samedi 31 mai 2025

JD McPherson + Bloodshot Bill, Le Trabendo, 30 Mai 2025.


Décidément, cette semaine prend des allures de semaine sainte pour l’américana, le folk, le blues et le rock’n’roll par chez nous. C’est de nouveau un plateau de très haute tenue qui est réuni sur la scène du Trabendo, une salle bien agréable, nichée au milieu des arbres dans le parc de la Villette, encore plus avec cette météo, grâce à une terrasse ombragée bien appréciée avant le concert.

On débute avec Bloodshot Bill que l’on se souvient avoir déjà croisé il y a fort longtemps. Seul sur scène, le Montréalais se produit en one-man band assurant seul la guitare et la batterie. Doté d’une voix très particulière, éraillée et de tête, ce dernier se révèle particulièrement roots entre blues et rock’n’roll. Un sacré personnage au sens de l’humour acéré et au français bien particulier qui entraîne sans peine la foule dans son sillage.

Quel show, mais alors quel show délivré par JD McPherson et son groupe. Accueilli par un tonnerre d’applaudissements mettant un terme à sept (ou huit on ne sait plus trop) d’absence scénique par chez nous. Entouré d’une formation du tonnerre (guitares, piano, batterie, basse et/ou contrebasse) JD fait montre d’une énergie impressionnante et d’un enthousiasme à l’avenant. Rock’n’roll mais aussi surf music, parsèment le set, qui n’oublie aucun album. Un musicien en particulier impressionne aussi à l’aise à la guitare, que redoutable à l’occasion d’un boogie ravageur au piano, avant d’assurer le saxophone sur le dernier rappel. C’est une collection d’anthologie qui se déroule devant nos oreilles « Fire Bug », « Lucky Penny », « North side Gal », « Let the good time roll », « Desperate love », toutes aussi redoutables les unes que les autres ! Quelle soirée !

https://www.jdmcpherson.com/

https://www.facebook.com/jdmcphersonhistyle/


https://www.bloodshotbill.com/

https://www.facebook.com/p/Bloodshot-BILL-100044264599622/


Early James + Johnny Delaware, La Marbrerie, 28 Mai 2025.

Les passionnés de l’Americana avaient rendez-vous à Montreuil en ce mercredi soir, avec un plateau aussi magnifique que complémentaire.

La soirée débute sous les meilleurs auspices avec un set sublime de l’américain expatrié Johnny Delaware. Seul avec sa guitare folk, Johnny Delaware réussit l’exploit de nous faire voyager, jusqu’à sentir le souffle du désert nous effleurer les oreilles, par la seule grâce de ses arpèges de guitare en apesanteur. La voix, le charisme du personnage et son sens de l’humour (« Je vous rassure sur le disque il y a plein d’autres instruments ») joue pour beaucoup également. C’est beau et apaisant, l’americana se fait planante et l’émotion flotte dans l’air…

Dans un genre beaucoup plus rugueux, le bluesman Early James débarque à son tour sur la scène. S’il a voyagé seul, Early James s’est trouvé deux compagnons de jeu locaux, et l’on retrouve Guillaume à la batterie et Max (Lowland Brothers) à la basse. Ayant eu peu de temps pour se caler (« je les ai rencontré il y a quatre heures environ » plaide James), le trio livre cependant une prestation aussi impeccable que s’ils jouaient ensemble depuis dix ans (« Ils sont très bons » jugera Early James). Early James, c’est une voix écorchée, contrastant avec l’aspect physique juvénile du chanteur, sublimée par les émotions et un jeu de guitare virtuose sortant parfois du blues pour s’aventurer sur un terrain plus jazzy/torch song rétro (à la Tom Waits), tantôt teinté de country voire de rock’n’roll. Les rappels en solo folk laissent apercevoir une autre facette du talent de James également capable de tenir seul la scène avec beaucoup d’aisance, et un impressionnant jeu de guitare délié. L’ovation fût-elle qu’elle obligea l’artiste à jouer les prolongations et à se donner au jeu de la reprise étant à court de compositions personnelles. Ce fût magnifique.

https://www.facebook.com/earlyjamesandthelatest

https://www.facebook.com/johnnydelaware333

https://johnnydelaware.com/


samedi 17 mai 2025

Diamond Day, nouveau festival itinérant

 


Le nouveau festival nous donnera l'occasion, entre autres, d'écouter le remarquable chanteur folk Jake Xerxes Fussell qui aligne, en toute discrétion, les albums magnifiques depuis dix ans !

BILLETTERIE




L’Ambulancier, La Mécanique Ondulatoire, 15 mai 2025.

Un chanteur bondissant habillé comme un ambulancier étasunien, chemise bleue à épaulettes, le trio (guitare, basse, batterie électronique) qui l’accompagne en combinaisons unies (certains se souviendront de Pleymo), aucun doute c’est à un drôle de trip que nous convie L’Ambulancier, le projet musical de Palem Candillier (par ailleurs auteur de livres sur Nirvana ou les Beatles). L’endroit dans lequel nous dérivons en musique se nomme, fort à propos, le « French Manhattan ». Le projet semble inspiré par les années 1990, une manière de post-grunge, avec une touche électro apportée par le pad électronique de la batterie mais aussi par les boucles de claviers, lesquelles tranchent avec l’électricité brute de la guitare et la solidité de la bassiste. Dernière touche originale, le chant en français, justifiant l’expression « French Manhattan », tournant (mais pas uniquement) autour du vocabulaire mécanique : « Le Point de Patinage », « Panne Sèche ». Un choix judicieux et prégnant à telle enseigne que l’on croit deviner, dans le chant, quelques intonations issues de la chanson française (en particulier sur le titre éponyme « L’Ambulancier ») lesquelles contrastent, une fois encore, avec le contexte général plus hurlé (cf. « Le Point de Patinage »). Solide et carrée la prestation se révèle enthousiasmante et, étonnamment, assez hypnotique. Un groupe à suivre.

https://www.facebook.com/lambulanciermusique

vendredi 16 mai 2025

Les Excellents, Café de la danse, 13 mai 2025.

Dans le fond si Ramon Pipin, dans le cadre de son groupe Les Excellents, excelle (c’est le cas de le dire) dans cette veine rock parodique si casse gueule, là où tant d’autres ont échoué, c’est par l’extrême soin porté à l’ensemble de la démarche, du choix des chansons à leurs adaptations. Jouer à fond la carte du second degré, quitte à bâcler les paroles prétextant ledit second degré, ne suffit pas. Chez les Excellents on chante peut-être des paroles absurdes, pour autant il est hors de question de déconner avec la musique, c’est peut-être là que réside le petit plus qui fait toute la différence, Les Excellents aiment profondément, passionnément, les chansons qu’ils s’amusent à détourner. Le soin porté aux arrangements est extrême et, afin de se différencier, le groupe à totalement renoncé aux guitares (trop facile) pour les remplacer par des ukulélés, une manière de défi personnel totalement réussi pour le groupe, à ce titre le deuxième set, principalement consacré aux reprises des Beatles est absolument fantastique et impressionne par les moyens déployés, cordes et cuivres à l’appui. Sur le plan des paroles, le groupe tente de coller le plus possible aux sonorités des originales tout en parvenant à raconter de véritables histoires : « Go your own way » de Fleetwood Mac (extraite de l’album « Rumours ») devient une histoire de bidet, « Hells Bells » d’AC/DC se transforme en « Elle Bêle », le fabuleux « I’ll go to sleep » (Kinks) nous invite à remettre « le slip » et « Hotel California » (Eagles) nous narre une nuit invraisemblable dans la chambre d’un Formule 1. Le tout s’inscrit dans une veine humoristique typiquement française (Coluche, Desproges, Les Nuls) gonflée tout en restant dans un certaine mesure, ainsi « Galope Salope » (une histoire de turfiste sur l’air de « Get Up Stand Up » de Bob Marley) n’est pas vulgaire mais tout simplement drolatique. C’est ça qui est bien avec les Excellents, on s’amuse et on passe un bon moment.

https://www.facebook.com/leschefsdoeuvredurockmassacresparnossoins


dimanche 11 mai 2025

Tony Melvil : « En apparence »

 


Il est des efforts pour lesquels le terme d’« album » semble être trop étroit. Tel est le cas de ce nouveau projet de Tony Melvil qui le voit renouer avec le jeune public. Ce nouvel effort voit le violoniste s’interroger sur la question vestimentaire. De mode il n’en est point question, il s’agît plutôt de creuser ce que le vêtement communique de celui qui le porte. « Mon look, mon style », l’image et ce du « Pyjama » au « Costard ». Une vaste question dont le musicien tire un projet à visée large, mêlant les chansons à des intermèdes parlés simulant une journée d’enregistrement en studio, rappelant les feuilletons radiophoniques d’autrefois ou les podcasts d’aujourd’hui. Tout débute donc par un « Test Micro » jusqu’au final. Les musiciens se font également acteurs voix-off et au fil de la narration, le personnage de Lauriane prend de l’importance, modeste technicienne de studio, rêvant discrètement de gloire lors d’une « Pause Café » jusqu’à devenir chanteuse à part entière et arracher une part de gloire, laissant le réalisateur ranger le studio « Tout seul ». Tony Melvil et sa bande abordent une grande diversité de genres musicaux pour mieux illustrer le récit de la chanson acoustique, la marque de fabrique du musicien, du rock, un soupçon d’électronique, le tout est richement arrangé. L’écoute transporte littéralement dans le récit, un sentiment particulièrement agréable. Un tel projet ne pouvait se contenter d’un simple disque et ce présente sous la forme d’un magnifique livre-disque, joliment illustré et est également décliné sur scène.

Du 5 au 26 juillet au festival off d’Avignon (Présence Pasteur – 16h15).

https://www.tonymelvil.com/

https://www.facebook.com/tonymelvil





samedi 10 mai 2025

Rose Betty Klub : « Mojo Girl »

 


« La plus punk des chanteuses de jazz ! » clame le dossier de presse présentant l’artiste. Une chose est certaine néanmoins, du Mojo, présent dans le titre de ce nouvel album, la chanteuse n’en manque point. Un pied dans le jazz, l’autre dans la soul, la chanteuse aborde tous les genres avec l’énergie du rock’n’roll. Une sacrée dynamique donc, inspirée, dans l’esprit, par les années 1950, tout en se gardant bien de tomber dans le biais de la redite fade ou de la nostalgie tiède et vaine. Non, ce nouvel album pulse et groove, on pense notamment aux interventions toujours à propos et pleines de feeling de l’orgue et du Fender Rhodes (Stella Brown) qui agit tel un baume apaisant sur les intros (« Back to my sunnyboy ») ou les soli (« Mojo Girl »). La section rythmique (Scott Jenkins, batterie et Clyde Jones, basse) est infernale d’efficacité pratiquant aussi bien un swing ouaté et élégant (« Mojo Girl ») qu’un groove entêtant et hypnotique (« Moon Palace » ; « Voodoo Workin’ » qui ouvre l’album sur des bases très élevées). Avec une telle équipe à ses côtés, la chanteuse Rose Betty irradie de sa voix solaire, charmeuse, dont le charisme transperce les enceintes, retrouvant à l’occasion les accents de la regrettée Amy Winehouse. A la manœuvre, le duo de compositeurs Rose Betty et Jo Mustang (guitariste aux interventions aussi discrètes que bienvenues cf. « The Room ») accouchent d’un album de très haute tenue.

https://www.facebook.com/rosebettyklub/

https://klamaukproductions.com/klamauk-rose-betty-klub/






vendredi 9 mai 2025

Cecilya and The Candy Kings : « Parisian Mambo »

 


C’est en 2019 que la chanteuse espagnole Cecilya Mestres a posé ses valises à Paris. Un confinement plus tard, en 2021, Cecilya sortait un premier album, très réussi, aux sonorités americana, folk et rock. C’est en 2023 que débute la formation telle qu’on la connaît maintenant, sous le nom de Cecilya and The Candy Kings, avec une orientation nettement plus rock’n’roll et marquée par les années 1950. Ce nouvel effort, le troisième, continue d’explorer ce sillon rétro avec peu ou prou la même équipe, l’excellent guitariste Rodolphe Dumont et le légendaire saxophoniste Gordon Beadle, en tête de pont. Pourtant, tout en restant ancré dans cette veine fifties, à faire briller le chrome des bagnoles, Cecilya élargit le spectre, s’ouvrant au jazz swing et au rhythm’n’blues, à grand renfort de saxophones à couper le souffle, sans oublier les influences latines, faisant référence au mambo présent dans le titre de l’album. Un pied dans le jazz, un autre dans le rock’n’roll, Cecilya rugit et éructe, une petite boule d’énergie qui donne le peps à tout le groupe et à l’auditeur en même temps. Mais la lady sait aussi se faire douce et brille également dans un registre plus proche de la balade romantique (« Ruby »). Brillamment produit et arrangé avec soin (piano, contrebasse), voici un album au charme rétro évident mais mû par une dynamique contemporaine. Excellent de bout en bout.

En concert le 17 mai au Triton (Les Lilas)

https://www.facebook.com/cecilyamestres

https://www.cecilyamestres.com/




jeudi 8 mai 2025

XIXA : « Xolo »

 


Originaire de Tucson (Arizona), Brian Lopez et Gabriel Sullivan ont côtoyé, et joué, avec quelques légendes locales, Calexico ou Giant Sand, avant de lancer leur propre projet sous l’alias mystérieux de Xixa. Et c’est à un drôle de rodéo que nous convie le duo pour ce nouveau (et semble-t-il dernier) album. Comme on pouvait s’y attendre l’album dans son ensemble baigne dans une ambiance très marqué par l’ouest américain. Une sorte d’americana nimbée de guitares folk. Pour un peu on sentirait le vent du désert, le sable et la poussière qui se soulèvent, passer par delà les enceintes. Mais le ciel d’un bleu céruléen, les cactus et le désert ne sauraient faire oublier la proximité de la frontière mexicaine. L’ambiance latine y afférent, cumbia, accordéon et trompettes (« La Danza de los Jaguares »), fait ainsi totalement partie du décor et s’amalgame agréablement au folk countrysant qui constitue le cœur de la musique du groupe (« Waves of Serenity »). A ces éléments disparates vient s’ajouter d’autres ingrédients plus surprenants. Ainsi une écoute attentive permet de déceler une brutalité intrinsèque dans les compositions (« Xolo de Galaxia » ; « Xolocitzcuintli ») qui laisse à penser que le duo a du ingérer pas mal de heavy-metal dans sa jeunesse. A contrario, l’album laisse une libre part à une forme de psychédélisme planant, parfois à la limite de l’expérimentation, sur une grande partie des arrangements de l’album. Enfin, dans ce contexte la new wave assumée de « It doesn’t matter » (avec Rosie et Mick de Modern English) pourrait sembler quelque peu hors de propos. Comme par miracle il n’en est rien et, une fois de plus, tout semble s’amalgamer avec autant de cohérence que les pièces d’un puzzle musical. C’est la note éthérée, calme et planante de « Heart of the world », qui ponctue l’album mettant ainsi fin à ce disque aussi beau que déroutant.

https://www.facebook.com/xixamusic

https://www.xixamusic.com/






dimanche 4 mai 2025

Le Barda : « Punch and Badass Volume 2 - Clash »

 


Partons aujourd’hui à la découverte d’un véritable personnage de roman, Olivier Barda, sobrement renommé Le Barda, à la fois musicien et voyageur, ou plus exactement baroudeur, le sac sur le dos et la guitare en bandoulière. Le ton est donné dès la pochette, aussi belle qu’une affiche de western et un titre à l’avenant, fleurant bon la série B italienne : « Punch and Badass » ! Ainsi, le présent album pourrait être la bande originale de ce film aux tonalités folk, blues, country et d’un soupçon de brutalité rock (« Fight your oldself »). Sa guitare sur les genoux, l’harmonica autour du cou, accompagné de sa section rythmique (contrebasse et batterie) Le Barda soigne ses effets et produit un album court (8 titres) et varié faisant cohabiter le western crépusculaire (« Stranger ») aux sonorités latines plus enlevées (trompette à l’appui) de « Rumbadass ». Un chouette voyage dans l’ouest sauvage, pour un peu on s’y croirait.

Www.le-barda.com





samedi 3 mai 2025

Jeremie Albino + Augusta, Supersonic Records, 30 avril 2025.



La soirée débute tout en douceur avec la folkeuse franco-britannique Augusta, qui, d’après ses propres dires, « chante et joue tout doucement, ça va bien se passer ! » Effectivement, tout s’est passé au mieux, les arpèges délicats et la voix diaphane de la chanteuse constituant une bulle de douceur, teintée d’une émouvante mélancolie, dans laquelle il fait bon se lover, située dans la lignée de Joni Mitchell, c’est une belle découverte !

Deux guitares (dont une inutilisée), trois harmonicas, un capo et quelques médiators, il n’en faut guère plus au Canadien Jeremie Albino pour captiver le public ! Enthousiaste et charismatique, rigolo à l’occasion, Jeremie Albino, pour son premier passage dans la capitale, n’a eu aucun mal à se mettre le public dans la poche. Et ce fut encore plus flagrant quand, une fois en confiance, il a avoué au public : « Je parle français, je suis québecois », salve d’applaudissements et définitivement adopté par un public français qui adore que les artistes internationaux fassent l’effort de s’exprimer dans la langue de Molière. Seul, Albino dégage une puissance phénoménale, folk, électrique, l’harmonica autour du cou à la Dylan, teinté de blues et d’americana. Une prestation d’une liberté folle, l’artiste n’ayant pas de setlist définie, demandant régulièrement des suggestions au public, tout en se montrant surpris par les demandes pointues de ce dernier. Un set fluctuant, évoluant au gré des envies et marqué par de nombreuses surprises, en particulier lorsque Augusta rejoint Jérémie Albino le temps d’un duo, au contre-chant poignant évoquant la dynamique Gram Parson/Emmylou Harris. Définitivement un talent à suivre !

https://www.facebook.com/jeremiealbino

https://www.facebook.com/augusta.music1