dimanche 23 novembre 2008

Todd Rundgren, Le Trabendo, 20 novembre 2008.

Ce soir, j’ai l’impression d’être l’un des personnages de « That 70’s show », une sitcom que j’aime bien, dès le premier épisode, ils allaient voir Todd Rundgren en concert. Pour ma part, c’est, après son passage au Bataclan il y a quelques années, la deuxième fois que je le vois. Todd Rundgren, c’est un cas. Un type capable de s’enfermer tout seul et d’enregistrer un disque en jouant de tous les instruments. Il y a, incontestablement, du génie en lui. Le problème avec les génies, c’est qu’ils sont parfois difficiles à suivre. Todd Rundgren, c’est dans un premier temps un pionnier du rock garage pré-punk avec son groupe Nazz, à la fin des années 60. Au début des années 70, Rundgren s’est mué en chanteur/pianiste, auteur/compositeur pop. On aurait été à deux doigts de le confondre avec Elton John. Ses albums de l’époque, « Runt », « The Ballad of Todd Rundgren » et surtout le double « Something/Anything » (l’un des grands doubles albums de l’histoire) sont excellents. Gorgés de tubes « I saw the light », « Hello it’s me », Todd est sur le point de devenir une star majeure. Parce que pour la seule fois de sa carrière, il est en phase avec son temps. Mais Rundgren refuse la gloire. Dès 1973 et l’album, conseillé car remarquable, « A wizard, a true star », Rundgren se transforme à nouveau et devient un précurseur des musiques électroniques. Dorénavant Rundgren sera systématiquement en avance sur son temps. Il passe la majeure partie des années 70 avec son nouveau groupe Utopia, composé de trois synthés, mélangeant rock progressif et électronique. Dès 1979 il s’intéresse à la vidéo et fut un le deuxième artiste à passer sur MTV. Dans la même optique il est aujourd’hui un vétéran d’internet et vend sa musique en ligne depuis plusieurs années déjà. Musicalement, son influence est palpable chez Ben Folds, Ben Kweller où chez Kevin Barnes, la tête pensante (et je le crains, malade) d’Of Montreal (voir mes messages des 26 mai et 30 juin 2007 ). Personnage innovateur, musicien parfois expérimental et pas toujours facile d’accès, Rundgren est aujourd’hui oublié du grand public. C’est un musician’s musician (il a également une belle carrière de producteur avec Patti Smith, les New York Dolls, Grand Funk…). Ce qui explique que ce soir il soit sur la scène d’un Trabendo et non pas, comme beaucoup de sa génération, à Bercy, au Zenith (voisin) voire au stade de France.

Depuis le début de ce siècle, Rundgren a retrouvé les vertus du rock. Et l’a prouvé en donnant un concert, enthousiasment, bien que extrêmement chargé en décibels. En effet, Rundgren n’a pas joué une seule note de piano de toute la soirée. Par contre, il n’a pas lâché sa guitare verte une seule seconde. Entouré d’une deuxième guitare, d’un batteur, d’une jolie bassiste aux cheveux courts et enfin d’un dernier musicien alternant guitare et clavier, Todd a d’abord ravi l’assistance revisitant ses vieux titres, les plus « normaux ». Quel plaisir d’entendre enfin en live « I saw the light » et « Black Maria », sans qu’aucun de ces deux morceaux n’ait pris une seule ride. Il a même ressorti « Open my eyes », le premier 45 tours de Nazz, qui est quand même un plagiat du « Can’t explain » des Who. La deuxième partie du show a été consacrée à son répertoire récent, que je connais assez mal. J’ai quand même beaucoup aimé « Strike » quand tout le public a levé le poing en l’air en même temps. On a même eu droit à un blues inédit, composé d’après ses dires l’après-midi même. A l’écouter, il serait même l’inventeur du blues. Bon un concert de Todd Rundgren ne serait pas un vrai concert sans son fameux sens de l’humour ! Je ne suis pas tellement compliqué comme garçon, dès qu’il y a de la guitare, en gros, je suis content ! Et en l’occurrence, j’ai plutôt été bien servi ce coup-ci.

Todd Rundgren : « Hello it’s me » (1973)


Todd Rundgren : « I saw the light » (acoustic 2005)


Todd Rundgren : « I saw the light »

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