dimanche 9 février 2025

Nino de Elche + Jorge Prado Ensemble, Festival Sons d'Hiver, Maison des Arts de Créteil, 8 février 2025.

Cette année, le festival Sons d'Hiver met le cap sur l'Espagne et une tradition musicale séculaire, celle du Flamenco dont plusieurs versions modernes, et ouvertes à d'autres sonorités, seront délivrées tout au cours de la soirée.

Nino de Elche dont le spectacle s'intitule sobrement "Flamenco" et s'ouvre tel un film au cinéma, livre une interprétation brute de décoffrage de l'idiome. Entouré de deux guitaristes et de deux autres chanteurs, Nino de Elche livre une performance à vif, où les émotions sont livrées sans masque, ne s'exonérant pas de la douleur. Comme le sous-titre l'indique "Mausoleo de Celebration Amor y Muerte", l'amour et la mort se côtoient, le chanteur se livre corps et âme, les guitares expriment à la fois une grande douceur mais aussi une puissance phénoménale, proche, aussi invraisemblable que cela puisse paraître, du heavy-metal. On ne sort pas totalement indemne d'une telle décharge émotionnelle, creusant profondément au fin fond de l'âme, celles des musiciens mais aussi des spectateurs.

Ancien compagnon de route de Paco de Lucia, auquel le spectacle rend hommage, Jorge Prado a à coeur de sortir le flamenco des sentiers battus pour l'emmener sur des chemins autres, suivants d'autres influences. Lui-même, saxophoniste et flûtiste, présente un profil atypique pour ce genre musical, basé sur les guitares et les percussions "palmas". C'est donc une grande formation qui prend possession de la scène. Un bassiste électrique, des percussions (cajon, cymbales, caisses), une guitare électrique et la flûte traversière de Jorge Prado, en constituent les éléments les plus surprenants. Mais la tradition est tout de même respectée. Une guitare classique, la sublime chanteuse Bego Salazar et la danseuse Karen Lugo (rappelant au passage la transversalité de cet art qui se joue, se chante et se danse) complètent le line-up. Nous constatons donc que deux formations se superposent dans le même ensemble, une classique et une autre plus aventureuse. Si aucun musicien n'a été présent sur la totalité du set, cela ne signifie en rien que le groupe manque de cohérence. Il s'agit plutôt de voyager entre plusieurs influences, sons et couleurs et d'adapter la composition musicale suivant le besoin de l'instant. Ainsi le groupe varie les plaisirs se rapprochant du jazz, du blues ou de la soul, avec un swing prononcé, se situant au confluent du jazz latin (on pense parfois au Brésil) ou manouche. Une longue dérive instrumentale à la guitare électrique flirte avec le free jazz et le blues, à certains moments la magnifique chanteuse Bego Salazar fait montre d'un coffre digne d'une chanteuse soul. Une sublime divagation.

https://www.sonsdhiver.org/


vendredi 7 février 2025

Paul Galiana + Dalva, La Mécanique Ondulatoire, 6 février 2025

La soirée débute avec une chouette découverte, Dalva, un trio à la formation atypique, composé de deux guitares et d'une batterie. Du line-up même découle la proposition musicale du groupe, de la guitare acoustique émane une couleur folk/chanson française à laquelle répond la guitare électrique, chargée d'effets, aux sonorités nettement plus psychédéliques. Un pad électronique ajouté sur la batterie ajoute une note électro assez moderne. A mi-chemin de la chanson, du folk et de la pop psyché, l'univers de Dalva est assez riche et séduisant.

Vient ensuite la tête d'affiche de la soirée, Paul Galiana, tout auréolé de la sortie de son très réussi nouvel album. Contrairement à son habitude, le groupe ne se produit pas en trio, mais en quatuor avec une guitare additionnelle, tenue par Fred Lafage qui avait mixé l'album. On retrouve également les fidèles Alain Gibert (basse) et Guillaume Glain (le batteur qui officie également auprès d'Olivier Rocabois). Si la prestation est largement dominée par la guitare électrique et le rock à très haute énergie (cf. le dynamique "De la vie" qui ouvre les débats), les moments très émouvants sont légion, et l'acoustique trouve également sa place dans l'équation musicale (cf. la country "En Ligne"). Mais on retiendra surtout la très qualité des textes de Paul, qui n'a pas son pareil pour aborder des thèmes universels et émouvoir le public. On pense notamment à "Genghini Blues", où même l'auteur de ces lignes, totalement béotien et bien peu au fait des choses du football, fut submergé par l'émotion. Un véritable tir au but, en plein coeur que ce titre. Penalty marqué, pleine lucarne, Paul a réussi son coup.



mercredi 5 février 2025

Lisa Portelli, La Marbrerie, 4 février 2025.

Comme en 2022, c’est sur la scène de la Marbrerie à Montreuil que Lisa Portelli a choisi de présenter son nouvel album au public. Une salle attachante et atypique puisqu’il s’agit d’un ancien site industriel, aux murs de bétons bruts et charpente en bois visible au plafond de laquelle il se dégage indéniablement une âme, une atmosphère. Et comme il y a trois ans, c’est en duo, accompagnée d’un clavier, que Lisa se produit, la guitare, autrefois son instrument fétiche, restée sur le côté ne sera utilisée qu’avec parcimonie le temps de trois chansons. Lisa vient de sortir un nouvel album « Absens » qui se caractérise par une forme de radicalité nouvelle, toujours plus électronique mais dans lequel les sons organiques de la guitare et du piano réussissent toutefois à se frayer un chemin. On peut adhérer, ou non, il n’en reste pas moins qu’il y a quelque chose de fascinant à voir l’artiste évoluer et se transformer. La chose prend toute son ampleur sur scène. Lisa y semble de plus en plus à son aise, se mouvant avec grâce, captivant le public de son charisme et de sa voix, grave quand elle récite et aiguë quand elle chante avec une justesse impressionnante. La prestation fait ressortir la dimension mi-récitée, mi-chantée, de cette nouvelle aventure artistique et le public est inviter à plonger, puisqu’il s’agît d’un récit insulaire dans lequel la mer tient une place importante, dans cet univers captivant. Nimbée d’une lumière fantomatique et de fumigènes, la prestation relève par moment de la révélation mystique, enveloppée d’un aura mystérieuse. La musique est à l’avenant, pas effrayée par des virages brusques frôlant l’expérimentation avant-gardiste. Et tout cela sans notes (la longueur du texte à restituer est effrayante) ni le moindre ordinateur, tout est à fait à l’aide de claviers analogiques ! Enfin, la prestation s’achève sur un duo en compagnie de Fred Nevché. Chapeau l’artiste !

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dimanche 2 février 2025

Kepa + Buffalo Nichols, Les Nuits de l’Alligator, La Maroquinerie, 1er février 2025.

 


Cette dernière soirée du festival met à l’honneur deux guitaristes. Le français Kepa ouvre les agapes, assis, seul avec sa guitare électrique, pour un set entièrement instrumental. Avec quelques effets, du delay, du rebond et un pédale magique lui permettant de créer des nappes, Képa développe un univers sonore tout à fait personnel. Loin d’être de simples ornements, les effets appliqués sur la guitare sont partie prenante dans sa manière d’envisager la musique, de composer et font entièrement partie de son jeu si particulier. Sans médiator et une manière d’arpéger les cordes bien particulière, Képa décrit d’immenses espaces sonores qui sont autant d’invitations au voyage et à la méditation et qui se révèlent particulièrement hypnotiques. La bande son idéale d’un road-trip imaginaire.



Equipé de son dobro métallique et de son bottleneck Buffalo Nichols présente tous les atours du bluesman classique et roots. Un rôle qu’il joue à perfection, de sa voix éraillé, mais duquel il ne s’interdit pas quelques pas de côté. Un pad électronique ajoute une note moderne et inattendue à sa musique, alors que le musicien flirte avec le hard-rock/métal au fil et à mesure que sa guitare se sature. Mais il assure aussi tout seul à la guitare folk délivrant quelques reprises bien senties, alors qu’un spot lumineux braqué sur lui enveloppe le chanteur d’un aura fantomatique. Seul ou en trio, en acoustique ou en électrique, Buffalo Nichols sait tout faire et il s’agît là d’une des grandes découverte du festival cette année.

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samedi 1 février 2025

Dead Chic : « Serenades & Damnation »

 


Après s’être fait remarquer le temps d’un premier EP et de quelques enregistrements live, il était temps pour Dead Chic de passer à la vitesse supérieure : le premier album. C’est désormais chose faîte, avec réussite, pour le groupe mené par le chanteur britannique Andy Balcon (ex-Heymoonshaker) et le guitariste Damien Félix. Dans la continuité de ses groupes précédents (Catfish, Bigger) le guitariste continue ici son exploration des musiques américaines, du rock garage/psyché et du blues principalement, qu’il joue ici avec une ferveur inédite. Toujours aussi intense, le chant fiévreux d’Andy Balcon est à l’avenant un peu comme si le chanteur poussait le guitariste dans ses derniers retranchements, ou inversement, bouleversant les codes et transfigurant les chansons en brûlots électriques. Ainsi l’album débute par un uppercut, « Hedonista », où l’auditeur succombe sous les coups de boutoir de l’orgue et de la guitare, tourneboulant. De « Manchester » à « Paris », le quatuor nous offre une sacrée virée musicale aux notes latines (« Cuanto Cuesta ») et orientales (« Mirage » en compagnie de la chanteuse Tuğçe Şenoğul) se faisant plus douce (« All Seasons Change »), voire acoustique, à l’occasion (« Manchester ») toujours cinématographique où plane l’ombre d’Ennio Morricone. Une réussite impressionnante.

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vendredi 31 janvier 2025

Paul Galiana : « De la vie »

 


Paul Galiana a tout de l’artisan, honnête et travailleur, dont les chansons, aux atours classiques, accompagnent discrètement le quotidien. Paul lance ses chansons en l’air, modestement, avec l’espoir fou que lesdites chansons trouveront une oreille bienveillante pour les accueillir. Après avoir chanté le monde, ses vicissitudes et la vie des autres avec beaucoup d’empathie, Paul s’est penché sur son existence et son passé. Ses rêves d’enfant et de ballons ronds (« Genghini Blues ») ou son ascendance (« Ta Place ») pour, en élargissant la focale, atteindre l’universalisme. La démarche tient en trois mots, universels : « De la vie ». Avec toute l’humanité qui le caractérise, Paul nous la raconte cette vie quotidienne et la ville qui l’accompagne à l’image de l’illustration de la pochette. Pour l’occasion Paul à fait rugir les guitares, l’album s’ouvre sur « De la vie » ravageur, guitares qui savent aussi se faire câlines, acoustique ou slidée, entre pop, rock, folk et blues. Enregistré en power trio (avec Guillaume Glain à la batterie et Alain Gibert à la basse) et quelques invités triés sur le volet (Clément Verzi et Lembe Lokk), ce nouvel album fait remonter les souvenirs des grandes heures du rock chanté en français, avec poésie, modestie et amour.

En concert à la Mécanique Ondulatoire le 6 février 2025.

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jeudi 30 janvier 2025

Lisa Portelli : « Absens »

 


La musique, chez Lisa Portelli, se veut une matière vivante, en perpétuelle évolution, au gré du temps et de ses états d’âme. Toujours en mouvement l’artiste n’est pas avare d’expériences. Après avoir respecté un vœu de silence, au sein d’un couvent, juste avant d’enregistrer son troisième album, Lisa Portelli s’est, cette fois, retiré sur l’île de Molène, au large du Finistère, où ce nouvel album a été conçu. Seule pendant quatre mois, isolée et fouettée par le vent, Lisa Portelli s’est de nouveau réinventée, prenant encore un peu plus ses distances avec sa guitare (l’instrument fétiche de ses premiers disques très rock) pour plonger dans le grand bain électronique en compagnie du producteur Guillaume Jaoul qui connaît très bien la question en tant que collaborateur régulier de Quentin Dupieux (Mr Oizo). En compagnie de ce dernier, Lisa a réussi à trouver la note juste, en allégeant les sons électro, pour trouver un juste compromis où l’organique a également sa place. Ainsi l’album réserve quelques très belles parties de guitare, des arpèges (« A Sec »), un piano mélancolique, mais aussi une électro brute et frontale (« Passe des chimères », « Lointain, tu t’approches »). Ce nouvel album se révèle être une odyssée dans les pas d’Ondine où l’océan, la mer, fait totalement partie du paysage. La dernière plage fait office de retour brutal à la terre (« La mer m’a recrachée ») avant d’envisager la suite du voyage.

En concert le 4 février à La Marbrerie (Montreuil)

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mardi 28 janvier 2025

Quinn DeVeaux + Jon Muq, La Maroquinerie, 25 janvier 2024.

Enfin venu le temps des Nuits de l’Alligator dans l’écrin de la Maroquinerie, ce grand bain d’Americana où se mélange folk, country, soul, blues et rock’n’roll.



On commence les agapes avec un jeune artiste que l’on suit depuis quelques temps, Jon Muq mais que l’on a la chance de découvrir pour la première fois accompagné d’un groupe au complet ! Si Jon est un guitariste folk très accompli et possède un joli grain de voix, fragile et émouvant, la présence d’un groupe à ses côtés change totalement la donne et ouvre en grand le champ des possibles pour le chanteur. Sa musique revêt de nouveaux atours, pop ou rock, alors que la voix se fait toujours aussi soulful. Le chanteur possède énormément de charisme, et ses interventions entre les titres relèvent autant de sa découverte de l’occident (originaire d’Ouganda il est désormais installé aux Etats-Unis) que celle de la musique (il a vu une guitare pour la première fois à l’age de 15 ans). Il se révèle également touchant de modestie, introduisant chaque nouveau titre par sa phrase rituelle : « hope you guys will enjoy it » (j’espère que cela vous plaira). Le chanteur profite de l’occasion pour dévoiler de nouveaux titres, qui ont l’air tout à fait prometteurs, on attends un nouvel album avec impatience.



Un pied dans le rock, l’autre solidement ancré dans la soul, Quinn DeVeaux avait été une belle découverte l’an dernier, son album « Leisure » ayant tout du squatteur de platine ! Chanteur (également guitariste) au timbre tout à fait charmant, Quinn DeVeaux pratique une soul de haute volée, groove impeccable de la section rythmique et grandes lampées soulful servies à l’orgue vintage (un vrai orgue et non un succédané numérique récent) dans laquelle résonne par intermittence les échos du bayou. Mais la présence à ses côtés d’un guitariste possédé par l’esprit de Jimi Hendrix change la donne et ce dernier transperce les compositions de grands éclairs d’électricité saturée. Nous ne sommes plus très loin de ce mélange soul/rock distillé par des formations telles que les BellRays, Vintage Trouble ou The Heavy. C’est absolument fantastique, la clé d’une soirée réussie.



lundi 27 janvier 2025

Le Noise, Salle Pleyel, 23 janvier 2025.

 


Nommé d’après un album de Neil Young, produit par Daniel Lanois, Le Noise est un groupe belge à géométrie variable, spécialisé dans la reprise de Neil Young, que l’on a pu admirer pour la première fois sur la scène de la Salle Pleyel, la semaine dernière. Ce dernier, bien qu’absent physiquement, est présent dans toutes les têtes, et s’affiche, en toile de fond, derrière la scène, sur une photo géante. Le fameux cliché, extrait de la pochette de « Tonight the Night », représente le Canadien, le doigt en l’air, surplombant le groupe, une manière de dire : « Je vous surveille les gars, déconnez-pas avec mes chansons ! » Soyons honnête, pour quiconque a eu la chance d’admirer, en personne, Neil Young sur scène, un groupe de reprise a tout du succédané un peu fade. Mais le fan y trouvera son compte. D’abord, et il s’agît là d’un point essentiel, parce que le groupe est plus que compétent, musicalement parlant (« A man need a maid » totalement réarrangée à la lap-steel alors que l’originale a été enregistrée avec orchestre symphonique), le rendu est impeccable (seule la voix, bien que ressemblante, diffère de l’originale). Ensuite parce que Le Noise n’hésite pas à s’aventurer dans des coins peu visités, sur scène, de sa discographie par le Loner lui-même (« Revolution Blues » extraite d’« On the beach » par exemple). Mettant à profit sa géométrie variable, la formation varie les plaisirs, imite Crazy Horse à l’occasion ou joue sur une note plus acoustique et s’offre même deux petits pas de côté chez David Crosby reprenant « Almost cut my hair ». Il y aurait cependant beaucoup à dire sur ces groupes spécialisés dans la reprise d’un seul artiste, à prix fort prohibitif, alors que tant d’artistes en développement, disposant d’un répertoire original, triment à attirer le public. Mais ne boudons pas notre plaisir, le répertoire est de qualité (on parle de Neil Young là!) impeccablement restitué par un groupe qui n’est même pas professionnel à temps plein (comme l’avouera le chanteur qui serait bien content de quitter son « day job »). A part quelque cafouillages techniques en début de set, c’était une soirée nickel !

lundi 20 janvier 2025

Les nuits de l'alligator 2025

Rendez-vous incontournable de l'hiver, les Nuits de l'Alligator commencent dès demain et à partir de samedi à la Maroquinerie ! Pour la billetterie cliquez ici

https://www.nuitsdelalligator.com/

 









samedi 18 janvier 2025

Karen Lano, Café de la danse, 17 janvier 2025.

De retour avec un nouvel album, sorti à l’automne dernier, Karen Lano fête la sortie de ce dernier sur la scène du Café de la danse. Un retour plus rock qu’à l’accoutumée qui voit la chanteuse marier cette influence nouvelle avec celles, plus habituelles, de la pop et de la chanson. Un retour en petit comité, entouré d’une section rythmique et d’une guitare omniprésente qui voit la chanteuse, surfeuse dorée, glisser avec grâce sur la vague électrique déclenchée par Olivier Legall, son guitariste. Un nouvel habit que la chanteuse enfile avec élégance, et dans lequel elle retrouve sa poésie habituelle qu’elle marie aux riffs hypnotiques et autres arpèges délicats. Deux invitées de marque ponctuent la soirée avec charme, Brisa Roché, qui retrouve un univers folk-rock auquel elle est habituée, et BlauBird le temps d’un duo suspendu sur « Le Bal des Laze » de Michel Polnareff, où la phrase « supprimer celui-là » est prononcée avec le sourire, dénuée de la violence de l’originale. En fin de concert un trio de cordes magiques fait son apparition (dans lequel on retrouve la fidèle Marie Lesnik) renouant avec la mélopée onirique des albums précédents de la chanteuse. « Pas assez belle, pas assez brillante » chante-t-elle, une affirmation que fait démentir Karen Lano, le temps d’un rêve, le temps d’un concert, justement beau et brillant.

https://www.karenlano.com/

https://www.facebook.com/karenlanomusic




vendredi 17 janvier 2025

Resto Basket : « Le Seum »

 


Expression bien connue de nous jeunes amis, « Le Seum » désigne cet état de dégoût, semi-dépressif dans lequel on se retrouve lorsque l’on a « les boules » comme on disait autrefois. Le seum les cinq membres de Resto Basket le connaisse bien, l’ont probablement assez souvent, et ont en fait leur source principale d’inspiration qu’ils transforment en bombinettes punk et pop, voir ska (« Kérosène »), survitaminées, où le dynamisme de la musique contraste avec la noirceur des paroles (« Mauvaises décisions », « Kérosène », « Boulevard »). Ca déménage !

https://www.facebook.com/restobasket38




jeudi 16 janvier 2025

The Heavy Heavy : « One of a kind »

 


D’une profondeur insondable, la scène britannique ne cesse de surprendre, et de ravir, l’amateur de rock’n’roll. Dernier exemple en date, le duo Heavy Heavy, venu de Brighton (ne pas confondre avec The Heavy), qui vient de sortir un premier album comme on aimerait en écouter tous les jours. Réussissant, avec bonheur, à ressusciter une classe sixties intemporelle, par la grâce d’un mélange entre le crunch typique du mersey beat et le psychédélisme, voici le genre de disque qui nous fait revivre nos premiers émois, ces moments d’écoute qui nous ont fait tomber en amour avec le rock’n’roll ! Le mariage des voix entre le chant féminin de Georgie Fuller et celui, masculin, de William Turner, évoque quelque chose des Mama’s and Papa’s, faisant de ce disque une synthèse idéale entre cultures rock britannique et américaine. Outre le fait qu’il soit produit à la perfection, avec un son à se damner, l’album regorge de petites perles procurant une envie irrépressible de bouger. On en aura bientôt l’occasion puisque le groupe débarque sur nos scènes le mois prochain !

En concert le 10/02 aux Etoiles

https://www.theheavyheavy.com/

https://www.facebook.com/theheavyheavymusic

https://theheavyheavy.bandcamp.com/





lundi 13 janvier 2025

Ramon Pipin : « Chants Electriques »

 


Ancien membre d’Au bonheur des dames, dans les lointaines années 1970, puis d’Odeurs lors de la décennie suivante, Ramon Pipin est de retour avec son septième album en solo. Dans le fond, Ramon Pipin, est resté fidèle à sa passion d’adolescent pour le rock’n’roll et c’est en cela qu’il est un artiste profondément attachant. En ce sens, ce nouvel effort peur s’envisager comme une suite de son travail au sein des Excellents, ce groupe parodique dans lequel il s’amuse à « massacrer avec amour » les classiques du rock. Ainsi, ce nouvel album n’a de cesse de citer quelques classiques chers à son cœur mélomane. D’un riff de guitare chipé chez The Nice (« Obsolète »), à une boucle de synthé digne des Who époque « Won’t get fooled again » (« Dans la ville où que je vis » ; « Fais de beaux rêves »), en passant par un « Gaba-gaba-hey » clamé en forme de clin d’œil aux Ramones (« Les comédies pas drôles »). Un riff stonien syncopé (« Je joue de la guitare ») par ici, quelques ambiances évoquant Devo ou Procol Harum, par là, Ramon embrasse totalement ses influences, mais toujours dans une volonté de les dépasser, à la recherche d’une voie personnelle. Plutôt que la lettre, c’est bien à l’esprit des années 60 que le musicien est fidèle. Les sixties sont pour lui une question cruciale, et en particulier la créativité débridée, qui fut l’apanage des grands de ces années là, Brian Wilson et autres Paul McCartney, dans les pas desquels il tente de s’inscrire. Maîtrisant le grand écart, ce nouvel album propose quelques-uns des assauts les plus métalliques de sa carrière (« Daisy Belle », « Je suis très content »), servis par une brochette de merveilleux guitaristes (Brice Delage, Stéphane Daireaux, JM Kajdan, Michaël Ohayon, soit autant de virtuoses méconnus de la six cordes) et des titres acoustiques, d’une tendresse infinie (« Dans le tiroir du bas » dans laquelle il est difficile de ne pas voir le fantôme du deuil ubuesque qui l’a frappé l’an dernier ; « Une chanson émouvante » qui ponctue le disque sur une note bouleversante). Coup de gueule contre l’absurdité de l’époque, pratiquant avec bonheur l’humour crétin et trash, ce nouvel album prouve que, contrairement à ce qu’il chante dans le titre inaugural, Ramon Pipin est loin d’être obsolète !

https://www.facebook.com/RamonPipinOfficiel

https://www.ramonpipin.fr/




https://ramonpipin.bandcamp.com/album/chants-lectriques


jeudi 9 janvier 2025

The Cactus Blossoms : « Everytime I think about you »

 


Scandaleusement méconnu dans nos contrées, le duo formé de Jack Torrey et Page Burkum sort son quatrième album, le premier a bénéficier d’une sortie en France après 14 ans de carrière ! Et il s’agît là d’une révélation et quelle révélation ! En effet, le duo a le chic pour créer cette atmosphère rêveuse, vaporeuse, qui transporte immédiatement quiconque aura la chance de poser une oreille sur cet album. Mélodies lumineuses et arrangements soignés constituent une véritable carte postale musicale évoquant le grand ouest américain, le désert infini, dans lequel la poussière se soulève, sous un ciel d’un bleu céruléen, au soleil couchant. Il y a dans ces dix pistes quelque chose de l’Amérique éternelle celle qui a vu naître la country et le rock’n’roll, qui constituent, avec le folk, les sources nourricières du groupe. Le tout servi avec un groove lancinant et magnifiquement incarné vocalement, par un chant évoquant un feeling aux nuances multiples. Chaque riff de guitare fait frissonner, et sonne comme le résultat d’une jam impromptue rassemblant la coolitude de JJ Cale, le charme de Roy Orbison et la sophistication des Byrds. Qui d’autre joue cette musique de nos jours et avec un tel bonheur ???

En concert le 12/02 à La Marbrerie (Montreuil)

https://thecactusblossoms.bandcamp.com/

http://thecactusblossoms.com/

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dimanche 5 janvier 2025

Emma Sand Group + In My Head, Pop Up du Label, 4 janvier 2025.

Cette nouvelle année de concerts commence tôt et en fort belle compagnie ! Dans l’enceinte du Pop Up du Label le trio In My Head, déjà auteur d’un EP et d’un album, nous a gratifié d’un set indie de très belle facture débordant d’influences britanniques de toutes sortes et de différentes époques avec une énergie bienvenue et communicative. Une belle découverte pour bien commencer l’année.

Place ensuite à une vieille connaissance, Emma Sand, toujours entourée de son « Group » dans lequel on retrouve un nouveau batteur, Guillaume Lebel. Le set commence d’une très belle manière avec un « Beautiful Boy » absolument envoûtant, par la grâce des arpèges bouleversants échappés de la guitare du Frank Joannès, ce génie méconnu de la six cordes. La section rythmique n’est pas en reste, le nouveau batteur révèle un sens du groove inspiré, l’association avec le bassiste Cyrille Latour fonctionne merveille dans cette succession de tensions/détentes qui emporte le spectateur, loin, très loin (jusqu’au désert du Mojave en Arizona), comme emporté par une vague dans laquelle les émotions se succèdent. Emma Sand joue le rôle à la perfection, forçant sa voix ou jouant la retenue suivant ce que la musique réclame, au point de finir les cordes vocales bien enrouées. Enfin, le quatuor nous réserve quelques surprises, de nouveaux titres laissant échapper d’étonnantes syncopes reggae et une reprise de Johnny Cash pour conclure cette belle soirée.

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dimanche 29 décembre 2024

Regular Girl

 


Bien qu’originaire de Lyon, il plane comme un petit air du Laurel Canyon chez cette « fille ordinaire », dont le premier album a constitué l’une des excellentes surprises de l’année. Son timbre diaphane évoque Joni Mitchell ou Judee Sill alors que l’ombre de Neil Young plane sur son folk délicat mâtiné de country, notamment grâce à la lap-steel assurée par Raoul Vignal (on note également la présence de Théo Charaf dans son groupe). Que de belles références, qui pourraient se révéler encombrantes, mais que l’artiste embrasse totalement dans un univers personnel. Ses arpèges délicats, à l’unisson de sa voix, constituent la bande originale d’une soirée d’été dans le soleil couchant, ou d’hiver, au coin de la cheminée (« Foolish Wish »). Et même lorsque la musique s’emballe, (cf. « Shelter » qui sonne comme un inédit de Neil Young & Crazy Horse, « Western Lights ») ce n’est jamais sans se départir d’une certaine douceur. Ce n’est pas le moindre accomplissement de ce disque, à la fois désenchanté, nourri par une certaine noirceur (« The End »), et pourtant lumineux, calme et apaisant. Un fort bel album donc, à écouter quelque soit la saison.

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samedi 28 décembre 2024

Théo Charaf & Raoul Vignal : « Two way street »

 


L’un fait partie de la prometteuse jeune garde folk/blues française, l’autre est un fin songwriter pop/folk. Si ce n’est leur amour commun pour la guitare, pièce centrale de l’album, la présence simultanée de Théo Charaf et de Raoul Vignal dans le même studio, tient du hasard si ce n’est de l’accident heureux. Entouré du percussionniste Lucien Chatin et du mystérieux Disque Noir au rôle obscur, le duo a tout enregistré à deux. Trois chansons originales de l’un, trois nouvelles chansons de l’autre et deux reprises. Il est des rencontres heureuses et à la manière des duo de superstars gravés sur disque ces dernières années (Elton John/Leon Russell, Elvis Costello/Allen Toussaint, Wilko Johnson/Roger Daltrey etc.) Théo et Raoul nous en offre le pendant français. L’album grave dans la cire, et pour l’éternité, cette rencontre inattendue. Un moment suspendu, d’une pureté acoustique apaisante, particulièrement roots et serein, que l’on imagine capté dans une cabane en rondins, au fond des bois. Laissez-vous bercer par les arpèges délicats, ils sont d’une beauté irréelle, d’une sérénité définitivement étrangère à notre époque.






mardi 24 décembre 2024

Gaspard Royant : « All the best for Christmas »

 


Gaspard Royant incarne une sorte d’incongruité sur la scène rock française : c’est un crooner ! Une sorte de pendant français de Chris Isaak et de Richard Hawley, une voix remarquable, qui n’hésite pas à mâtiner son timbre de guitares rock’n’roll. Après un album très personnel, touchant mais en demi-teinte, notre homme Gaspard signe son grand retour en forme avec un album de Noël ; reprenant à son compte une tradition bien ancrée dans le showbiz US, mais relativement peu usitée ici. Une prise de risque, donc. De cet exercice pour le moins codifié, Gaspard s’en sort la tête haute et avec les honneurs ! Bien entouré (Bobbie, Aurélie Saada, Nicole Atkins, Maxwell Farrington – qui avait déjà sorti son album de Noël à lui - et le SuperHomard) Gaspard soigne ses mélodies (« Next Train to Memory Lane ») et varie les ambiances, tournant autour du thème imposé, en suivant des angles originaux. A l’exception de deux reprises, l’album propose un répertoire original, clochettes de rigueur, et toutes guitares dehors. Le genre sied à ravir à son timbre de stentor (l’emphase exhalant de sa reprise de « White Christmas »), l’album n’est pas avare, ni en émotions (« Wishing you a Merry Christmas », duo de charme avec Aurélie Saada, l’émouvante « Christmas Prayer » qui ponctue le disque) ni en groove (« Perfect Christmas Song » avec Nicole Atkins). Une excellente collection de chansons folk-rock qui devrait survivre à l’obsolescence programmée qui frappe généralement les albums de Noël dès le 26 décembre.

https://www.facebook.com/@gaspardroyant1





lundi 23 décembre 2024

Jeanne Rochette : « Live au Gesù »

 


Reine de la démultiplication, Jeanne Rochette, a, à la fois, un pied dans le théâtre, l’autre dans la musique où elle se partage entre chant lyrique, chanson jazz et pop. Entre sa France natale et le Québec, où elle a vécu de nombreuses années, Jeanne Rochette fait le point sur sa carrière avec cet album live, enregistré à Montréal, revisitant ses trois disques studio : « Elle Sort » (2010), « Cachée » (2016) et « La Malhonnête » (2021). Les petits plats sont mis dans le grand sur cet album, enregistré avec le (grand) Orchestre National de Jazz de Montréal, regroupant la crème des musiciens québécois, avec force cordes, bois et cuivres, piano, batterie et contrebasse. La richesse des arrangements, entre jazz et classique, va à ravir à la chanteuse qui peut ainsi déployer toute l’expressivité de son interprétation, ses intonations rappelant au passage l’actrice qu’elle est également. Elégant et soyeux, l’album n’est pas exempt de swing (« L’escalier » ; « Coup de bol ») mais ménage aussi de longues envolées tantôt mélancoliques (« Etre là »), tantôt lyriques et primesautières (« Ce Mec ») au-dessus desquelles plane l’ombre des bandes originales signées de l’immense Michel Legrand. Une soirée de prestige gravée sur disque, cela ne se refuse pas ! Une réussite !

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dimanche 22 décembre 2024

Shades : « Witchcraft »

 


Il est de ces albums qui offrent des parenthèses, des moments suspendus, et dont l’écoute relève autant de la pause primesautière que du la faille temporelle dans laquelle on tombe avec délectation. Ainsi va, le deuxième album du sextet Shades, intitulé « Witchcraft » (sorcellerie), un titre bien trouvé tant il se dégage une sorte de chimie magique née de l’addition des talents conjugués de ces six musiciens. Shades, c’est d’abord et avant tout une composition atypique. Seulement deux instruments en composent la musique, une guitare (Antoine Laudière), qui swingue aussi fort que celle de Django, et une clarinette basse (Etienne Quezel), assez peu usitée dans les genres musicaux qui nous préoccupent habituellement. Le reste du groupe se compose de trois chanteuses (Elora Antolin, Marion Chrétien et Ellinoa) et d’un chanteur (Pablo Campos). Dans ce contexte, les voix ne se contentent pas de chanter mais crée également la mélodie par le biais d’harmonies vocales particulièrement élaborées. Elles sont le cœur battant du groupe. L’approche se révèle ainsi particulièrement humaine, l’ensemble dégage un sentiment de proximité et d’intimité assez prégnant et redonne un coup de jeune à un répertoire essentiellement pioché dans le Broadway des années 40 et 50 (à noter un détour par le blues « Saint James Infirmary Blues » et un titre en français « La Tendresse »). Le swing de Shades est imparable !

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samedi 21 décembre 2024

March Mallow : « The Silence »

 


Pensé comme un hommage au jazz des années 1940/1950, March Mallow se veut le chantre d’une approche acoustique et intimiste. Ainsi, le mal nommé « The Silence », tant on voudrait que le groupe n’arrête jamais de jouer, deuxième album du groupe, offre un pause rétro tout autant qu’il coince l’auditeur dans une véritable bulle intemporelle salvatrice et charmante. La formation restitue parfaitement l’ambiance de ces années, grâce au charme vocal, vénéneux et irrésistible, de leur chanteuse Astrid Veigne, et à une orchestration volontairement restreinte (guitare, piano et contrebasse) qui d’emblée nous plonge dans l’ambiance d’une soirée dans un cabaret rétro. Précisons qu’également qu’à l’exception de deux reprises (dont un petit détour vers le blues avec « I put a spell on you ») l’album se compose d’un répertoire entièrement original, ce qui place d’emblée le groupe au-dessus de la mêlée et signe une véritable ambition artistique, renforcée par des arrangements ambitieux sur quelques titres. Une batterie et un saxophone, renforcent le swing sur l’irrésistible et dansant « Fools’train », alors qu’à l’opposé, un quatuor à cordes donne du corps à la mélancolie se dégageant de leur reprise de « Mr Bojangles ». Quelques titres en français (« Les Couleurs », « Simplement ») complètent le programme avec bonheur. Une réussite !

En concert le 28/02/2025 au Barbizon (Paris 13)

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vendredi 20 décembre 2024

Wendy Pot : « Poppy Field »

 


Le quintet montpelliérain poursuit un fantasme bien ancrée dans l’histoire du rock d’ici, celui du groupe français de pop anglaise. Ce nouvel avatar, regroupé autour du chanteur/guitariste Sylvain Grout prolonge l’aventure de son groupe précédent (Grout/Grout) avec un line-up féminisé, la chanteuse/claviériste Pauline Montels, et une réussite certaine à la clef. La chose s’intitule « Poppy Field », que l’on pourrait traduire, de manière hasardeuse, par « champ pop ». Et dans le fond, l’écoute de l’album s’apparente un peu à cela, une balade dans un champ, autrefois arpenté par les Beatles et autres Kinks, soit un chemin bien connu mais que l’on retrouve avec un plaisir à chaque fois renouvelé. Il en faut peu pour tomber sous le charme à vrai dire. Harmonies et mélodies se mélangent au fil de chansons chatoyantes, douces et chaudes. L’omniprésence de la guitare acoustique procure un sentiment d’intimité immédiate. Un album qui, sous des atours humbles, révèle bien des trésors, concoctés avec un amour véritable de la pop intemporelle, nous ne sommes pas prêts de nous en lasser !

https://wendypot.bandcamp.com/album/poppy-field

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mardi 17 décembre 2024

October Drift, Point Ephémère, 16 décembre 2024.

Il est de coutume pour les groupes de rock de répéter avant les concerts. Chez October Drift, on répète bien sûr, mais on agrémente l’exercice d’un petit tour au mur d’escalade, histoire d’être prêt à grimper poteaux et autres échafaudages des salles de concert avant de se laisser tomber dans la foule ! Faisant ainsi honneur à la photo ornant la pochette de leur dernier album, les Anglais nous ont gratifié d’un show monumental et électrisant. Et c’est peu dire que l’on a en vu de toutes les couleurs ! De l’énergie, des musiciens qui sautent dans tous les sens au rythmes de guitares infernales, mais également de la pop aux accents cold dont les arrangements passent beaucoup mieux sur scène que sur leur dernier album à la réussite aléatoire. Ce fut un grand moment de partage terminé en duo au milieu de la fosse sur une note quasi folk (à l’esthétique totalement opposée à celle du début du concert) et tout le monde qui chante en cœur au son d’une guitare électrique non saturée. Des émotions en pagaille et une énorme générosité de la part du groupe qui n’hésite pas à briser le quatrième mur au contact direct du public, visitant régulièrement la fosse. Quelle soirée, quel groupe !

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samedi 7 décembre 2024

Vera Sola + Anthony da Costa, La Maroquinerie, 6 décembre 2024

Un peu avant de le retrouver jouant de la guitare au sein du groupe accompagnant Vera Sola, c’est en solo que le chanteur/guitariste Anthony da Costa a ouvert la soirée. Prenant le contre-pied d’un chanteur folk classique, c’est à la guitare électrique qu’Anthony da Costa s’est accompagné durant son set. Un instrument au spectre large, grâce aux pédales d’effets, que le musicien utilise dans sa totalité passant de passages éthérés, comme autant de vagues hypnotiques, à de brusques éclairs aussi électriques que brutaux. Sa voix, plutôt de tête, s’accommode de tous les registres, pourvoyant les émotions. Une belle première partie, en attendant de le revoir, espérons-le, une fois son album, qu’il vient à peine d’achever, sera sorti.

Place ensuite à la magnifique Vera Sola, qui a publié son magnifique deuxième album (« Peacemaker ») un peu plus tôt cette année, six longues années après un premier effort (« Shades », 2018) qui avait déjà marqué les esprits à l’époque, entourée d’un groupe de haut vol dans lequel on retrouve, et c’est à peine croyable, le « legendary » Elvis Perkins à la basse ! Toute de noir vêtue, Vera Sola marque les esprits par sa beauté magnétique, que l’on découvre à l’occasion, elle qui a plutôt l’habitude de se cacher sur les pochettes de ses albums. Petite brunette, coiffée de nattes et au regard clair, la chanteuse est totalement habitée sur scène et impressionne par son regard fixe, comme absent, totalement absorbée par la musique. Quand elle ne s’accompagne pas à la guitare folk, instrument dont elle joue magnifiquement grâce à une impressionnante technique d’arpège de la main droite, Vera danse et bouge beaucoup sur scène comme si la musique transperçait totalement son corps. La prestation hypnotise tout autant que sa voix, grave dans tous les sens du terme, habitant ses compositions entre folk, rock et americana, aux accents vintage sans ostentation, non dénués d’éclairs violents, dans lesquels se retrouve le guitariste Anthony da Costa, lui aussi totalement habité, dans la foulée d’une batterie au jeu atypique. Magnifique concert.

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dimanche 1 décembre 2024

Nada Surf + Elephant, Le Bataclan, 29 novembre 2024.

Déjà auteur de deux albums, les Hollandais d’Elephant seront de retour au cours du premier trimestre 2025 avec un nouvel effort. En attendant, le quartet s’échauffe en première partie de Nada Surf et, à ce titre, vient honorer la scène du Bataclan pour la première partie du soir. Et alors que les premières notes résonnent, on en vient à penser immédiatement que ce groupe était le choix parfait pour coller à l’univers mélodique des New-Yorkais. Evidence mélodique des compositions, groove ouaté tout en douceur, les chansons d’Elephant possèdent ce petit je ne sais quoi qui les rends inoubliables. Servi avec un chant doucereux, accentuant la douceur mélancolique du répertoire, le quatuor nous a gratifié d’un set impeccable d’un bout à l’autre. 45 minutes suspendues dans le temps…

Depuis 20 ans, l’auteur de ces lignes n’a jamais assisté à un mauvais concert de Nada Surf et ce n’est pas la prestation du soir qui nous fera mentir ! Depuis deux décennies le trio fait à peu près la même chose, explorant le côté mélodique, mélancolique, de la pop à coups de délicats arpèges de guitares. Chose impensable par ailleurs, ils n’ont jamais ni lassés, ni ennuyés, alignant les albums impeccables et son lot de chansons mémorables. L’ajout d’un quatrième membre, Louie Lino aux claviers et à la guitare, permet d’accentuer la texture sonore du groupe, toujours mené par le groove puissant du batteur Ira Elliott, en très grande forme sous sa chapeau. Parfaitement francophones, depuis leurs années au Lycée Français de New York, la paire Matthew Caws (guitare/voix) et Daniel Lorca (basse) n’a pas son pareil pour créer une connexion unique avec le public français et se sent « comme à la maison » dès lors qu’ils jouent en France partageant avec le public, qui répond bruyamment et avec enthousiasme, de grands moments de partage et d’émotion. Le sommet est atteint lors de l’ultime rappel « Blizzard of 77 » joué entièrement débranchée, guitare folk et voix, écoutée dans un impressionnant silence de cathédrale. Un merveilleux moment.


mardi 26 novembre 2024

Cinelli Brothers + Eddie 9V, Pan Piper, 25 novembre 2024.


Voyager en restant immobile, laisser son esprit s’envoler au gré des rythmes et des mélodies, les joies apportées par l’écoute de la musique sont multiples… Et l’on a fort à parier que l’un de nos pourvoyeurs de son du soir, Eddie 9V l’a bien compris, en attaquant son set par la fort bien nommée « New Orleans ». Et c’est ainsi qu’un bout de l’impasse Lamier (Paris 11ème), dans une salle à l’acoustique excellente mais manquant quand même d’âme, de personnalité, de charme, se retrouve brutalement délocalisée en plein French Quarter ! Rythmique d’enfer de la batterie, attaque incisive de la guitare, voix soulful et une nappe d’orgue pour faire groover le tout, le doute n’est point permis nous y sommes ! C’est que le natif d’Atlanta occupe un crossroad à lui tout seul ! En plein milieu du blues, de la soul et du rock’n’roll. Excellent de la première seconde à la dernière tout en multipliant les ambiances, nous avons trouvé le vol le plus court et le moins vers le sud des Etats-Unis ! « Et bon courage pour les suivants » souffle-t-on des les travées sous le charme (et le choc aussi) de la prestation qui vient de s’achever…



La barre placée aussi haut, il fallait un groupe d’une sacrée qualité, et de haut vol, pour assurer la suite. Les suspects idéaux sont tout trouvés : les Cinelli Brothers, assemblage hétéroclite de musiciens, basés à Londres, où se croisent les nationalités, français, britannique ou italiens, en même temps que les instruments passent d’une main à l’autre, passant de l’harmonica à la guitare, de la guitare à la batterie puis de la batterie à la basse et un petit tour derrière le clavier avant de retrouver la guitare. Vous suivez ? Chez les Cinelli Brothers, tout le monde joue à peu près de tout, chante à chacun son tour, sans que jamais la qualité de la musique n’en souffre. Là aussi le crossroad est bien occupé, du blues, de la soul, du rock’n’roll, une grande variété d’ambiance pour un groove qui ne jamais ne cesse mais semble prendre de l’ampleur à chaque minute au point de ressembler à un rouleau compresseur prêt à tout dévaster sur son passage. Langoureux et puissant à la fois, quel groupe ! Et puis, en guise de rappel, tout ce beau petit monde se retrouve, à 8 sur scène, autour de ce vieux saucisson de « Got my mojo working » un peu scolaire (chacun à droit à son solo à tour de rôle) mais quel pied !


samedi 23 novembre 2024

LeNoise, Concert Tribute à Neil Young, le 23 janvier 2025 à la Salle Pleyel

 


Depuis l'annonce tonitruante de Neil Young et son renoncement à prendre l'avion, pour raisons écologiques, actant de fait la fin des concerts hors des Etats-Unis, chaque tribute prend depuis des airs de célébration. Après la Maison Tellier reprenant "Harvest", rendez-vous est donc pris dans le cadre majestueux de la Salle Pleyel le 23 janvier 2025.





lundi 18 novembre 2024

Garciaphone : « Ghost Fire »

 


Troisième album pour le discret, mais ultra-talentueux, Clermontois Olivier Perez (a.k.a Garciaphone). Un troisième effort court, une petite trentaine de minutes, mais dense sans aucun superflu. Centrées sur la guitare acoustique, la qualité des compositions et l’émotion transmise à leur écoute n’est pas sans rappeler les grandes heures du folk mélancolique, de Nick Drake à Elliott Smith ("Heard of the Hermit"). Mais la grande réussite réside dans la capacité de Garciaphone à délivrer une musique à la fois sobre, délicate et intimiste mais aussi extrêmement arrangée. L’album brille par une luxuriance tout sauf superfétatoire mettant en valeur des instruments aussi variés, voire inédits, que le saz, le zither, le bouzouki ou le violoncelle. Une belle variété d’ambiance n’altérant nullement l’unité de ton passant des sonorités indie, légèrement rock, aux expérimentations quasi-psychédéliques (« Conditional love », « Weathercocks »). Une réussite.

En concert le 30/11 à la Chapelle (Châtillon)

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jeudi 14 novembre 2024

Moonkiddo : « On a silver edge »

 


La musique peut parfois être assez simple. Ce premier album de Moonkiddo appartient à une catégorie rare, celle des albums qui, cachés derrière des atours modestes, atteignent des petits sommets. Portés par les instruments à cordes (banjo, mandoline, guitares) qui constituent le cœur battant de sa musique, Moonkiddo nous invite à fermer les yeux et à rêver, portés, bercés, que nous sommes par la gracieuseté des cordes délicatement arpégées sous les doigts de fée de Julien Omé, dont le talent conjugué à la voix délicate de Véronique Lechat nous caresse les oreilles (« Silver Edge », « Tough Man »). Parfait condensé de folk et de pop, ce premier effort ne hausse jamais le ton mais explore parfois différentes voix parfois plus électriques (« Spaces »), jouant de la répétition hypnotique (« And a light ») ou aventureuses (l’évanescente et quasi psyché « Let Me ») mais plaçant, toujours, la mélodie au centre de ces préoccupations. Preuve d’un savoir faire mélodique évident en matière d’arrangement. Légères et aériennes, les chansons de Mookiddo planent au-dessus des contingences, survolant peut-être cette fameuse côte rêvée figurant sur la pochette. Une très belle réussite.

En concert le 24/11 à Fontenay-Aux-Roses

https://moonkiddo.bandcamp.com/

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