Tout a commencé, un
soir, à la Boule Noire, pendant un concert de l'Australienne Nadéah.
Sur scène, assurant la première partie, se trouvait une vieille
connaissance, John Mitchell, l'ancien leader des excellents Bad Mama Dog, que l'on avait perdu de vue depuis, au bas mot, cinq ans. Une
éternité… Un échange de mails plus tard et John nous proposait
de nous faire écouter son deuxième album (enregistré en 2012),
sous l'alias de John Mitchell Fleet, un disque jamais sorti, jamais
écouté, jamais chroniqué. Un projet avorté et un album perdu,
autrement dit un culte en puissance et en devenir. Et c'est ainsi que
quelques jours plus tard se trouvait dans la boîte aux lettres, une
enveloppe qui nous faisait bien plaisir et que l'on ouvrait avec
fébrilité. Première (bonne) surprise alors que l'on s'attendait à
recevoir un lien d'écoute (au pire) ou (au mieux) un CD-R, c'est un
produit fini, un joli digipack avec livret qui se trouvait dans la
divine enveloppe (dans le jargon on appelle cela un « def »
soit un album définitif, le même que dans le commerce).
C'est alors que
venait le moment d'insérer le cd dans le lecteur, que le nouveau nom
du groupe (Fleet, la flotte) prenait tout son sens. Avec ce deuxième
disque, John Mitchell a acquis un nouveau sens de l'ampleur et de
l'espace. La musique respire et évoque dorénavant un certain
courant planant des années 1970 (« Women like a Braid »,
l'enchaînement « No more tears/Baby »). Le genre lui va
à ravir et sa voix trouve ainsi un nouveau terrain d'expression qui
plus que jamais évoque le regretté Jeff Buckley. John chante comme
on plane au dessus des mélodies, en apesanteur (cf. le graphisme de
la pochette). En conservant, intelligemment, ses influences venue du
rock n'roll (la décapante « Bad Blood ») du jazz,
cuivres à l'appui (« Bad a boom ») et du blues (« Window
Blues ») qu'il teinte parfois de sonorités légèrement
country (« RIP »), John évite l'écueil languissant
souvent associé au rock progressif, les soli interminables et les
chansons de vingt minutes. Point de tout cela ici, John a réussi a
condenser ses aspirations progressives dans des morceaux de quatre
minutes, juste ce qu'il faut pour éviter à ce disque de devenir la
bande son accompagnant la sieste. Bien au contraire, si les guitares
ont globalement baissées en volume, on a affaire à vrai disque de
rock, ancré dans les racines étasuniennes de son auteur, et à
l'assise rythmique solide comme sur la groovy « Mr. Ree ».
A noter également la participation de la chanteuse Brisa Roché
invitée sur trois titres. Un petit mot final pour saluer les
excellents musiciens du groupe, Mathias Durand à la guitare, Quentin
Durand à la basse et Thibault Lecoq à la batterie. Il serait
vraiment dommage de laisser ces dix titres dormir sur une étagère…
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