Ils étaient peu nombreux ceux qui en 1995 prédisaient un quelconque avenir au trio australien Silverchair. Pourtant, douze ans après la semonce initiale, il faut bien admettre qu’ils avaient tort, et que ces jeunes australiens ont bien plus de talent que leurs premiers albums le laissaient imaginer. Le premier disque de Silverchair, « Frogstomp », sort en 1995. Les membres du groupe, tous trois nés en 1979, ont alors à peine 16 ans, et s’organisent pour tourner (en compagnie de leurs parents !) pendant les vacances scolaires ! Le deuxième disque, « Freak Show » sort en 1997. La réécoute de ces albums, en 2007, procure une sensation étrange, il y a d’une part cette incurable nostalgie et les souvenirs puis viens le temps de l’analyse et là il faut bien admettre que les disques ont vieilli et, en dépit de leurs qualités, « Frogstomp » et « Freak show » sont le reflet d’une époque grunge/punk/métal révolue depuis longtemps. Silverchair a débuté comme un trio rock/grunge. Pas le meilleur, mais efficace. Pourtant dès le deuxième disque un début de changement se fait sentir sur le titre « Petrol & Chlorine », psychédélique avec arrangements de sitar et tablas. Mais le reste de l’album lorgne trop, à la limite du plagiat, du côté de Nirvana pour être pris au sérieux par la critique qui ne manque pas de les descendre, à leur décharge, les trio est à peine âgé de 18 ans. Les choses sérieuses commencent vraiment en 1999 avec l’album « Neon Ballroom ». Changement de style, premiers titres au piano et arrangements de cordes. La fougue est toujours présente mais elle est canalisée, l’album se termine en apothéose avec le majestueux et aérien « Steam will rise ». Pourtant c’est le début des ennuis pour le trio et en particulier pour son chanteur/guitariste Daniel Johns. Ce dernier apparaît comme un ado paumé et confus, dépressif et anorexique (sujet évoqué dans « Ana’s song »). Le batteur Ben Gillies et le bassiste Chris Joannou avouent avoir eu peur pour la santé de Daniel. Ce dernier est en fait un ado fragile jeté bien trop tôt dans la cour des grands, comme dans une fosse aux lions, et qui a bien failli y laisser sa peau. En 2002, Silverchair sort sa pièce maîtresse, l’album « Diorama » qui marque la première collaboration du groupe avec Van Dyke Parks (qui a collaboré avec les Beach Boys) et David Bottrill (producteur de Tool, ça calme !). Grosse production, à grands coups d’arrangements de cordes et d’instruments bizarres, l’album, majestueux, ne ressemble à aucun autre sorti en cette année 2002 est à contre courant de toutes les tendances possibles et imaginables. On pense à Scott Walker. Pourtant Daniel Johns n’est pas au mieux, il affiche sur les photos du livret une maigreur inquiétante. On apprend par la suite qu’il souffre également d’une forme très rare d’arthrite qui empêche, du moins dans un premier temps, le groupe de défendre son chef-d’œuvre en concert. Daniel est alors dans l’incapacité physique de jouer de la guitare et peu à peine marcher. Puis, peu à peu, Silverchair disparaît de la circulation, d’autres groupes apparaissent, dans ce tourbillon perpétuel qu’est le monde du rock, et prennent la place, Silverchair devient has-been.
Young Modern
Young Modern
« Young Modern », c’est le titre du nouvel album de Silverchair, cinq ans après « Diorama ». Et une nouvelle fois, le résultat est superbe et ne manquera pas de surprendre à un tel point que les deux premiers disques apparaissent de plus en plus comme des anomalies. Peut-être qu’après avoir traversé autant d’épreuves, il était naturel d’imaginer qu’un jour Daniel Johns s’intéresse de plus près au blues. Car si « Young Modern » n’est en aucun cas un album de blues pur et dur, l’oreille experte ne peut s’empêcher de noter un certain nombre de figures (notamment rythmiques) qui en sont extraites. Une nouvelle fois, les arrangements sont signés Van Dyke Parks, il en résulte des pop songs irrésistibles (« The man that knew too much », « Mind reader », "Reflections of a sound") gorgées de clavier fender rhodes. Voilà ce qui vous attends dans ce petit cercle en plastique en provenance directe d’Australie, puisque le disque n’est toujours pas officiellement sorti dans l’hexagone.
Silverchair, la cigale, 23 août 2007.
Plutôt qu’un compte rendu de concert, que j’avais prévu d’écrire, c’est ici la chronique d’un rendez-vous raté que je suis obligé de publier puisque le concert en question n’a jamais eu lieu. En effet, je trouvais étrange de trouver portes closes en sortant du métro Pigalle. Et tout ce monde agglutiné attendant impatiemment l’ouverture des portes n’augurait rien de bon. Un petit coup d’œil dans le lobby pour voir ce dernier dans l’obscurité et les roadies en train de remballer le marchandising. Ca me paraît mal parti. On en aura la confirmation quelques minutes plus tard lorsque le concert sera officiellement annulé à l’heure même ou il aurait du commencer. La santé de Daniel Johns lui a, selon toute vraisemblance, encore joué des tours, bien qu’en l’absence d’un communiqué officiel, il soit impossible de l’affirmer. Dommage car le concert était complet et que le public avait vraiment envie de les voir. Espérons qu’ils reviennent vite…
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