vendredi 9 mai 2008

« Shine a light » de Martin Scorsese


Martin Scorsese est à bien des égards un cinéaste rock. Cadreur débutant sur le film-concert « Woodstock », réalisateur de « The Last Waltz » (le concert d’adieu de The Band), du documentaire « No direction Home » ayant Bob Dylan pour sujet et producteur d’une série de films sur le blues. Il paraît qu’il choisit lui-même les chansons de ses bandes originales en puisant dans sa collection personnelle de disques (Tarantino fait la même chose). Laquelle collection doit contenir un certain nombre d’albums des Rolling Stones, il a utilisé trois fois le titre « Gimme Shelter » (ne pas confondre avec le film du même nom) pour ses films « Les Affranchis », « Casino » et « Les Infiltrés ». Aussi la rencontre d’un mythe du 7ème art avec un autre mythe rock n’roll s’annonçait plutôt excitante. Mais c’est hélas une montagne qui accouche d’une souris.

Le film commence donc comme un documentaire qui nous présente les coulisses de l’exploit ainsi que le dispositif technique mis en place pour le tournage : caméras qui pivotent dans toutes les directions, projecteurs qui risquent de cramer Jagger, ouais, bon, c’est un peu comme un Taratata version deluxe. En ce sens le film rappelle un peu « Gimme Shelter » (ne pas confondre avec la chanson du même nom), le documentaire sur le concert d’Altamont, à la différence notable que ce coup-ci, personne ne se fait poignarder dans le public. Vient ensuite le concert. Il faut reconnaître que la qualité de l’image, sur grand écran, est époustouflante, la définition est incroyable, on a vraiment l’impression « d’être dedans ». Le revers de la médaille, c’est que du coup, les rides se voient beaucoup plus. C’est finalement ça le problème de « Shine a light », les Rolling Stones eux-mêmes. C’est assez dur pour moi de l’admettre, vu que je suis un très gros fan et ce depuis des années, mais les Stones c’est un groupe à l’agonie. Le show est ampoulé, pas très emballant, ils ne sont plus que l’ombre de l’ombre du grand groupe qu’ils ont été jusqu’à l’album « Goats head soup » qui date quand même de 1973. Bon OK, je vous vois venir prêt à m’étriper, j’admet « Tattoo you » (et « Start me up ») c’était aussi de la bonne came. Mais c’était en 1981. Et puis il y a aussi les invités, les voir jammer avec Buddy Guy, c’est naturel. Jack White (The White Stripes), c’est plus étonnant, mais bon pourquoi pas. Mais alors Christina Aguilera, là, je ne comprends pas. En fait, j’ai surtout l’impression que c’est son manager qui a fait le bon deal. Et enfin, Scorsese semble dépassé par l’enjeu, noyé dans la technologie mise à sa disposition. Il n’y a aucun regard personnel sur le groupe, ce que Godard, par exemple, avait réussi avec « One plus one » ou ce que Scorsese lui-même avait accompli lorsqu’il filmait The Band (« La dernière valse »). Ce film pourrait être signé du premier tâcheron venu. C’est dans le fond tellement déprimant que moi je retourne aussi sec revoir « Rock n’roll circus »…

La bande annonce :

4 commentaires:

saab a dit…

Disons en ce qui concerne Christina Aguilera, elle commence à se faire une bonne réputation dans la scène musicale Live malgré des tics qu'elle devrait encore perdre... Un premier album indigeste, un deuxième ou on commence à apercevoir son potentiel niveau voix et il faut avouer que son dernier album Back to Basics est une bonne surprise pour la scène pop moribonde.

My Head is a Jukebox a dit…

Là tu m'apprends quelque chose Saab, j'avoue, je n'ai rien écouté de Back to Basics. J'en suis resté à la bimbo MTV. Aurais-je eu tort ?

Merci pour tes visites et des commentaires.
@+
Régis

PAG a dit…

Quel beau commentaire Régis. Je partage mille fois ton avis, à tous les points de vue. J'ai fait la connerie d'acheter la B.O. Quelle daube ! Et pourtant, qu'est-ce que je les aime nos Stones !

My Head is a Jukebox a dit…

Hello PAG,

Tout d'abord bienvenue dans le Jukebox. Et figure toi que pour ce qui est de ta "connerie", j'ai été à deux doigts de faire la même ! Un éclair de lucidité sans doute !