane donc comme un air de retrouvailles sur cet album que les deux groupes se partage à raison de six titres chacun. Mais la ligne séparant les deux groupes est très fine puisque tout a été enregistré en même temps avec les mêmes musiciens, la seule différence se situant dans le chant. Le mimétisme se poursuit à l’écoute et il est difficile de faire la différence, les deux groupes partageant les mêmes influences, entre pop et folk, d’obédience britannique à la quête de la mélodie parfaite. Celle qui hante l’esprit et l’oreille. Tout juste on notera un penchant à l’expérimentation plus prononcé chez Solaris Great Confusion, notamment sur la reprise de « Believe » de Cher et une pointe d’americana légèrement plus présente chez Original Folks lorsqu’ils reprennent, avec tout le charme des années 50 réinventées, Bobby Darin (cf. « Dreamlover »). Pour le reste nous avons affaire ici à un album doux et rêveur, planant et de très haute tenue.

vendredi 27 juin 2025

L’Ambulancier : « French Manhattan »

 


Après un premier EP, L’Ambulancier est de retour avec un album inaugural en bonne et due forme peu ou prou dans la même lignée. Un petit rappel s’impose. Derrière le patronyme un peu générique se trouve le projet musical de Palem Candillier (par ailleurs auteur d’ouvrages sur les Beatles ou Nirvana) et il est facile de déceler derrière cet album l’ancien kid ayant grandi dans les années 1990 au son du grunge et de la scène indé/alternative anglo-saxonne de l’époque (on note également un clin d’œil aux Red Hot Chili Peppers sur la pochette). Aux guitares saturées typiques de l’époque, L’Ambulancier ajoute une dose d’électro ("L'Ocre") dans la juste mesure et, surtout, chante en français. C’est là que se niche la patte de l’Ambulancier, bien loin d’être une simple resucée des 90s. Ainsi le titre « French Manhattan » dit finalement tout de ce groupe. Cela ressemble aux Etats-Unis mais la francité de la démarche reste évidente et lui donne toute sa singularité. Ceci étant posé, il ne reste plus qu’à se délecter de ces dix compositions originales (auxquelles s’ajoute cinq titres en bonus) franchement bien foutues, entraînantes et dynamiques (« Central.e »), baignant dans un singulier univers mécanique (« Panne Sèche », « Patinage (le point de) ») dans lequel l’auditeur est immédiatement plongé. A écouter en voiture, le soir dans les rues désertées, en rentrant, par exemple, d’un concert.

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