samedi 23 juin 2012

Fête de la musique, 21 juin 2012.


Partant d’une intention louable, la fête de la musique s’avère parfois être une soirée plutôt décevante, voire vaine car après tout quand on aime la musique, c’est un peu la fête tous les jours… Il est toujours possible de voir des artistes intéressant ce 21 juin et pour ce qui me concerne, la soirée a été placée sous le signe de chanteuses…

Elisa Jo (co) Diane Sagnier

Elisa Jo, Apple store carrousel du Louvre,
On commence dès 18 heures dans un célèbre magasin d’informatique « à pomme » à côté du musée du Louvre où nous attends la toute jeune Elisa Jo, à peine dix huit ans et auteur d’un premier EP prometteur (voir ici) produit par Benjamin Biolay. Accompagnée par son acolyte Mathieu, Elisa nous a gratifié d’un mini-concert en duo acoustique, piano, guitare, voix agrémentée de quelques percussions. Dotée d’une belle voix plutôt soul, étonnante de maturité vu son jeune age, Elisa évolue dans un registre plutôt pop d’une grande qualité d’écriture (cf. son mini tube « Back Around »). Une bonne dose de fraîcheur et une présence scénique évidente font d’elle une belle promesse pour l’avenir, en attendant qu’un album vienne concrétiser son talent…

The Barettes, Le vieux Léon.
Deux qui ne manquent pas de talent, ce sont les Barettes, Laura et Johannah qui ont fort à faire pour se faire entendre sur la scène en plein air installée en face du Vieux Léon, un café de châtelet où elles ont leurs habitudes. Echangeant quelques sourires et autres regards en coin, signe de la grande complicité qui les unis, les Barettes entament la soirée avec leur hilarante chanson (la seule en français pour le moment) « Je ne suis pas française ». Des conditions par forcément évidentes, la scène est balayée un vent glacial et un horrible beat techno venu du café d’à côté perturbe un peu l’écoute de nos deux demoiselles qui s’en sortent pourtant très bien avec leur guitares folk. Alternant les reprises, celle du « Killing me softly » de Roberta Flack est très réussie, et leur compositions personnelles, « Burn » est très chouette, les Barettes ont montré toute l’étendue de leur talent vocal, diantre qu’est-ce qu’elles chantent bien ! Et en plus elles dont amis prêt à venir leur donner un coup de main à savoir le groupe de blues (excellent au demeurant) qui vient, au débotté et sans répétition préalable, aider le duo a se faire entendre un peu plus. La fin de leur prestation est marquée par quelques flottements, ce qui donne des moments assez rigolos quand Johannah commence à entonner « Hit the road, Jack » et que Laura préfère finalement chanter « Summertime » (les accords sont les mêmes). Rien de rédhibitoire cependant, leur bonne humeur communicative et leur humour les sortent de toutes les situations. Les Barettes, c’est le groupe qui rend heureux !

www.elisa-jo.com
www.thebarettes.com

mercredi 20 juin 2012

Hey Hey My My + Marshmallow, le nouveau casino, 18 juin 2012.


Marshmallow


Un petit mot pour commencer sur Hey Hey My My (un nom en hommage à qui vous savez), chantres d’un folk pop à la française (bien que chanté dans la langue de Shakespeare) qui s’est taillé un joli petit succès il y a quelques années et qu’on avait un peu perdu de vue ces derniers temps. Ils sont donc de retour, il s’agit de leur premier concert depuis un an et on s’en félicite ! Excellent groupe qui a le don de nous faire voyager sur une autoroute imaginaire grâce à un son roots trempé dans les années 60/70. Vivement un nouveau disque !

C’est ensuite les Marshmallow, un des groupes les plus attachants parmi les formations apparues cette année, qui ont fêté en grandes pompes la sortie de leur album sur la scène du Nouveau Casino. Lookés façon sixties, tous la même chemise bleu clair, les Marshmallow ont donné un concert à leur image : dans la joie et la bonne humeur, fun, émaillé d’incessantes blagounettes, grâce au charisme de le chanteur Fred. Mais c’est oublier l’essentiel : ce sont d’excellents musiciens ! On sent tout de suite l’expérience de 300 concerts, ils assurent comme des vieux de la vieille y compris lorsqu’il faut gérer la casse de la grosse caisse. Le son est puissant, plus imposant que sur disque, et les refrains simples et mémorisables (genre pa papapapa) leur permettent de se mettre le public dans la poche qui chante en chœur. Simple, attachant, plus original que l’on peut le penser de prime abord (peu de groupes chantent de la pop 60s anglaise en français), bref vous l’aurez compris les Marshmallow sont à découvrir sur disque et en live.

Ben Mazué : « La règle des trois unités »




Fermer un chapitre tout en ouvrant sur le prochain, c’est l’objectif que s’est fixé Ben Mazué avec ce nouvel ep de six titres faisant le lien entre deux albums. Pour se faire, Ben est tombé sur la règle des trois unités, vieux principe théâtral prônant l’unité de lieu et de temps. Enregistré sur une période réduite dans un appartement du boulevard Montparnasse, cette courte collection de chansons mélange titres inédits et nouvelles versions de chansons plus anciennes (« La valse », « Je regrette ») et éclaire d’une lumière nouvelle la musique de Ben. Assez majoritairement acoustique, au point qu’il est parfois difficile d’y retrouver le fan de soul et de hip hop, c’est la facette « chanson française » de Ben que l’on retrouve ici dans un registre délicat et intime, bien que les enregistrements ont été réalisés avec son groupe de scène. Un chouette petit ep en attendant la suite de l’aventure…
En concert avec Nadéah le 29 juin au Café de la danse.

mardi 19 juin 2012

Elisa Jo : « Back Around »




Nouvelle venue sur la scène française, à peine sortie de l’adolescence, Elisa Jo fait forte impression avec ce premier maxi de quatre titres. Avant toute autre considération, Elisa Jo c’est une voix. Qui marque l’auditeur. Un timbre typiquement soul, étonnant de maturité vu son jeune âge. La musique est à l’avenant entre guitare folk et songwriting pop, le tout parsemé d’orgues et de cuivres du plus bel effet pour le cachet soul de la chose. La jouvencelle est à l’aise dans tous les registres de la ballade « Milk and Honey » au groove plus musclé « The fight ». Prometteur, forcément…
En showcase le 21 juin à l’apple store du Louvre (18h)

dimanche 17 juin 2012

Paul Weller, Le Bataclan, 13 juin 2012.




C’est un Paul Weller surexcité, sautillant sur place prêt à en découdre tel un boxeur prêt à en découdre que l’on a retrouvé sur la scène du Bataclan. Entouré par son nouveau groupe (batterie, percussions, claviers, basse et guitare) et, comme d’habitude, tiré à quatre épingles dans son costume cravate (Savile Row ?) Paul Weller a donné un concert en deux parties. Après une intro un peu psychédélique où se côtoient guitares rock, batteries énormes et arrangements planant et émaillés par quelques problèmes de son (trop de basse et trop de voix notamment), le groupe est passé faire un court arrêt par les loges. A son retour, changement d’ambiance : alignés sur le devant de la scène et assis sur des tabourets, les musiciens se sont emparés de guitares acoustiques pour un mini set folk. La parenthèse acoustique terminée un set rock pur et dur pour finir, notre modfather est de retour. Fini les problèmes de son, le groupe se fait plaisir et envoi des watts : magnifique ! Pour les rappels, hommage obligatoire aux Jam : Art School/In the city ; le public saute dans tous les sens ! L’ovation fût tellement forte que Paul et son groupe sont revenus pour un deuxième excellent rappel « The changingman ». Concert exceptionnel d’un artiste à la carrière remarquable.

Marshmallow : « A l’heure d’été »


MARSHMALLOW "A l'heure d'été" par marshmallowpop


Découverts en début d’année sur la foi d’un excellent EP, voici venu l’heure pour Marshmallow de sauter le pas vers cette étape cruciale dans le parcours de tout jeune groupe, celle du premier album. Co-réalisé par Yarol Poupaud (FFF, Black Minou) et Fred Jimenez (ex AS DRAGON), on retrouve sur cet effort inaugural trois titres de l’EP (« A l’heure d’été », « Bloody Mary à la paille », « Des palmiers sur ton uniforme ») dans de nouvelles versions plus arrangées. Avec cet album, Marshmallow réussit ce que bien peu de groupes tentent dans l’hexagone (préférant se réfugier derrière un anglais parfois déplorable) marier pop-rock d’essence typiquement anglo-saxonne avec des paroles en français. La formule fonctionne beaucoup par ce que le groupe préfère les textes légers, privilégiant la rime plutôt que de chercher à faire passer des messages lourds de sens. Résultat un disque pop, léger, ensoleillé (à l’exception de la très hivernale « Le Réveillon ») et surtout fun. Puisant son inspiration chez les groupes des années 60, Marshmallow organise un grand revival qui vous transportera tantôt à la plage ou en plein western (« Au fond du désert »). Vous l’avez sans doute deviné, c’est le disque de votre été et même au-delà.

vendredi 15 juin 2012

Marilyn Manson : « Born Villain »




Laissé libre par son ancienne maison de disque peu avant l’enregistrement de ce nouvel album, Marilyn Manson est désormais à la tête de son propre label Hell Etc. Profitant à plein de cette liberté retrouvée, Manson n’hésite plus à sortir des chemins (parfois trop) balisés du heavy metal, rassurons tout de suite les fans de gros son, l’album contient son lot de guitares saturées, l’un n’empêchant pas l’autre. Jouant subtilement des variations de volumes, des alternances entre calme et violence (« Pistol Whipped »), Manson accouche d’un album certes nerveux et cohérent mais plutôt varié. Grâce a des arrangements renouant avec ses inspirations originelles, new et cold wave, et avec l’aide de quelques jolies mélodies finement trouvées (« Slo-Mo-Tion »), Marilyn Manson met en place tout un décorum gothique mettant en valeur son chant si caractéristique et son timbre particulier (« The Gardener »). Car, bizarrement, on n’oublie toujours de dire à quel point ce type est un excellent chanteur. Marilyn Manson n’est pas « né méchant », il est né musicien. Un excellent cru.

lundi 11 juin 2012

Mathieu Neil : "Eponyme"



Deuxième EP pour ce jeune auteur compositeur venu de La Rochelle et installé à Paris. Tiraillé entre deux cultures Mathieu Neil chante, en français s’il vous plaît, une pop rock d’inspiration anglo-saxonne. Si la base reste la guitare folk, ce qui nous ramène à la chanson française, les guitares électriques nous emmènent sur un terrain nettement plus rock, voire blues (la slide). La présence d’un orgue apporte une touche groove vraiment appréciable et le tout est porté par une dynamique typiquement rock particulièrement bienvenue et sensible au niveau des batteries. Au niveau des paroles, Mathieu Neil n’a pas son pareil pour décrire les petites aventures du quotidien : la vieille voisine à laquelle on s’attache (« Ma petite vieille d’en façe »), une ballade à Pigalle (« South Pigalle ») ou la drague (« Le bal des escarpins »). Attachant dès la première écoute.

En concert le 14 juin au Lautrec

dimanche 10 juin 2012

Rhum for Pauline + The Popopopops, Le Nouveau Casino, 6 juin 2012.


Un fort vent venu de l’ouest souffle en ce mercredi soir sur la capitale. On commence avec les Nantais de Rhum for Pauline, excellent groupe déjà fort de deux EP qui confirme ce soir tout le bien que l’on pense d’eux (et je ne dis pas cela parce que les trois quarts de membres du groupe ont le bon goût de porter des lunettes). Les Rhum for Pauline sont quatre : guitare, basse, batterie et le chanteur qui assure les claviers. D’inspiration sixties, le groupe pratique un savant mélange à base de rock psychédélique mâtiné de groove soul. Jouée avec maestria la formule séduit de suite faisant planer et danser en même temps. Malgré quelques faiblesses passagère (le chanteur semble un peu enroué) et des soucis de son (pas assez de claviers et trop de basses qui explosent à la figure) le groupe s’en sort avec les honneurs, jouant beaucoup de nouveaux titres. D’excellents musiciens dont on attend la suite des aventures avec impatience et notamment un premier album…
The Popopopops

Changement d’ambiance avec les bretons des Popopopops ; devant un nouveau casino plein à craquer et acquis à leur cause qui d’un coup prend des airs de Manchester années 80. Il est d’ailleurs amusant de constater à quel point deux configuration identiques (basse, batterie, clavier) donnent des résultats si différents. Alors autant le dire tout de suite, les Popopopops c’est le genre de groupe qui y va à fond, sans se poser plus de questions que cela et ne fait pas semblant (en particulier le guitariste complètement possédé et à l’opposé du garçon affable qu’il est dans la vie). Sur scène les Popopopops révèlent une personnalité musicale un peu différente du disque, le chant à deux voix un peu scandé sur certains morceaux donnent un petit (j’ai bien dit petit) côté hip hop à l’affaire et le groupe étonne avec une reprise des Doors complètement déconstruite et rebâtie sur un nouveau squelette rythmique. Pour l’occasion ils vont repêcher le chanteur des Rhum for Pauline qui était tranquillement en train de danser au premier rang. Les morceaux sans basse et à deux guitares (« R n’R ») font penser aux duels de six cordes qui ont fait la réputation de Television époque « Marquee Moon ». Une prestation de haute tenue devant une salle comble qui fait des Popopopops un groupe à suivre en attendant le carton annoncé.    
www.myspace.com/rhumforpauline
www.facebook.com/thepopsband

samedi 9 juin 2012

Interview avec Alex Winston.





Abandonnée de tous, tuant le temps en pianotant sur son téléphone et installée sur « le canapé sur lequel j’ai fait la sieste » dans les loges de la Maroquinerie, Alex Winston, nous attends tranquillement. Un an après notre première rencontre, cette dernière apparaît plus mature, différente, un peu moins fofolle mais toujours aussi gentille. Les retrouvailles furent chaleureuses…

Depuis notre dernière rencontre tu as maintenant sorti ton album. Est-ce que cela a changé beaucoup de choses pour toi quand la musique est devenue ton métier ?
Alex Winston : Cela a été une année assez intéressante pour moi. J’ai ouvert les yeux. Quand on s’est vu la dernière fois, tout était très neuf et excitant. C’est toujours aussi excitant de faire de la musique mais c’était un peu le rush. C’était émouvant de découvrir le monde. Les choses se sont un peu calmées. La première tournée, on était bourrés tout le temps. On était jeunes et stupides. J’ai l’impression d’avoir grandi. Et puis j’ai du gérer toutes sortes de situations. J’ai changé de label. L’album a été enregistré il y a un an et il a fallu une autre année pour le sortir. Il y a eu beaucoup de frustrations mais j’ai définitivement grandi pendant cette période. Et puis j’ai eu la chance de tourner beaucoup en Europe. Je n’ai même pas encore fait de tournée aux Etats-Unis.

Tu n’as jamais tourné aux Etats-Unis, vraiment ?
Alex : Non, mon dernier concert aux Etats-Unis remonte à il y a un an (depuis cet entretien Alex à joué à Philadelphie, New York et à Washington DC). Après ce concert j’ai commencé l’enregistrement du disque à New York et puis il y a eu les concerts en Angleterre et en Europe. Je suis excitée de retourner aux Etats-Unis. J’adore ce que je fais, mais j’ai un peu le mal du pays parfois. Et puis comme tout le monde, j’ai envie de réussir chez moi.

Ton premier album, c’est le début de l’histoire mais en même temps c’est aussi le résultat d’années de répétitions, de pratique, d’écriture… Qu’en penses-tu ?
Alex : Pour être complètement honnête, je suis très fière de ce que j’ai réalisé compte tenu du temps imparti et des circonstances. Il y a quelques chansons qui étaient déjà sur l’EP « Sister wife ». Je voulais que l’album soit complètement inédit mais bon ce n’était pas très réaliste… J’ai vraiment fait de mon mieux. C’était une expérience intéressante par ce que tout est allé très vite. Tout a été écrit et enregistré en deux mois. J’ai toujours été plus intéressée par les autres que par moi-même. Mes chansons ne sont pas tellement introspectives. Dans ma vie personnelle, je suis plutôt réservée. Je reste dans le fond, j’observe. A l’époque je regardais beaucoup de documentaires et j’étais vraiment fasciné par la culture « de niche » en Amérique. J’étais intriguée par tous ces gens qui font les choses différemment. J’ai essayé de comprendre. Finalement l’album parle de ça : les problèmes des autres. J’essaye d’en faire des chansons pop.

Justement en parlant de ça, j’écoutais « Benny » et « Velvet Elvis » et je me demandais si ton album était dédié aux parias de l’Amérique ?
Alex : Peut-être d’une certaine manière mais « Benny » et « Velvet Elvis » sont très différentes. « Benny » parle d’un sujet qui me dégoûte complètement. « Velvet Elvis » parle de quelque chose de différent, d’intéressant et de magnifique d’une certaine manière. Benny existe vraiment, c’est un prêcheur qui va de ville en ville en proclamant qu’il peut guérir n’importe quelle maladie. Et qui finalement ne guérit personne mais empoche le pognon. Mais ses victimes sont tellement désespérées et veulent tellement croire en lui. A la fin c’est une sorte de lavage de cerveau, de la manipulation. C’est pour cela que la chanson est plutôt simple, je voulais quelque chose d’hypnotique, comme une vague. Tout cela me brisait le cœur, de voir ces gamins aller implorer Benny alors qu’ils voulaient simplement marcher et jouer avec leurs copains. Et lui empoche l’argent… « Velvet Elvis » est plus fun et parle d’un amour « différent ». Quand on pense à l’Amérique on a souvent envie d’écrire sur Hollywood, le rêve Américain etc… Cela ne m’intéresse pas trop finalement, je préfère parler de ce qui se passe dans la coulisse. On n’en parle pas tant que ça. En Amérique on commence à faire des reality shows sur les « niches », la polygamie et je trouve cela plutôt intéressant…

Tu regardes « Big Love » (série télé dont la première saison a été diffusée par Canal+, ndlr) ?
Alex : C’est une de mes séries préférées. On la regarde en ce moment. Sarah, ma choriste, ne l’a jamais vue alors on reprend tout depuis le début.

Il y a beaucoup d’aspects différents sur ton album, l’écriture est classique, la production est moderne. Il y a des influences de la Motown, des girls groups des sixties, un peu d’électro… Qui est-tu finalement ?
Alex : Je ne sais pas (rires). C’est très compliqué d’expliquer. Je suis influencée par beaucoup de choses très différentes. Je suis comme écartelée. Et je ne pense pas rentrer dans un moule en particulier. Je ne sais pas si c’est bien ou pas. Et je crois que c’est la raison pour laquelle les choses vont lentement pour moi. Ca n’a jamais été : « Ah tiens, elle est comme ça ». C’est très « do it yourself ». Et je pense que cela va prendre un peu de temps pour le public de comprendre ce que je fais. Je change beaucoup et je n’ai pas un truc en particulier auquel me raccrocher. Je ne veux pas de toute façon. Je veux pouvoir faire ce que je veux en fonction de mon inspiration du moment. En ce moment je suis en train d’écrire un album western. Je ne sais pas à quel catégorie j’appartiens et je ne suis pas sure que cela soit une mauvaise chose. On me parle beaucoup de Kate Bush cependant…

Je t’avais parlé de Kate Bush la dernière fois…
Alex : J’aime faire des choses différentes tout le temps. Je veux continuer comme ça.

C’est une position difficile à tenir dans l’industrie de la musique. On aime classer les artistes par genre…
Alex : Je sais et je comprends pourquoi. Mais je pense que sur l’album on peut faire la différence entre les anciennes et les nouvelles chansons. Que cela soit bon où pas d’ailleurs. Je ne sais pas. J’étais « ailleurs » pendant l’écriture.

J’ai écouté ta reprise des Black Keys sur ton soundcloud. J’ai trouvé ça intéressant…
Alex : C’est venu un peu de nulle part. Parfois j’aime bien déconner et je fais des reprises. Ce n’est pas intentionnel. Quand j’aime vraiment une chanson, j’aime bien faire des bêtises et voir ce que je peux faire pour me l’approprier en quelque sorte. J’adore les Black Keys. Tu sais ce que j’aime le plus chez eux, à part la musique ? Je crois que c’est des mecs bien. Des mecs de l’Ohio, les pieds sur terre, qui font de la musique dans un garage. Il y a quelque chose qui me plaît là dedans.

Moi je respecte leur passion pour la musique. Ils ont tous les deux des activités de producteur à côté…  
Alex : Bien sur. Ils ne semblent pas manipulés, par personne. C’est cool. Ce n’est pas comme une sensation internet qui explose d’un coup. Ils ont probablement tourné dans un camion pendant des années, ils se sont bougés le cul et ont fait des disques sans aucun budget. Et ça se sent. Je les adore !

Tu viens de Detroit et je sais que tu est très fan de rock n’roll et en particulier des groupes de ta ville natale. Est-ce que tu aimerais enregistrer des chansons plus rock ?
Alex : Oui, j’aimerais. Aucune des chansons de l’album n’est vraiment rock. Quand j’ai écrit « Fire Ant », je voulais aller dans cette direction. La guitare électrique me manque. Dans la plupart de mes anciens groupes, c’est ce que je faisais, de la guitare électrique. C’était plus lourd et plus sombre. Finalement je suis allée dans la direction opposée. J’ai essayé de garder les paroles sombres. Sur l’EP western il y aura plus de guitare et des percussions plus lourdes. Le côté rock se verra plus.



Tu as commencé en chantant de l’Opéra…
Alex : Je ne me classerai pas dans cette catégorie. J’étais à la radio aujourd’hui. J’ai entendu une chanteuse d’opéra incroyable qui répétait dans la pièce d’à-côté. Elle avait une voix magnifique. Et moi j’attendais, à la porte, pour enregistrer. Et j’étais là, est-ce que vous pouvez partir s’il vous plaît ? Je dois y aller et avec cette chanteuse… Je dois passer après elle… Elle chantait tellement bien. Mais oui j’ai fait de l’opéra pendant un temps.

Est-tu influencée par l’Opéra et comment ?
Alex : Je l’étais mais tout était tellement régenté. L’opéra c’est magnifique, mais la façon dont on me l’a enseigné c’était surtout reproduire ce qui était écrit sur les partitions. Où est ta personnalité là-dedans ? Tout était tellement strict. Quand j’ai commencé à chanter dans des groupes, j’ai du désapprendre un peu pour en arriver à comprendre que finalement ce n’est pas grave de se planter. Cela m’a pris de temps pour trouver ma voix après ça. Mais je pense que quelque part, inconsciemment, j’aime bien retomber dans ces vieilles habitudes de l’opéra. Je l’ai fait pendant si longtemps…

Combien de temps ?
Alex : 10 ans.

Parle moi de ta chanson « Sister wife », j’ai noté les paroles : « Hey There Sister wife, get the hell out it’s my night » (Casse-toi sister wife c’est ma nuit)… Est-ce qu’il faut prendre ça comme une prise de position ?
Alex : Cela parle du partage de quelque chose que l’on adore avec d’autres, que cela soit une relation, une possession… L’idée que l’on doit être assez adulte pour partager. Je déteste partager. Et je dois apprendre comment le faire. Je réfléchissais à la polygamie et je me demandais mais bordel comment elles font ces femmes ? Comment ça marche ? Comment on peut avoir un mari et je ne sais pas combien de femmes et être ok avec ça ? Etre amoureuse de quelqu’un et juste dire : « C’est bon, tu peux aller coucher avec elle maintenant »… Je me demande comment c’est possible. Mais bon, je suppose que l’on doit tous composer avec la jalousie tous les jours.

Tu tournes beaucoup. C’est difficile comme vie d’être sur la route tout le temps ?
Alex : Ca l’est. Quand je discute avec mes parents ou mon frère, je n’ai pas l’impression qu’ils comprennent vraiment ce que c’est. Ils s’imaginent un truc très glamour. Ca ne l’est pas vraiment. J’adore jouer, j’adore les concerts. Mais c’est un mode de vie différent. On est comme détaché de la réalité. Je ne fonctionne pas en lundis, mardis etc… Je fonctionne par dates. Ce n’est pas un truc entre 9h et 17h, cinq jours par semaine. C’est important comme changement. Mais j’aime vraiment ça.

Est-ce qu’au moins tu as le temps de faire quelques visites quand tu es en tournée ?
Alex : Ca c’est le truc cool. La dernière fois on a fait une session acoustique pour la blogothèque, on était au Louvre. Mais bon pour l’instant je n’ai pas encore eu l’occasion d’avoir une journée off pour traîner dans Paris. Enfin bon, je prends ce qu’on me donne.

Et en Europe ?
Alex : J’ai eu un peu de temps libre en Allemagne. Mais j’ai eu la grippe à Berlin. J’ai vomi tout le temps. Un docteur est venu me faire une piqûre dans les fesses ! J’étais malade en train de vomir, et personne ne parlait anglais… Horrible. Voilà c’était ma journée off à Berlin…

C’est naze !
Alex : C’était terrible, j’étais toute seule. J’ai du appeler mon label à 6 heures du matin, vous devez m’appeler un docteur. Un peu naze en effet, c’est le moins qu’on puisse dire.

Un petit mot sur « Rum Rumspringa » ?
Alex : Ca vient d’une tradition Amish. Quand les gamins atteignent l’age de 16/17 ans ils partent faire un « Rumspringa ». Ils partent à la découverte de notre monde et font ce qu’ils veulent vraiment tout : le sexe, la boisson... Après ils reviennent et ils doivent choisir entre les deux mondes. Rester fidèle au mode de vie Amish ce qui est un engagement. Si ils choisissent de partir, ils sont excommuniés sans possibilité de retour.

Et « Fire ant » ?
Alex : C’est une chanson plus personnelle. Les fourmis rouges (fire ant, ndlr) sont vraiment mauvaises, méchantes. Cela parle d’une personne assez destructrice dans ma vie. Elle n’arrêtait pas de se mettre en travers d’une relation. Elle me rampait dessus, me piquait et cela ne s’arrêtait jamais. Cette chanson lui est dédiée, elle était rousse (red hair, ndlr) rires… 

Propos recueillis le 26 mars 2012.
Album « Alex Winston » disponible.

An interview with Alex Winston




Sitting on a couch, killing time typing on her phone, Alex Winston is back in Paris. One year after our first meet, Alex seems a little different, serious, more mature a little less crazy maybe. An happy and warm reunion…

Since the last time we met, you have now released an album. Did it change anything for you when music became your job ?
Alex Winston : It’s been an interesting year for me, very eye-opening. When i saw you the last time (february 2011) everything was very new, very exciting. It’s still very exciting to play music but it was a sort of rush over. I was very overwhelming seeing the world. Things have calm down a bit and kind of found that sort of momentum. The first tour we just got drunk, all the time. We were young and kind of stupid. I feel like this year i’ve really grown. And i had to deal with all sort of situations, i an not on the same label that i was on when i spoke to you last. I made the record a year ago and it took another year to put it out. So there been a lot of frustrating things that happened but it’s definetely been a growing period for me. I had the chance to tour a lot and completely over here, i haven’t been to the US yet. I did a little bit in the US. Last year i have been in the UK and Europe.

You never tour in the US, really ?
Alex : No, my last show in the US was a year ago (Alex have been playing in New York and Washington DC since we did that interview). After my last show i started to record immediately in New York and then playing shows in the UK and in here a little bit. I’m excited to go back home. I love doing this obviously but i do get a little homesick sometimes. And i’d like to experience my own country and try to make it there as well.

How to you feel about your first album ? In one hand, it’s the beginning of the story but on the other hand it’s the result of years of practicing, rehearsing, songwriting…
Alex : If i’m being completely honest, i’m really proud of what i did in the amount of time and circumstances. Some songs are kind of old and are on the «Sister Wife » ep. I wanted to released a completely new album but that wasn’t quite realistic. I did the best that i could. It was an interesting experience because it was all very quick. I wrote the songs and recorded them in the spent of 2 months. I’ve always been more interested in other people more so than myself. A lot of the songs are not that introspective. In my personal life i’m kind a like in the back, just hanging out and watching people. At the time i was watching a lot of documentaries and i was really i was fascinated by this sort of niche American culture. By people doing things differently than i do them and i tried to understand. And that’s what the record ended up being about. Other people situations and get it into a pop song.  

Speaking of which, i was listenning to the songs « Velvet Elvis » and « Benny » and i was wondering if your album is dedicated to the outcasts of America ?
Alex : Maybe in a way… I think that « Benny » and « Velvet Elvis » are very different. « Benny » is about something that absolutely disgust me. And « Velvet Elvis » is about something that i find different and interesting and sort of beautiful in someway. But « Benny » is about a real life preacher who goes around professing that he can cure people of their illnesses and end up just taking their money and not curing any of them. But people just desperately want to believe in him. It comes off as some sort of  brainwashing manipulation. That is why the song is sort of like very simple. I wanted to sound like a wave, brainwashing. What happened was very heart breaking to me, to see the kids who couldn’t walk and go to the Benny shows because in the end all they want is to be able to walk and play with their friends. And he’s just taking their money. « Velvet Elvis » is a bit more fun and it’s about a different kind of love. A lot of people, when they think of America they like to write about Hollywood, American dream and like… I’m just not interested in that. I’d rather talk about what is behind the scenes. You don’t hear that much about them. America starts to make reality shows about niches, polygamy and all and i find that interesting.

Do you watch « Big Love » (the TV Show) ?
Alex : We’re watching it again right now. It’s one of my favourite shows. Sarah, my backup singer, has never seen it so we’re like going through it right now.

There is differents sides on your album, classic pop songwriting, modern production. A little bit from the Motown, a little bit from the sixties girls groups, electro sounds… Who are you in the end ?
Alex : I don’t know (laughs). I think it’s really hard to explain. I’m sort of influenced by all sort of different things. And i’m kind of scattered. And i don’t really think that i fit into a certain mould. I don’t know if it’s a good thing or a bad thing. And i think it’s the reason why sometimes it’s been kind of slow for me. It hasn’t been just like : « Oh, she’s like this ». It feels very DIY to me and i think maybe it’s gonna take a while for people to come around to what i do. I’m changing a lot and i don’t have a certain thing to hold on to. And i don’t want that. I want to be able to do whatever i’m inspired by. Right now i’m writing a western album. Just because i want to. I don’t know where i fit yet but i don’t know if it’s a bad thing. You could say Kate Bush, i’ve heard that before.

I told you that the last time (laughs)…
Alex : I like to do different things all the time. I want to keep changing.

It’s hard to be like that in that industry, people like to pigeonhole artists…
Alex : I do get that and i even understand why. But i think on the record you can tell the difference between old and new songs. Whether it’s good or not. I don’t know. I was in a different place when i was writing it.

I have listenned to your Black Keys cover on your soundcloud, it was interesting…
Alex : It kind of came out of nowhere. I don’t even know, sometimes i like to fool around and i start covering a song. It’s not intended. When i really really like a song i like to mess around and try to see what i can do to make kind of my own in a way. I’m a huge Black Keys fan. You know what i like about them the most, aside from the music ? They just seem to be good people. Ohio guys, down to earth, who recorded in a garage. There is something that i like about that.

What i like about them is the fact that they really seems to be into music. They are both producers, they are both producing other bands…
Alex : Of course. They don’t seem to be manipulated in any way. Which is cool. They were not like an internet sensation that blows up. They probably tour in a van for years, worked their asses off and made records on no money. It shows, you can tell. I really like them.

You’re for Detroit and i know for a fact that you’re an huge rock n’roll fan. Would you like to cut more rocking songs ?
Alex : I would. None of the songs that are on the album are really rocking. When i wrote « fire ant », i wanted to go more on that direction. More experimental in that way. I miss playing electric guitar and in most of my old bands, that’s what i did. A bit heavier and a bit darker. I kind of went into the exact opposite direction. I try to keep darker lyrics. The western EP i’m writing is going to be more focused on the electric guitar and heavy percussions and stuff like that. It’s going to show more.

You started out as an opera singer…
Alex : I’m not sure that i can classify myself as that. I was at the radio station today. I heard this incredible opera singer practicing in the other room. She has the most magnificient voice. I was standing outside at the door, waiting for my recording and i was like can you leave ? I have to go on, and when this woman is in here… I have to go sing after her... She sounds so incredible. But yeah i did that for a while.

Were you influenced by opera and how ?
Alex : I was but it was very regimented. Opera is beautiful but i was learning it was very much about singing what’s on the paper and try to replicate it. Where is your personnality in that it is so restricted ? So when i start singing with other bands i had somehow to unlearn a little bit to think it’s ok to mess up. It took me a while to find my voice after that. But i do think that subconciously somewhere that i like to fall back into those opera practicing because i did it for so long.

How long ?
Alex : Ten years. I think it’s in me somewhere now. But i was happy to be done when i was done.



Tell me about your song « Sister wife » i have been noticing the lyrics « Hey there sister wife, get the hell out it’s my night ». Is it a statement ?
Alex : It’s about sharing something that you love with other people whether it’s a relationship, a possession. The idea of having to be a big enough person to share. I hate sharing. You have to learn how. I look at that sort of relationship and i thought how the hell did these woman do that ? How does that work to have one husband and however many wives and just be ok with. Fall in love with someone and then say that’s ok you can sleep with her now. And i just thought how ? But i guess we all deal with jealousy everyday.

You’re touring a lot. Is it an hard life being on the road all the time ?
Alex : It is. When i talk to my parents, my brother and i don’t think they really understand what it’s like. They think it’s very glamourous. It’s not. I love playing shows. It’s really a different way of living. Detached from reality. I don’t go by Mondays, Tuesdays… I go by dates. It’s not a 9 to 5, five days a week kind of deal. It’s a big adjustment. But i really like it. I do.

And when you’re touring like that, do you have the time to sightseeing a little ?
Alex : That’s the cool thing. The last time we did the blogothèque and we walked around the Louvre. But i haven’t been able to just take a day off and hang out in Paris. I take what i can get.

And in Europe ?
Alex : I had some time off in Germany. In Berlin but i got the flu. I was throwing up the whole time. I had a doctor to come shoot me in the butt with a shot. I got so sick and no one spoke english and i was puking. Awful. That would have been my day off in Berlin.

That’s lame…
Alex : That was terrible, i was all alone. I had to call my label at 6 o’clock in the morning, you’ve got to call me a doctor. A little lame to say the least…
  
A little word on Run Rumspringa…
Alex : That’s an Amish tradition. When the kids turned sixteen or seventeen, they get to go on a rumspringa which that means they get to go in our world do whatever they want, have sex, drink. Really whatever they want. But they have to come back and make the choice. Do i want to pursue other things or be committed to Amish lifestyle ? And if they leave they’re excommunicated, they can’t come back.

Fire ant ?
Alex : Fire ant is a pretty personnal song. Fire ant are really nasty, evil. A person was really destructive in my life. She was getting in a middle of a relationship i was having. She kept crawling on me and bite me and it wouldn’t stop. That song is dedicated to her. She was red hair (laughs)…

Debut album « King Con » available.

vendredi 8 juin 2012

Garland Jeffreys, Le divan du monde, 2 juin 2012.



L’année 2012 aura été porteuse d’un petit miracle, dans le domaine qui nous concerne s’entends : Garland Jeffreys a sorti un nouvel album ! Intitulé « The king of in between », ce dernier est le premier depuis une éternité (1997) mais également le meilleur depuis bien plus longtemps encore soutenant aisément (à l’exception d’un bonus track faiblard et inutile) la comparaison avec les grands classiques des années 70. Pour fêter la chose, Garland Jeffreys a donné un magnifique concert dans la superbe salle du divan du monde, prolongeant encore un peu ce magnifique printemps soul dans la capitale. Entouré de son nouveau groupe de quatre membres : batterie, basse, guitare et clavier (tous excellents musiciens), Garland Jeffreys a joué un set aussi métissé que lui qui a touché à différents styles, du rock au reggae en passant par la soul, le jazz ou le blues, tout au long de sa carrière. Soit une bonne énergie rock totalement euphorisante (« Wild in the streets » ; « Coney Island Winter ») et une bonne dose de groove langoureux (magnifique reggae « I may not be your kind ») avec un détour obligé par le blues (« ‘Til John Lee Hooker calls me »). Bizarrement vêtu d’une chemise ornée de têtes de morts, alors qu’il chante « I’m alive », Garland a de prime abord donné quelques signes d’inquiétudes, un peu de difficultés à placer sa voix sur le premier titre, pas très juste, et essoufflé dès la moitié du morceau d’ouverture… Avant de rassurer tout son monde. Il faut dire que sur scène il se dépense sans compter, bondissant un peu partout, comme le jeune homme qu’il est encore un peu. L’ovation fût telle que le groupe a du revenir par deux fois sur scène pour les rappels. Le concert s’est terminé sur une note folk, rajoutant au passage une corde à son arc, avec « Matador », seul moment ou Garland a joué de la guitare. Un retour des plus réussi…
    

dimanche 3 juin 2012

Elvis Costello and The Imposters, L’Olympia, 29 mai 2012.





Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il vieilli plutôt bien Elvis Costello. Passé de la new wave des débuts à un style beaucoup plus roots (cf. l’album avec Allen Toussaint), Costello a su garder le meilleur de ses expériences passées pour évoluer. Qui aurait cru que le new wave kid chétif des débuts chanterait un jour la Nouvelle Orléans avec autant de passion ? Entouré de son nouveau groupe, The Imposters avec toujours le fidèle Steve Nieves aux claviers et une section rythmique Costello pratique dorénavant le rock n’roll. Cette nouvelle tournée est mise en scène comme un spectacle de cirque. La scène est décorée d’une cage dans laquelle s’émousse une très jolie gogo danseuse et une immense grande roue sur laquelle est indiquée les titres des morceaux joués. Costello passe de la guitare à la tenue de Monsieur Loyal (chapeau haut de forme et canne) et invite les spectateurs a venir faire tourner la roue pour désigner le prochain morceau. Certains ont la chance de pouvoir assister à un petit bout du concert depuis la scène, d’autres sont invités à venir danser dans la cage (y compris son vieux pote Antoine de Caunes, absolument nul en gogo danseur, je tiens à le dire). Costello revisite ainsi son répertoire sur un mode ludique et imprévisible, même si il n’hésite à faire tourner la roue quand cela l’arrange… Pour éviter que la soirée soit trop décousue, le groupe enchaîne les titres ce qui fait que le tout ressemble quand même à un concert habituel. La soirée se termine de façon formidable avec « I want you » en forme de cri de douleur. Trois heures de concert : dix ans après son dernier passage dans la capitale, Elvis Costello a gâté son public ! Merci !

samedi 2 juin 2012

Lucky Peterson quintet, Pole Culturel Alfortville, 26 mai 2012.




Un petit mot pour commencer sur le pole culturel d’Alfortville qui a accueilli le concert du soir. L’endroit est sympathique et à l’instar de la Maison des Arts de Créteil, recueille une salle de concert, une bibliothèque/médiathèque et un bar/restaurant qui dispose d’une belle terrasse ensoleillée bien agréable pour prendre un verre avant concert surtout quand le printemps prends des allures estivales comme c’est le cas ces jours-ci. Nous avons rendez-vous ce soir avec le bluesman Lucky Peterson, un as aussi bien de la guitare que de l’orgue, il alternera d’ailleurs les deux instruments, qui est entouré de son quintet. Autant l’avouer de suite, sa prestation fut plutôt décevante. Ce n’est pas la faute des musiciens tous excellents. Le concert fut émaillé de problèmes techniques, touchant la guitare de Peterson et qui obligeront ce dernier à faire un détour par les loges, en plein concert, abandonnant sa guitare, pour revenir avec des câbles qui ne changeront rien à l’affaire. Les musiciens jouent, pendant ce temps des techniciens s’activent en vain dans le fond. Lucky Peterson a bien vite abandonné sa place sur scène pour aller faire le tour des tribunes au point de s’installer sur un fauteuil vide. Voyons le bon côté des choses, c’est sympa et convivial. Quand cela ne dure pas trop longtemps. Cet intermède, beaucoup trop long, a complètement cassé le rythme du concert. Les morceaux instrumentaux (forcément plus de micro) s’enchaînent en roue libre, Peterson donne l’impression d’improviser, les musiciens resté sur scène suivent dans un relatif anonymat. On s’ennuierait presque… Le tout donne l’impression d’un certain manque de maîtrise étonnant de la part d’un musicien de son envergure et de son expérience. Ajoutez à cela un ingénieur lumière complètement à côté de la plaque, comprenez qui éclaire les musiciens à contre temps, et la soirée laisse un goût un peu amer. A revoir.
   

vendredi 1 juin 2012

Ray Schinnery, Terra Blues Club, NYC, 11 mai 2012.




Décidemment, les Etats-Unis et New York en particulier regorgent de talents, largement ignorés, du tout venant banal pour quiconque a grandi dans cette culture mais devant lesquels nous autres, pauvres européens, nous ne pouvons que nous extasier. C’est donc sur la scène du Terra Blues, ce sympathique petit club de Greenwich Village que nous avons fait la connaissance de Ray Schinnery. Originaire du Delaware, un état situé plus au sud, prés de Washington DC et de Baltimore, Ray Schinnery se tape donc la route traversant tout le New Jersey pour assurer le set acoustique du vendredi soir 19h sur la scène du Terra Blues. De la condition, précaire, du bluesman au Etats-Unis… Musicien accompli, excellent guitariste et chanteur à la voix suffisamment cassée pour être crédible dans le rôle, Ray Schinnery habite un univers ou se côtoient une large palette d’émotions. Muni d’un humour féroce ce type peut passer de la franche rigolade à l’émotion pure à tout instant. Un talent rare et singulier donc dont la discographie (auto produite) ne rend pas vraiment compte, victime d’un manque flagrant de moyens et abusant des programmations cheap. Rien de mieux donc que la scène pour apprécier son talent mis à nu (ce qui risque tout de même d’être un peu compliqué)…