mardi 4 août 2020

Rodolphe Burger : « Environs »



Le huitième album de l'ancien chanteur de Kat Onoma, une des voix les plus indispensables de la chanson française, part d'une vieille carte géographique, de la région de Colmar (celle d'où est originaire le chanteur), dont le nom des villes a été effacé par le passage inéluctable du temps. Chinée aux Puces de Clignancourt par Fred Poulet (musicien et réalisateur de son état) et offerte à son ami Rodolphe, le singulier objet a suffisamment intrigué le chanteur au point de lui inspirer un disque entier. Un album d'errance où le chant voyage de langues en langues (français, anglais et welche, le patois local) et au-dessus duquel plane le fantôme de Serge Gainsbourg (cf. le titre d'ouverture « Bleu Bac »). L'auditeur est quant à lui baladé par une musique nomade aux sons incertains, vaguant de l'acoustique chaleureuse à l'électronique cotonneuse, bercé par l'ambiance nocturne qui se dégage de cette remarquable collection de chansons, cohérente et hantée de bout en bout. Une musique nomade, voire mutante, mais qui se souvient parfaitement de sa genèse comme le prouve les reprises, chipées chez Sam Cooke (« Lost & Lookin »), Grant Lee Buffalo (« Fuzzy ») ou Can (« Mushroom »), et parfois traversée de violents éclairs, blues ou reggae, électriques (« Ba Ba Boom Time »). Enfin, comment ne pas être submergé par l'émotion alors que résonne la voix du regretté Christophe, capturée pour l'éternité dans « La Chambre », chère à Kat Onoma, qui clôt ce magnifique, envirant (du verbe envirer, tourner sur soi-même), album. 

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