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Donc le film est à grand spectacle, les acteurs ont de la voix et les personnages sont assez attachants. Jamie Foxx, le Berry Gordy de l’histoire, est un salopard, Eddie Murphy, dans son meilleur rôle depuis des lustres, est un hybride entre James Brown, Little Richard, Marvin Gaye et Sam Cooke. Le scénario narre l’ascension, la chute et la renaissance jusqu’au climax hollywoodien. Bref, Dreamgirls est suffisamment bien troussé pour donner l’impression de voyager dans le temps et faire passer une soirée agréable.
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On l’a vu plus tôt, le film est librement inspiré par les événements. Heureusement car en devenant Deena (interprétée par Beyoncé), Diana a perdu la mémoire en cours de route. Les Supremes (rebaptisée The Dreamettes) se sont formées en 1957. Elles étaient, au début quatre puis trois, la maudite Florence Ballard (l’Effie du film), Mary Wilson, Betty McGlown (remplacée par Barbara Martin) et la megastar Diana Ross (de son vrai nom Diane Earle). Florence avait alors 14 ans. Florence a quitté les Supremes en 1967 avant de sombrer dans la déchéance, alcoolique et accro aux médicaments, mariée à un certain Thomas Chapman qui abuse d’elle. Florence est morte le 22 février 1976 à Détroit. Elle avait 32 ans. La réconciliation avec Deena/Diana, que l’on voit dans le film à grands coups de musique larmoyante, n’a jamais eu lieu. Pas plus que son come-back triomphal. Elle a bien enregistré un album, « You don’t have to », oublié depuis. Au moment de son décès, Florence tentait de relancer sa carrière. Tentative qui n’a pas fait florès. La comédienne Jennifer Hudson (Effie) fait preuve d’une belle empathie lorsqu’elle affirme qu’elle lui donne « la revanche dont elle aurait rêvé ». Autre oubliée de l’histoire, Maxine Powell, engagée par Berry Gordy (le patron de la motown dans la réalité) pour gommer chez ses stars toute trace de négritude afin de les rendre acceptables pour le public blanc de l’époque comme si elles devaient chanter « à Buckingham Palace ou à la Maison Blanche ». Dreamgirls est donc à apprécier comme un simple divertissement hollywoodien et non une reconstitution rigoureuse.
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