Auteur d’un superbe album mélangeant avec grâce soul
américaine et sonorités africaines (chronique ici), FM Laeti, avenante et
sympathique, prends quelques instants pour répondre à nos questions. L’occasion
de quelques confidences d’avant concert, saisies au vol…
Ton album mélange les sonorités de la soul des années 70
avec celles des instruments africains, la fusion s’est-elle faîte
facilement ?
Fm Laeti : Ce n’était pas nécessairement réfléchi au
début. C’était un mélange entre expérimentations et des sons que l’on avait
envie d’entendre. Ce n’est pas vraiment du calcul, on a joué en studio en se
disant, tiens on va rajouter ça et puis ça.
Est-ce que tu as vécu cela comme un retour à la source, vers
l’Afrique, là où tout à débuté finalement ?
F.L : Je l’ai vécu plus comme un coup de cœur pour le
n’goni, un instrument que je découvrais. Tout est parti de Disco (le bassiste,
ndlr) en fait. Son studio, c’est une sorte de caverne d’Ali Baba remplie
d’instruments (sourire). On a essayé différentes choses. Il est venu avec sa
camionnette, il a ramené une contrebasse, une harpe, un truc indien (rires)… On
a mis le doigt sur les choses avec lesquelles on avait envie d’expérimenter. Du
coup cela sonne comme un voyage à travers les deux côtés de l’Atlantique
(sourires)…
Est-ce que ta musique évoque le métissage ?
FL : Oh oui forcément. Je suis née en Guadeloupe, j’ai
écouté toutes sortes de musiques via mes parents, mes amis. François-Marie (FM,
ndlr) avec qui j’ai écrit l’album aussi. Et les voyages se sont rajoutés
par-dessus. Mon identité découle de mes expériences et mon vécu est assez
métissé (rires).
Les voyages t’ont beaucoup enrichi musicalement
parlant ?
FL : Oui, oui, oui ! Bon déjà j’étais bien
accompagnée avec mes parents qui m’ont toujours encouragé dans une voie
artistique. Pendant des années c’était grâce à eux que je découvrais. C’est
encore le cas aujourd’hui, mon père ou mon beau-père m’envoient des liens ou
des cds : ah tiens j’ai eu un coup de cœur pour ça ! Et puis les
rencontres pendant les voyages, des amis qui vont te faire découvrir tel ou tel
morceau… Et ça arrive encore, c’est cool (rires) !
Est-ce que tu peux nous dire quelques mots sur
« Coco », que tu chantes en duo avec Fatou Diawara ? Chacune
chante dans sa langue vernaculaire et j’ai trouvé ça très fort, comme si deux
personnes qui ne parlent pas la même langue pouvaient se comprendre à travers
la musique…
FL : C’est un mélange Créole/Wassoulou (région
d’Afrique de l’Ouest entre la Guinée, le Mali et la Côte d’Ivoire, ndlr). La
chanson parle du fait de naître quelque part puis de grandir ailleurs, de
voyager et de se créer son identité à partir de différentes cultures. Mais il y
a aussi ce sentiment qui veut que tu gardes toujours dans ton cœur l’endroit de
ta naissance. Tu le portes en toi. C’est l’endroit premier, l’identité forte.
Même si on part on n’aime pas moins d’où on vient et on n’est pas moins qui on
est en voyageant. On découvre en accueillant de nouvelles cultures dans notre
identité.
Pigalle, c’est un quartier qui compte pour toi ?
FL : Oui et d’ailleurs j’y habite ! Pour la petite
histoire mon père traînait beaucoup à Pigalle en tant que musicien et ensuite
j’ai fait beaucoup de bœufs dans ce coin là avec des amis dans des caves… On a
fait aussi beaucoup de concerts dans ce coin là Pigalle, Montmartre, toute une
série de rencontres… Je m’y suis attachée…
Ton premier album, c’est l’aboutissement d’années de
pratique ou le début d’une histoire ou bien les deux ?
FL : C’est le début de l’histoire. C’est aussi le
résultat d’une belle rencontre avec FM. On était chacun en auto-production sur
nos projets respectifs. On s’est rencontré pendant une émission de radio qui
s’est terminée en bœuf. Il y a eu un coup de cœur général et dès la semaine
d’après on s’est retrouvé. On a ramené chacun des idées de notre côté. Ca c’est
super bien passé dès les premières notes. On se complète assez bien. On
s’apprend des choses mutuellement. Chacun met son grain de sel dans les projets
de l’autre. C’est cool comme ça… On crée ensemble. FM est rarement avec nous
sur scène, c’est un peu un électron libre, il bosse sur d’autres trucs. Il fait
différentes choses et n’a pas forcément envie d’être tenu par un contrat… Mais
bon de temps en temps il est avec nous sur scène. FM Laeti ça peut être une,
deux, trois, cinq, huit membres… Ca dépend. C’est une belle tribu (rires).
On est entre les deux tours de l’élection présidentielle.
Que penses-tu des résultats du premier tour et du FN à 18 % ?
FL : C’est une réalité. J’avoue que j’aurai préféré
avoir d’autres personnes en troisième position. Vraiment. J’aurai préféré
qu’elles soient à zéro. Sincèrement. Certains sont déçus par la gauche et par
la droite et pensent trouver une solution là. Si jamais un jour leur choix
devenait une réalité, alors là ils verraient qu’ils se sont bien fait entuber
(rires) ! Je crois que tout est parti du vote d’ouvriers qui ont été déçus
et par la gauche et par la droite et c’est dommage. J’ai été marquée par les
résultats, ça m’a frappé ! Est-ce que ça me surprend ? Je ne sais pas. Les
gens viennent, ils votent, la réalité elle est là. 18 % c’est chaud quand
même !
Que chanterait-tu à tous ces déçus ?
FL : Qu’ils ont peut-être l’impression d’avoir été pris
pour des cons par d’autres partis mais que je ne pense pas que le FN arrangera
les choses. Mais bon chacun son choix après tout on est dans une démocratie.
Mais les mouvements extrêmes puisent chez les gens en difficulté en mettant le
blâme sur l’immigration par exemple alors que l’immigration ramène plus qu’elle
ne coûte (sourire).
En concert le 14 novembre à la Cigale.
Propos recueillis le 4 mai 2012.
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