samedi 23 février 2013

Rainbow Shadow + David Murray + James Blood Ulmer, Maisons des Arts, Créteil, Festival Sons d’hiver, 23 février 2013.

Jef Lee Johnson


La soirée commence par une note très émouvante lorsque le speaker apprend au public, médusé, la nouvelle de la disparition, aussi inattendue que soudaine, survenue le 28 janvier dernier, de Jef Lee Johnson qui devait assurer ce soir la première partie. Et dire qu’un peu partout en ville, son nom orne les affiches du festival… Bluesman d’avant-garde, piochant aussi bien dans le rock que dans le free-jazz, le guitariste virtuose et chanteur laisse une discographie forte d’une quinzaine d’albums. Sessionman accompli on avait également pu l’entendre au côté d’Erykah Badu notamment. On avait fait sa connaissance lors de l’édition 2004, sur cette même scène de la maison des arts, du festival sons d’hiver dont il était l’un des habitués. Il était âgé de 53 ans et c’est une lourde perte. Un peu esseulé les deux membres restant de son trio ont décidé de recruter un nouveau chanteur/guitariste (mais pour combien de temps ?) et d’assurer le concert du soir sous le nom de Rainbow Shadow (rainbow étant le surnom de Jef Lee Johnson). Pendant une petite heure le trio ainsi reconstitué a revisité le répertoire du regretté guitariste de Philadelphie, non pas à la note près mais en « emmenant la musique dans une nouvelle dimension par ce que c’est ce que Jef aurait voulu ». Une prestation extrêmement émouvante et à cet égard l’étreinte du bassiste et du batteur le set une fois fini est bien plus forte que tous les discours possibles…

Changement d’ambiance ensuite avec une création originale dont le festival à le secret, la rencontre entre un big band de jazz swing (17 musiciens sur scène dont 11 cuivres) mené par David Murray et le bluesman old school James Blood Ulmer. Du jazz swing au blues ce sont deux facettes de la grande musique Noire Américaine qui se rencontrent ce soir. Au-delà de l’aspect cocasse, il est assez inhabituel d’assister à un concert de blues avec chef d’orchestre, surtout quand ce dernier ce met en tête de diriger le guitariste en plein solo, la création est absolument sublime. Cuivres puissants, orgue hammond B3, une formidable section rythmique d’une rare efficacité et enfin la voix et la guitare wha wha de ce vieux barde d’Ulmer. Que demander de plus ?  C’est un grand et beau moment de musique auquel nous avons assisté.

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