mercredi 6 juillet 2016

Eurockéennes de Belfort 2016.


Vendredi 1er juillet :

Ah la belle saison des festivals qui recommence et on retrouve notre site préféré, celui du Malsaucy, bordé de deux étangs et de la magnifique scène de la plage…

Une première belle découverte pour commencer le week-end, avec Pumarosa groupe d'obédience plutôt cold mais pourtant traversé par une guitare dansante et funky. Pumarosa donne envie de danser à l'image de sa magnifique chanteuse. Vint ensuite la première grosse affaire du week-end, The Last Shadow Puppets. Après un premier album sorti en 2008, le duo formé de Miles Kane et d'Alex Turner (Artic monkeys) s'était fait plus discret, chacun vaquant à ses occupations personnelles. Les occasions de les voir en concert se font donc assez rares. Le duo se présente en version enrichie avec section rythmique, clavier et quatuor à cordes pour une cavalcade pop acoustique mais transpercée de fuzz psyché, l'occasion pour Kane d'assouvir ses fantasmes de guitar-hero. Turner, l'air faussement cool et détaché dodeline du postérieur à l'attention des groupies du premier rang. Tout cela semble un peu trop forcé pour être honnête. Musicalement, le rendu live alterne le bon et le moins bon, perturbé par un son assez moyen. Dommage… Que serait un festival sans coup de cœurs ? On ne le sait toujours pas et on ne le devinera pas cette année puisque, alors que déboule Chocolat sur la scène du club loggia, on vient de trouver notre premier de l'année. Entre garage et rock stoner, les Canadiens pratiquent un bourdonnement heavy, hypnotique et psychédélique fortement inspiré par les 70s : on adore ! Amplis Vox et guitare Rickenbacker, ces Québécois ont du goût ! Un petit tour par la grande scène nous confirme qu'en dépit de la machine à tubes, on ne saisira jamais tout à fait l'hystérie collective qui s'empare du Malsaucy pendant le passage des Insus (ex-Téléphone). Une petite visite nostalgique de ce morceau du patrimoine rock hexagonal, l'heure nostalgique de la fin de semaine. On termine la soirée avec deux sacrés morceaux : la soul moite de Nathaniel Rateliff qui fidèle au patronyme de son groupe les Night Sweats nous aura bien fait transpirer au cœur de la nuit. Sur la scène de la plage Ty Segall nous aura délivré un show hallucinant, survolté, entre garage et grunge, dont le volume sonore démesuré nous a laissé KO. Sur ce, il est trois heures du matin et on va se coucher…

Samedi 2 juillet :

Mais que se passe-t-il sur la scène de la plage ? L'endroit est toujours aussi magnifique, quel dommage que le son soit aussi mauvais. D'autant plus que c'est l'excellent trio garage Yak, dont le chanteur est le sosie de Mick Jagger, qui en fait les frais… Un peu plus tard on retrouve Last Train, une vieille connaissance jouant quasiment à domicile. Si le groupe dispose d'un potentiel certain, encore faudrait-il sortir de l'ombre envahissante de BRMC pour l'exploiter totalement. Le quatuor peut également améliorer sa gestion des passages instrumentaux parfois au bord du chaos et trop brouillon. Pas mal cependant. Forte personnalité, Elle King illumine la scène de la green room. Tatouée, le timbre puissant, cette dernière évolue dans un registre teinté de blues et de country, n'hésitant pas à sortir le banjo (le genre de détail qui ne peut que nous plaire) à l'occasion, parsemant ces idiomes d'un soupçon de pop ou de reggae pour mieux les faire accepter d'un public incapable de saisir la finesse de la country. Belle découverte. Cruel dilemme ensuite faut-il aller voir les Allah las ou Pokey Lafarge programmés exactement en même temps ? Quel dommage. On optera finalement, avec bonheur, pour la deuxième option. Chapeau de travers, salopette en jean, Pokey Lafarge décroche haut la main la palme du musicien le plus élégant du week-end. Mais chez Lafarge l'élégance n'est pas uniquement vestimentaire mais également musicale. Contrebasse, banjo (décidément), clarinette, Lafarge évolue dans un style rétro, entre country, blues et jazz au swing délicat. A noter une belle reprise de « You never can tell » pour finir. D'une pâleur digne de Pee-Wee Herman, Lafarge a déclenché une belle hystérie dans le public qui danse façon country. Malheureusement les cris et autres discussions couvrent la musique, largement acoustique, qui gâchent l'écoute du moment le plus musical de cette fin de semaine. A revoir en intérieur. Un détour par le jardin des souvenirs plus tard, on retrouve Beck, héros de notre adolescence. Chouette set, on remercie l'inventeur de l'écran géant sans qui on n'aurait pas vu grand-chose… On retourne ensuite dans le cadre intime de la scène du club loggia pour la belle découverte du jour, les Irlandais d'Otherkin qui retournent le public pour leur premier concert français. Dans le genre indie, teinté de punk, le tout jeune quatuor fait preuve d'une belle énergie à défaut d'être fondamentalement original. Mais comment ne pas succomber à une telle fraîcheur ? Changement de registre radical ensuite en compagnie de l'électro cotonneuse, planante et teintée d'influences 70s d'Air. Chouette moment musical pour redescendre en douceur. On termine la soirée en compagnie de Foals sur la green room. Se jouant des clichés, Foals provoque la même excitation qu'un bon vieux groupe de rock n'roll tout en privilégiant une approche originale et créative ne ressemblant à rien de connu. Il ne fait point de doute que les Londoniens possèdent une patte bien à eux, un son de guitare cristallin et un batteur toujours au point de rupture. Un grand groupe.

Dimanche 3 juillet :


Nouvelle déception sur la scène de la plage en compagnie de la pourtant talentueuse Courtney Barnett dont le son catastrophique a complètement gâché la performance. Trop de basse, on n'entends rien, fait impensable, on part avant la fin… Le banjo serait-il l'instrument star de cette année ? On se pose la question alors que l'excellent songwriter Kurt Vile sort le sien sur la scène du club loggia. Entre délicatesse acoustique et fulgurance électrique et un soupçon de modernité par le biais d'une boîte à rythme utilisée avec parcimonie, Kurt Vile ressemble à l'enfant naturel que Bruce Springsteen et Neil Young n'auront jamais ensemble. Très chouette. Dommage cependant que son set chevauche celui de Mac Demarco dont on a raté le début. Toujours aussi cool, le Canadien invite les spectateurs à venir le rejoindre pour assister au show depuis le côté de la scène, offrant même sa tournée de bière. Sa copine Courtney Barnett en profite pour venir festoyer avec le groupe. Entre pop et garage, avec une guitare cristalline bien à lui, toujours aussi décontracté, Demarco nous a offert le moment le plus convivial et débonnaire de ces trois jours. Dieu sait si on vilipendé The Kills sur cette page… Le retour du groupe s'accompagne d'une petite révolution culturelle puisque le duo se produit maintenant en groupe avec section rythmique et clavier. Il en résulte une énergie nouvelle pour le groupe et pour la première fois on apprécie… Belle (re)découverte. Il y a un an à Rock en Seine, Tame Impala nous avait déçu. Si le groupe navigue toujours entre pop et psyché, la nouvelle orientation que Kevin Parker a donné à sa musique, plus électro, axée sur les synthés plutôt que sur la guitare nous avait quelque peu dérouté. Il a finalement fallu un an pour que le groupe s'approprie ces nouveaux sons. Le rendu live du soir est méconnaissable, le concert est une véritable explosion de joie à l'image féerique des confettis projetés dans le ciel, un moment festif ! Signalons l'excellente prestation de Julien, le batteur français du groupe, aussi efficace sur un kit électronique qu'acoustique. Il s'agît d'un retour en grâce pour le groupe. Que serait un festival sans une dose de métal ? Sur la scène du club loggia Sleep occupe le créneau avec grâce. Groupe mythique formé il y a 26 ans qui a préféré splitter plutôt que compromettre sa vision, Sleep fraîchement reformé est de retour. Pionnier du doom/stoner, Sleep pratique une musique virtuose, bourdonnante, répétitive et hautement addictive. On termine notre week end en compagnie des mythiques ZZ TOP et de leur boogie imparable. Toujours aussi blues et heavy, le trio nous étonne lorsque Dusty délaisse sa basse au profit d'un synthé qu'on entend à peine. Pour le reste, dans un décorum évoquant l'univers mécanique et la bagnole, le trio a balancé ses tubes avec une belle maîtrise. A noter une belle reprise d'Hendrix. A l'année prochaine.

Aucun commentaire: