Axant sa
programmation autour du blues et de la soul, les soirées Crossroads
Nights du Pan Piper sont devenus, assez rapidement, un rendez-vous
incontournable pour les amateurs de la note bleue vivant dans la
capitale. Et ce n'est pas la programmation, sublime et
complémentaire, de cette troisième soirée qui va nous faire
changer d'avis…
On commence avec le
bluesman Allemand, mais exilé en France depuis trente cinq ans,
Mathis Haug à qui il revient d'ouvrir les festivités. Tout auréolé
de la réussite de son nouvel album, « Wild Country »,
Mathis se présente ce soir dans une formation, en duo, guitare folk
et violon, assez inédite. Après un début de set assez sage,
rapidement les deux musiciens se trouvent et entament un passionnant
dialogue où les instruments se répondent l'un à l'autre. Le duo
part alors à la dérive, prolongeant la durée des morceaux, le
concert devenant un happening jam improvisée. La voix de gorge de
Mathis, grave et légèrement éraillée, véhiculant les émotions à
la pelle est superbe. Le charisme et le français absolument parfait
du chanteur faisant le reste. Prenant visiblement leur pied, le
sourire jusqu'aux oreilles, les deux musiciens nous remontent le
moral et c'est toujours bon à prendre un lundi soir…
Après ces
excellents débuts, on franchît une étape supplémentaire en
compagnie d'Otis Taylor qui, lui, s'exprime dans un registre très
électrique. Aussi galvaudée soit-elle, l'expression « venir
des tripes » prend une signification nouvelle tant la musique
de Taylor dégage quelque chose de bestial. Le niveau affiché par
les musiciens est hallucinant, la scansion de la batterie, et le
groove aussi, sont absolument déments, la basse est aussi solide
qu'un mur de béton (on apprécie au passage le solo slappé) et la
guitare de Taylor, souffle le chaud et le froid, en même temps
qu'elle passe du son clair au son saturé («SAUVAGE !» comme
il dit). Un violon, apaisant, complète la formation faisant
contraste avec la dureté de la six cordes. Chez Taylor, le blues
possède quelque chose d'hypnotique, proche de la transe, les
morceaux sont très longs, le spectateur passant par toutes les
couleurs entre le début et la fin d'une chanson. Imposant, par sa
stature, exigeant avec ses musiciens comme avec le public (« No
flash ! »), Otis Taylor nous a, en outre, ravi avec sa
reprise de « Hey Joe » qui avait servi de point de départ
au concept de son album précédent. Un grand moment !
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