vendredi 11 décembre 2015

John Mitchell Fleet : « Head On »



Tout a commencé, un soir, à la Boule Noire, pendant un concert de l'Australienne Nadéah. Sur scène, assurant la première partie, se trouvait une vieille connaissance, John Mitchell, l'ancien leader des excellents Bad Mama Dog, que l'on avait perdu de vue depuis, au bas mot, cinq ans. Une éternité… Un échange de mails plus tard et John nous proposait de nous faire écouter son deuxième album (enregistré en 2012), sous l'alias de John Mitchell Fleet, un disque jamais sorti, jamais écouté, jamais chroniqué. Un projet avorté et un album perdu, autrement dit un culte en puissance et en devenir. Et c'est ainsi que quelques jours plus tard se trouvait dans la boîte aux lettres, une enveloppe qui nous faisait bien plaisir et que l'on ouvrait avec fébrilité. Première (bonne) surprise alors que l'on s'attendait à recevoir un lien d'écoute (au pire) ou (au mieux) un CD-R, c'est un produit fini, un joli digipack avec livret qui se trouvait dans la divine enveloppe (dans le jargon on appelle cela un « def » soit un album définitif, le même que dans le commerce).

C'est alors que venait le moment d'insérer le cd dans le lecteur, que le nouveau nom du groupe (Fleet, la flotte) prenait tout son sens. Avec ce deuxième disque, John Mitchell a acquis un nouveau sens de l'ampleur et de l'espace. La musique respire et évoque dorénavant un certain courant planant des années 1970 (« Women like a Braid », l'enchaînement « No more tears/Baby »). Le genre lui va à ravir et sa voix trouve ainsi un nouveau terrain d'expression qui plus que jamais évoque le regretté Jeff Buckley. John chante comme on plane au dessus des mélodies, en apesanteur (cf. le graphisme de la pochette). En conservant, intelligemment, ses influences venue du rock n'roll (la décapante « Bad Blood ») du jazz, cuivres à l'appui (« Bad a boom ») et du blues (« Window Blues ») qu'il teinte parfois de sonorités légèrement country (« RIP »), John évite l'écueil languissant souvent associé au rock progressif, les soli interminables et les chansons de vingt minutes. Point de tout cela ici, John a réussi a condenser ses aspirations progressives dans des morceaux de quatre minutes, juste ce qu'il faut pour éviter à ce disque de devenir la bande son accompagnant la sieste. Bien au contraire, si les guitares ont globalement baissées en volume, on a affaire à vrai disque de rock, ancré dans les racines étasuniennes de son auteur, et à l'assise rythmique solide comme sur la groovy « Mr. Ree ». A noter également la participation de la chanteuse Brisa Roché invitée sur trois titres. Un petit mot final pour saluer les excellents musiciens du groupe, Mathias Durand à la guitare, Quentin Durand à la basse et Thibault Lecoq à la batterie. Il serait vraiment dommage de laisser ces dix titres dormir sur une étagère…


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