mardi 21 mars 2017

Otis Taylor + Mathis Haug, Pan Piper, 20 mars 2017.



Axant sa programmation autour du blues et de la soul, les soirées Crossroads Nights du Pan Piper sont devenus, assez rapidement, un rendez-vous incontournable pour les amateurs de la note bleue vivant dans la capitale. Et ce n'est pas la programmation, sublime et complémentaire, de cette troisième soirée qui va nous faire changer d'avis…

On commence avec le bluesman Allemand, mais exilé en France depuis trente cinq ans, Mathis Haug à qui il revient d'ouvrir les festivités. Tout auréolé de la réussite de son nouvel album, « Wild Country », Mathis se présente ce soir dans une formation, en duo, guitare folk et violon, assez inédite. Après un début de set assez sage, rapidement les deux musiciens se trouvent et entament un passionnant dialogue où les instruments se répondent l'un à l'autre. Le duo part alors à la dérive, prolongeant la durée des morceaux, le concert devenant un happening jam improvisée. La voix de gorge de Mathis, grave et légèrement éraillée, véhiculant les émotions à la pelle est superbe. Le charisme et le français absolument parfait du chanteur faisant le reste. Prenant visiblement leur pied, le sourire jusqu'aux oreilles, les deux musiciens nous remontent le moral et c'est toujours bon à prendre un lundi soir…

Après ces excellents débuts, on franchît une étape supplémentaire en compagnie d'Otis Taylor qui, lui, s'exprime dans un registre très électrique. Aussi galvaudée soit-elle, l'expression « venir des tripes » prend une signification nouvelle tant la musique de Taylor dégage quelque chose de bestial. Le niveau affiché par les musiciens est hallucinant, la scansion de la batterie, et le groove aussi, sont absolument déments, la basse est aussi solide qu'un mur de béton (on apprécie au passage le solo slappé) et la guitare de Taylor, souffle le chaud et le froid, en même temps qu'elle passe du son clair au son saturé («SAUVAGE !» comme il dit). Un violon, apaisant, complète la formation faisant contraste avec la dureté de la six cordes. Chez Taylor, le blues possède quelque chose d'hypnotique, proche de la transe, les morceaux sont très longs, le spectateur passant par toutes les couleurs entre le début et la fin d'une chanson. Imposant, par sa stature, exigeant avec ses musiciens comme avec le public (« No flash ! »), Otis Taylor nous a, en outre, ravi avec sa reprise de « Hey Joe » qui avait servi de point de départ au concept de son album précédent. Un grand moment !



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