lundi 23 mai 2016

Go Slow Joe





Dans la triste litanie de disparitions qui se suivent, rythmant notre année 2016 sur le ton de la mélancolie, c'est avec une émotion énorme que l'on a appris le décès de Slow Joe le 3 mai dernier à l'age de 73 ans. On en a forcément moins parlé que pour d'autres musiciens, beaucoup plus médiatiques, mais la nouvelle nous a touché de manière autrement plus personnelle. L'auteur de ces lignes se souvient encore de sa rencontre avec Slow Joe, lorsque, jeune impétrant, le carnet de notes à la main et le magnétophone sous le bras, je partais faire ma première interview en anglais. Aujourd'hui encore, cette rencontre compte parmi mes meilleurs souvenirs. Il faut dire que Joe c'était un sacré personnage que l'on aurait cru débarqué d'une autre planète, se nourrissant à base de quantité astronomiques de beurre et incapable de tenir en place. Toujours en mouvement, Joe ne pouvait rester assis. A tel point que le groupe l'a, plus d'une fois, perdu avant un concert. C'était surtout quelqu'un de charismatique attirant immédiatement la sympathie ; toute l'équipe de caravelle, qui travaillait avec lui à l'époque, se serait pliée en quatre pour lui. Au-delà de ces tendres anecdotes, Slow Joe & The Ginger Accident c'était avant tout une belle histoire, née sur une plage en Inde où Cédric de la Chappelle, jeune musicien lyonnais, a rencontré le chanteur, largement sexagénaire, alors qu'il jouait du ukulélé. La belle aventure durera presque dix ans et donnera naissance à une discographie, certes peu fournie, mais sans aucun déchet. Deux excellent albums (le troisième est en cours de finalisation et devrait sortir à titre posthume), un EP et deux 45 tours (dont « My teenage days » sorti l'an dernier à l'occasion du disquaire day) sans la moindre fausse note. Joseph Manuel Rocha (pour l'état civil) était également l'auteur de la chanson « You will be mine » sur le récent album de l'excellente Awa Ly. Le « crooner psychédélique » a connu une fin de vie hallucinante après des années de galère. Il va beaucoup nous manquer et c'est rien de le dire...

Aucun commentaire: