(c) Aubrey Edwards |
Agé de 83 ans, Leo Bud Welch est l'un
des derniers maîtres du Mississippi Blues encore parmi nous. Autant
dire que sa venu dans la petite salle de la Maroquinerie a tout de
l'événement immanquable. Il est environ 21h30 lorsque la silhouette
voûtée par les années de Leo fait son apparition sur la gauche de
la scène avant de rejoindre sa chaise posée au milieu de la scène,
sa guitare Les Paul rose à paillette, décorée de stickers à son
nom, sous le bras. D'emblée il apparaît que si Leo accuse le poids
des ans, ces derniers n'ont aucune prise sur sa dextérité musicale.
Son clair, Leo balance les notes et de suite, la maroquinerie prends
des airs de juke joint, le public, composé en majorité de vieux
hippies, réagit immédiatemment sifflant, criant, exhortant Leo à
qui mieux-mieux. Ce dernier prie d'euphorie se lève alors de sa
chaise pour une rare tentative de duck walk à la Chuck Berry. Leo
balance ses accords avec une grande précision rythmique, c'est net,
carré et surtout très puissant : quel swing dans la main
droite ! Des vieilles scies mille fois entendues comme « sweet
home Chicago » ou « Got my mojo working » en
ressortent transfigurées, rajeunies, même si Welch semble parfois
un peu esseulé. Une section rythmique pour dynamiter encore plus
l'ensemble aurait été la bienvenue... Quant à la voix de Leo,
profonde et érraillée, elle respire le vécu. Il ne fait aucun
doute que son chant vient réellement de l'intérieur. Sur la fin de
son deuxième set, Leo a été rejoint par ses invités à la
deuxième guitare. On passera rapidement sur Faris, très décevant,
pour s'attarder sur le jeune Marceau qui a fait des miracles à la
six cordes. Ce dernier envoie ses notes avec beaucoup d'assurance et
prends visiblement beaucoup de plaisir un énorme sourire barrant son
visage. La connexion avec Welch prends sans peine, les deux musiciens
se complétant parfaitement et esquiveront quelques pas de danse pris
dans la chaleur du moment. C'est alors que notre voisine de la fosse
sautera les fusibles, hurlant et sautant, avant de nous présenter
ses plus plates excuses, désignant du doigt le jeune guitariste :
« C'est mon fils ! ». Voilà une note guillerette et
mignonne parfaite pour clotûrer cette chouette soirée.
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