dimanche 29 mai 2016

Eli « Paperboy » Reed : « My way home »


Intitulé « My way home », ce nouvel album, le cinquième, scelle le grand retour d'Eli « Paperboy » Reed. Il faut dire que l'artiste revient de loin. Un petit retour en arrière s'impose. Deux albums sortis en indépendant (dont l'excellent « Roll with you », 2008) ont transformé le guitariste en nouveau petit prodige de la soul vintage. L'industrie musicale s'intéresse alors au musicien pour le meilleur (l'album « Come and get it », 2010) et le pire (« Nights like this », un album raté dans les grandes largeurs sorti en 2014). Porté aux nues puis voué aux pires gémonies par l'industrie, Reed est alors « libéré », comme on dit poliment dans le milieu, de ses obligations contractuelles après maintes promesses non tenues. Laissé pour compte, sur le carreau, le musicien semble vidé de son inspiration. Mais il en faut plus pour faire taire un véritable artiste. La rédemption viendra d'un coin de rue à Harlem, entre la 125ème rue et le boulevard Frederick Douglass, où le natif de Boston prendra l'habitude d'encadrer une chorale formée de jeunes défavorisés dans le cadre du « Gospel for teens program » pour des concerts improvisés à même le trottoir. Comme un passage de témoin pour le chanteur, lui-même formé à la Chicago Church par Mitty Collier, une ancienne gloire soul devenue pasteur. Revigoré, Reed retrouve le chemin, sa « way home » et se lance dans l'enregistrement de ce nouveau disque, qui prend une importance toute stratégique pour son auteur. Enregistré en petit comité (l'ex True Love JB Flatt à l'orgue, Michael Montgomery à la basse et Noah Rubin à la batterie) en quatre jours tout pile, « My way home » retrouve la magie soul qui nous avait tant touché à l'époque de « Roll with you ». Puisant à la source, le gospel (« What have we done »), la soul, Reed délivre un album intimiste, animé d'une véritable fièvre rock n'roll incarnée par des guitares rugueuses et des vocaux au cordeau. Sur ce plan précis Reed impressionne vraiment, se livrant corps et âme sur chaque titre, de son chant inimitable, à plein poumons entre cri et mélancolie. Il n'a jamais aussi bien chanté que sur ce disque. A New York, le revival soul ne se limite pas aux labels Daptone et Truth & Soul, aussi excellents soit-ils. Ce nouveau disque vient en apporter la preuve magistrale. Enfin réconcilié avec sa musique, Eli « Paperboy » Reed est de retour. Et on est heureux de le revoir.
En concert à Paris (la boule noire) le 3 juin et le 23 septembre 2016.

Aucun commentaire: