Ancien leader de Diabologum dans les
années 1990, Michel Cloup est un artisan, trop méconnu, du rock
français. Son nouveau projet, sobrement intitulé Michel Cloup Duo,
fait montre d'un retour aux sources : une guitare et une
batterie. Pas d'effets de manche, pas de superflu, seul l'essentiel
prime. De fait si il y a une chose que décrit magnifiquement ce
disque, c'est le lien ténu, subtil et intime entre le musicien et
son instrument. Car « Minuit dans tes bras » est un
magnifique album de guitares. En ce sens, Michel Cloup et son compère
batteur Patrice Cartier renouent avec une tradition rock du gros son
(« J'ai peur de nous », « Minuit dans tes bras »,
« Sortir boire et tomber ») que, soyons honnêtes, la
France n'a jamais réellement su maîtriser. L'album se présente
sous un jour plutôt aride. Un champ de désolation électrique après
la bataille, fait de montées (« Ma vieille cicatrice »)
et de descentes (« Coma » morceau d'apparence calme mais
mû par une angoisse sourde). Incandescent dans ses meilleurs
moments, le disque sait aussi se faire touchant grâce aux paroles
(« Minuit dans tes bras », quel titre évocateur!), Cloup
se livrant à une mise à nu poétique de l'homme, de la femme et des
relations de couple. « Il y a toi, il y a moi et il y a nous
entre guillemets » chante Cloup sur « J'ai peur de nous »
avec une honnêteté peu commune dans le petit monde du rock
français. Enfin, impossible de terminer cette chronique sans évoquer
la cavalcade échevelée « Minuit dans tes bras #2 » qui
s'étire sur plus de douze minutes d'une longue et impressionnante
dérive. Renouant avec une approche arty du rock n'roll, Cloup
utilise cette fois la voix bienveillante de l'actrice Françoise
Lebrun, vingt ans après avoir adapté « La maman et la
putain » (film réalisé par Jean Eustache en 1973) avec son
ancien groupe Diabologum. Un grand album, tout simplement.
En concert à Paris (la gaîté lyrique) le 18 février.
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