Présent en première partie Duel (dont on avait évoqué le premier ep ici) illustre bien la difficulté de chroniquer les artistes en
développement. Le duo de guitaristes/chanteurs, formé de Julien et Brieuc, est
pour la scène renforcé par un troisième membre préposé aux claviers, samples et
boîtes à rythmes. Toujours en gestation, le projet n’a pas encore de contours
biens définis. Duel, cherche, expérimente et cela s’entends. Si on peut parfois
regretter l’importance prises par les boucles sonores et la rigidité imposée
par l’utilisation d’une boîte à rythme, la musique de Duel révèle pourtant
parfois des moments d’une évidence mélodique limpide :
« Caramel », « Mourir au combat » ou le tube en puissance
« Hey tu ne me manqueras plus ». C’est finalement lorsque l’accent
est mis sur les guitares (une acoustique et une électrique) que l’on apprécie
le plus le duo. Dans ses meilleurs moments, Duel emporte littéralement
l’auditeur dans une virée onirique au pays du son. A noter également une
excellente reprise du « There is a light that never goes out » des
Smiths et Dieu sait qu’il n’est pas aisé de se glisser dans les pénates de
personnalités aussi fortes que Marr et Morrissey. Une prestation en demi teinte
donc, pas dénuée de qualités, loin s’en faut, mais la formule n’est pas encore
complètement rodée, simple question de temps.
C’est ensuite avec un plaisir non feint que l’on retrouve
The Spinto Band, quintet (guitares, basse, claviers, batterie) originaire du
Delaware (suffisamment rare pour être souligné). On pourrait croire que le
Spinto Band, parce qu’il pratique un univers coloré et enfantin où se côtoient
kazoo (« Brown Boxes ») et mandoline (« Oh Mandy ») et
s’amuse à reprendre « Brazil », est un groupe pop gentillet. Erreur
fondamentale. Certes, la pop du groupe est colorée, fun et toujours optimiste.
En studio. Tel un iceberg, une fois sur scène, le groupe révèle une face
immergée bien différente. Celle d’un groupe de rock indé redoutable boosté par une
section rythmique à toute épreuve. Dôté d’un jeu de scène assez expressif,
Thomas Hughes à la basse est d’une précision sans faille. Son approche de
l’instrument est pour le moins originale mais efficace. Derrière sa batterie,
Jeff Hobson frappe ses toms avec une impressionnante puissance, assez
inattendue. Et le fait que le groupe ait perdu un guitariste, ils ne sont plus
que deux contre trois précédemment, n’a en rien altéré cet aspect rock.
« Late » ou « Direct to helmet » sont quasiment garage/punk.
C’est aussi avec grand plaisir que l’on a retrouvé le tube inusable « Oh
Mandy », dans une nouvelle version sans mandoline mais axée sur les
guitares, qui en huit ans n’a pas pris une ride. A noter aussi les chouettes
harmonies vocales du groupe. Enfants naturels de la scène power pop indé des
années 1990 (Nada Surf, Weezer, Spoon, Death Cab for Cutie etc…) The Spinto
Band prend la relève avec beaucoup de classe.
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