Pratiquement un an après la sortie de son album, le superbe 74, Sly Johnson a enflammé la scène en plein air du Parc Floral à l’occasion du Paris Jazz Festival. Festival qui est d’ordinaire synonyme de chaleur estivale, concerts gratuits tous les samedis et dimanches après-midi jusqu’à fin juillet, a débuté sous un vent glacial. On a certes échappé à la pluie, mais il s’agit, de mémoire, de l’édition la plus froide. Heureusement, Sly Johnson (à la notoriété inversement proportionnelle à son talent, tout le contraire de son concurrent Ben l’Oncle Soul) nous a bien réchauffé grâce à sa soul music, en provenance directe des grands anciens de l’age d’or des années 70 et de la Motown en particulier. Un petit mot pour commencer pour rendre hommage au groupe qui l’accompagne avec classe. Une excellente section rythmique, un batteur au groove puissant (Manu Diaz) et le bassiste Ben Molinaro (jolies basses vintages) qui l’accompagne discrètement, pas une note de trop, pas de démonstration superfétatoire, mais avec efficacité. La jeune (et très jolie) choriste Valérie Delgado possède une belle voix et une touche de féminité dans les chœurs et sur scène. Ses chorégraphies coordonnées avec celles de Sly apportent de la grâce au show. Armé de sa Les Paul noire, le guitariste est funky sur les parties rythmiques et bluesy pendant les solis, avec quelques attaques soulful à la pédale wha-wha. Enfin, last but not least, un plus indispensable, un véritable orgue Hammond B3 (et sa cabine Leslie, respect !) instrument rarissime sur scène tant il est lourd et difficile à transporter (profitons-en au passage pour saluer les roadies qui doivent se trimballer la bête). Mais quel son ! Ce souffle chaud inimitable qui s’en échappe est un vrai délice. D’autant plus que le claviériste a à disposition un petit piano électrique vintage (un Fender rhodes probablement) complément idéal de l’orgue pour plonger l’auditeur dans une somptueuse ambiance 70s. Tous les ingrédients sont donc réunis pour mettre les compositions de Sly en valeur, d’autant que ce dernier possède une technique vocale incomparable, capable même à cappella de scotcher l’auditoire (il n’a pas été human beat boxer dans le Saian supa crew pour rien). Et un timbre soulful à l’avenant. Un excellent concert marqué par la reprise magnifique (et saluée par maints applaudissements) du « What’s going on » de Marvin Gaye, pour un peu on se serait cru à Detroit.
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