Chemin faisant, c'est avec une cruelle ironie que l'on goûte le nom, Victoire Totale dans sa traduction française, du groupe mancunien, Total Victory, qui vivote dans son coin depuis douze ans dans un relatif anonymat. Sorti initialement en 2013, réédité ces jours-ci dans une splendide édition vinyle, l'album « The Pyramide of Privilege » vient apporter de l'eau fraîche à notre moulin. Si pyramide il y a, cette dernière est circonscrite dans un périmètre entre math-rock (pour les compositions alambiquées), post punk (pour la rage musicale qui anime le quartet et qui va crescendo d'un bout à l'autre de l'album cf. « Conservative Girls ») et indie rock (parce que l'on se démerde avec les moyens du bord). Si aujourd'hui, comme à l'époque des faits, Total Victory passe relativement inaperçu, c'est tout simplement parce que notre époque est relativement pourrie. Totalement à contre courant, voilà un album qui demande un minimum d'investissement de la part de son auditeur, la beauté stridentes des guitares, « (Can we cool down) Venus ? » ; « 1700-1703 », ne se déflore qu'au fil des écoutes répétées, la formidable intention des musiciens (sortir des sentiers battus cf. « Manifestations ») peut déstabiliser un temps avant de se révéler addictive. L'édition vinyle (merci mille fois la face cachée) se révèle pertinente pour un projet de cette ampleur qui se goûte de bout en bout (tout l'inverse d'un titre balancé au milieu d'une playlist quelconque) du début à la fin. Un révélateur de la dextérité des musiciens efficaces sur les formats ultra courts (l'envoûtant « Time Crimes ») comme sur les odyssées au long cours (« Fiat Lux », « The Singer »). Il n'est pas trop tard pour changer le cours de l'histoire.
https://totalvictory.bandcamp.com/
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