N’ayant rien de particulier à raconter aujourd’hui, j’ai décidé de vous faire partager un petit souvenir.
Originaire de Boston, véritable terreau du rock indépendant US (et ville d’où sont issus les Pixies), le trio Morphine à de suite fait forte impression. En France, ils seront la grande révélation des transmusicales de Rennes en 1993. C’est que le trio est atypique, batterie (alternativement jouée par Jerome Deupree et Billy Conway), saxophone (Dana Colley) et une basse pour le moins originale, composée de deux cordes uniquement et joué à l’aide d’un bottelneck. Les deux premiers albums, « Good » et « Cure for pain » sortiront coup sur coup en 1993. Même si ils entretenaient des liens étroits avec le jazz (le sax, le swing de la batterie) et le blues (le bottelneck) c’est bel et bien à un authentique groupe de rock n’roll que l’on affaire. Morphine, ou l’art de développer un son (aujourd’hui encore) frais et novateur tout en restant d’une certaine manière fidèle à la tradition binaire. Un authentique grand groupe. Le plus excitant et original des années 90. Morphine développait un charme vénéneux, dans un univers de clubs obscurs et enfumés à la Tom Waits. Un cadre de film noir pluvieux, traversé par de nombreuses femmes fatales. En déshabillant sa musique au maximum, Morphine dégageait quelque chose d’essentiel. Le personnage central du trio c’était Mark Sandman, homme aux talents multiples : auteur, compositeur, interprète, multi-instrumentiste (bassiste, beaucoup, guitariste, un peu, pianiste et spécialiste des instruments bizarres type tritar, chamberlin…) et luthier. Et oui, sa basse bizarroïde à deux cordes, Mark l’avait fabriqué lui-même. Le groupe a continué sur sa lancée publiant en 1995 l’excellent album « yes » puis en 1997, « like swimming », ou hélas, la lassitude commençait à poindre. Puis ce fut le drame. Le 3 juillet 1999, à Rome, quelques jours avant une date prévue au New Morning, Mark Sandman s’effondre, tel un Molière rock, sur scène en plein concert. Les sources divergent quant à la nature du décès, aussi soudain que tragique, de Mark Sandman, certaines évoquent une crise cardiaque fulgurante, d’autre une rupture d’anévrisme. Il avait 47 ans. Quoiqu’il en soit le rock n’roll a perdu bien plus qu’un chanteur, le 3 juillet 1999, Mark c’était un iconoclaste de grande classe. Sur scène, l’unique fois où j’ai eu la chance de les voir en live, à l’Elysée-Montmartre le 2 avril 1994, Mark était passé maître dans l’art d’emballer le public en moins de deux. Du charisme, de l’humour, un sens de l’autodérision ravageur… En 2000, le groupe publie l’album posthume « The Night », que Morphine était en train de présenter au public lors de cette funeste tournée européenne. Suivront un live « Bootleg Detroit » enregistré par un fan dans le public et un best of, incluant quatre inédits, sorti en 2003. Pour être tout à fait complet, la discographie de Morphine est complétée par une compilation de faces B sortie en 1997 et d’un coffret (deux cds et un DVD) consacré aux enregistrements solo et inédits de Mark Sandman.
La vidéo de "Buena" (Cure for pain), c'était une autre époque et en ce temps là, même un trio quasi secret comme Morphine avait les faveurs de MTV:
Cure for pain live (de l'album du même nom) :
"Honey White" live (extrait de l'album "yes") :
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