Souvent mon
entourage tombe des nues lorsque j'avoue à demi-mot que je n'aime
pas spécialement la fête de la musique. Déjà, je n'ai pas besoin
d'attendre le 21 juin pour aller voir des concerts ce qui, en gros,
constitue mon quotidien depuis quelques années. Ensuite après bien
des années, je reste traumatisé par quelques mauvaises expériences,
Bernard et son accordéon par exemple avec tout le respect que je lui
dois, ou cette fois où j'ai bien crû mourir écrasé par la foule
Place de la République. Mais cette année, j'ai trouvé une bonne
raison de me réconcilier avec le concept. Déjà Chuck Sperry et ses
magnifiques sérigraphies, inspirées par le mouvement psychédélique
et les années 1960 sont de retour en ville et c'est déjà une
magnifique nouvelle en soi. Ensuite profitant de la proximité de
dates de cette nouvelle exposition avec la fête de la musique, la
galerie l’œil ouvert a saisi la balle au bond organisant un
concert gratuit avec les zinzins de Dérapage.
Dérapage, le nom
fleure bon la gomme brûlée sur le bitume et promet un sacré bon
moment de rock n'roll puissant et caréné comme un hot rod. Et, de
fait, le trio survolté tient toute ses promesses ! A mi-chemin du
rock garage façon Stooges et du punk, mené de main de maître par
le batteur frappant ses peaux comme un maniaque appuyant à fond sur
l'accélérateur, le groupe fait sensation sur un bout de trottoir de
la rue du Château d'eau, transformant ce dernier en terrain
d'expérimentation quasi-sociologique et hilarante, prouvant à quel
point ce style de rock n'roll primal, et que l'on adore sur cette
page, n'est toujours pas entré dans les mœurs de notre beau pays
(et arrivé à ce point on peut conclure que cela ne sera
probablement jamais le cas).
Donc, le set venait
à peine de commencer, le trio attaquant sa première chanson, qu'un
intrus, d'un age certain, probablement riverain et fort contrit, en
polo bleu, se présentait devant le groupe demandant que l'on baisse
le son avec force gestes. S'en suivit une hallucinante palabre durant
de longues minutes :
- Fred (le
chanteur) : Ca va être pénible mais dans dix minutes c'est
fini !
- L'homme en polo
bleu (tout sourire) : C'est vrai ?
- Fred : Non !
Et l'homme de s'en
aller, haussant les épaules, sur un tonitruant et définitif
« Connard » ! Avec Chuck, on est morts de rire !
C'est ensuite, une Dame, une baguette sous le bras, qui passe devant
le groupe, les yeux écarquillés et absolument pas rassurée, mais
que se passe-t-il, qui sont ces gens, est-ce dangereux ? Par la
suite, un chien a absolument pété les plombs, excité par le déluge
de décibels, aboyant à tout rompre après le trio, tirant sur une
laisse que son propriétaire avait toutes les peines du monde à
retenir. Et pour finir le groupe a reçu les applaudissements
d'éboueurs perchés sur leur camion à ordures ce qui nous a valu ce
trait d'humour de la part du groupe : « Ah tiens voilà le
van avec notre matos ! » Pour en revenir à Dérapage, un
seul détail suffira pour vous éclairer sur le niveau (élevé) de
coolitude du groupe : deux cordes de guitare cassées (sur deux
instruments différents) en un peu plus d'une demi-heure ! Et
ouais mon pote, c'est ça le rock n'roll !
Exposition Summer of Love by Chuck Sperry
Jusqu'au 15 juillet 2017
Galerie L’œil ouvert
1, rue Lucien Sampaix 75010 Paris
Métro République / Jacques Bonsergent
http://www.loeilouvert.com/
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