Fine fleur du blues hexagonal, guitariste inspiré et soulful, Fred Chapellier aura vécu une drôle d'année 2018 avec la parution de deux albums et l'annonce de l'arrêt de sa carrière solo. On a bien dit « solo » car le bonhomme reste toujours actif, derrière d'autres. Petit focus.
Fred Chapellier plays Peter Green Live Recording.
Mais avant de tirer sa révérence (en tant qu'artiste solo, on insiste) il convenait pour Fred de rendre hommage à un musicien cher à son cœur : Peter Green, guitariste de Fleetwood Mac. Ce dernier aura accompagné Fred toute sa carrière, son répertoire consistant un corpus de choix dans lequel il est facile de puiser moult reprises, égrainées régulièrement sur scène au fil des années. C'est ainsi, au cours de discussions avec les spectateurs d'après concert, que Fred a réalisé l'impensable : Green, malgré son statut iconique restait un « musician's musician », un type essentiellement connu des exégètes, une référence pour d'autres guitaristes (dont certains largement plus connu que lui) mais, aussi, un artiste de l'ombre assez méconnu du grand public. Et c'est ainsi que cet album est né, avec la volonté de remettre la lumière sur le répertoire de Peter Green. Une fine équipe de musicien l'accompagne dont les chanteurs Leadfoot Rivet et Ahmed Mouici (un ex-Pow Wow), un signe du désengagement à venir du musicien vis à vis du chant. Concernant le répertoire Chapellier s'est concentré sur une période très précise de trois années, ne reprenant que des titres enregistrés entre 1967 et 1970. Et c'est là l'occasion de quelques surprises « Black Magic Woman » et « Oh Well » que l'on croyait sans peine pouvoir attribuer à d'autres sont en fait des reprises de Peter Green ! L'album voit Chapellier et son groupe évoluer sur un fil, qui relève de la gageure : imposer sa patte personnelle sur les compositions tout en restant proche des versions originales, ce qui reste essentiellement une histoire de feeling et de ressenti. Pour le reste, Chapellier et son groupe nous transportent littéralement dans ces années magiques dans un geste musical de grande classe débordant d'émotions et d'âme. Une petite heure de bonheur intégral pour qui aime le blues.
Fred Chapellier & The Gents featuring Dale Blade : « Set Me Free »
La décision, évoquée plus avant, de Fred Chapellier d'abandonner le chant étant surtout motivée par le fait de retourner au rôle préféré du guitariste : écrire, composer et se concentrer sur le placement de sa guitare ce qui a pour conséquence finale d'élever le niveau de jeu et d'exigence musicale du musicien (comme si cela était possible!) Un rôle qu'il connaît bien, tenu en concert auprès de Jacques Dutronc, ce qui l'a amené a monter sur scène avec les Vieilles Canailles : Eddy Mitchell et Johnny Hallyday ! Encore faut-il pour cela trouver l'alter ego, le chanteur capable d'incarner vocalement l'ambition débordante du guitariste. Et cela sera fait en la personne de Dale Blade, natif de la Nouvelle-Orléans ayant baigné toute sa vie dans la musique, rencontré pendant une jam au Cahors Blues Festival en 2014. Autre avantage : Blade peut tout chanter, ce qui permet aux guitariste d'aborder de nouveaux genres musicaux (sans toutefois trop s'éloigner du blues, du rock'n'roll et du rhythm'n'blues) et apporte en sus le supplément de crédibilité qu'il est tant difficile d'atteindre pour les francophones tentant le chant en anglais. Et l'association de malfaiteurs fonctionne au-delà des espérances ! Un magnifique album !
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