vendredi 14 février 2014

Michel Cloup Duo : « Minuit dans tes bras »


 
Ancien leader de Diabologum dans les années 1990, Michel Cloup est un artisan, trop méconnu, du rock français. Son nouveau projet, sobrement intitulé Michel Cloup Duo, fait montre d'un retour aux sources : une guitare et une batterie. Pas d'effets de manche, pas de superflu, seul l'essentiel prime. De fait si il y a une chose que décrit magnifiquement ce disque, c'est le lien ténu, subtil et intime entre le musicien et son instrument. Car « Minuit dans tes bras » est un magnifique album de guitares. En ce sens, Michel Cloup et son compère batteur Patrice Cartier renouent avec une tradition rock du gros son (« J'ai peur de nous », « Minuit dans tes bras », « Sortir boire et tomber ») que, soyons honnêtes, la France n'a jamais réellement su maîtriser. L'album se présente sous un jour plutôt aride. Un champ de désolation électrique après la bataille, fait de montées (« Ma vieille cicatrice ») et de descentes (« Coma » morceau d'apparence calme mais mû par une angoisse sourde). Incandescent dans ses meilleurs moments, le disque sait aussi se faire touchant grâce aux paroles (« Minuit dans tes bras », quel titre évocateur!), Cloup se livrant à une mise à nu poétique de l'homme, de la femme et des relations de couple. « Il y a toi, il y a moi et il y a nous entre guillemets » chante Cloup sur « J'ai peur de nous » avec une honnêteté peu commune dans le petit monde du rock français. Enfin, impossible de terminer cette chronique sans évoquer la cavalcade échevelée « Minuit dans tes bras #2 » qui s'étire sur plus de douze minutes d'une longue et impressionnante dérive. Renouant avec une approche arty du rock n'roll, Cloup utilise cette fois la voix bienveillante de l'actrice Françoise Lebrun, vingt ans après avoir adapté « La maman et la putain » (film réalisé par Jean Eustache en 1973) avec son ancien groupe Diabologum. Un grand album, tout simplement.

En concert à Paris (la gaîté lyrique) le 18 février.

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