Jef Lee Johnson |
La soirée commence par une note très émouvante lorsque le
speaker apprend au public, médusé, la nouvelle de la disparition, aussi inattendue
que soudaine, survenue le 28 janvier dernier, de Jef Lee Johnson qui devait
assurer ce soir la première partie. Et dire qu’un peu partout en ville, son nom
orne les affiches du festival… Bluesman d’avant-garde, piochant aussi bien dans
le rock que dans le free-jazz, le guitariste virtuose et chanteur laisse une
discographie forte d’une quinzaine d’albums. Sessionman accompli on avait
également pu l’entendre au côté d’Erykah Badu notamment. On avait fait sa
connaissance lors de l’édition 2004, sur cette même scène de la maison des
arts, du festival sons d’hiver dont il était l’un des habitués. Il était âgé de
53 ans et c’est une lourde perte. Un peu esseulé les deux membres restant de
son trio ont décidé de recruter un nouveau chanteur/guitariste (mais pour
combien de temps ?) et d’assurer le concert du soir sous le nom de Rainbow
Shadow (rainbow étant le surnom de Jef Lee Johnson). Pendant une petite heure
le trio ainsi reconstitué a revisité le répertoire du regretté guitariste de
Philadelphie, non pas à la note près mais en « emmenant la musique dans
une nouvelle dimension par ce que c’est ce que Jef aurait voulu ». Une
prestation extrêmement émouvante et à cet égard l’étreinte du bassiste et du
batteur le set une fois fini est bien plus forte que tous les discours
possibles…
Changement d’ambiance ensuite avec une création originale
dont le festival à le secret, la rencontre entre un big band de jazz swing (17
musiciens sur scène dont 11 cuivres) mené par David Murray et le bluesman old
school James Blood Ulmer. Du jazz swing au blues ce sont deux facettes de la
grande musique Noire Américaine qui se rencontrent ce soir. Au-delà de l’aspect
cocasse, il est assez inhabituel d’assister à un concert de blues avec chef
d’orchestre, surtout quand ce dernier ce met en tête de diriger le guitariste
en plein solo, la création est absolument sublime. Cuivres puissants, orgue
hammond B3, une formidable section rythmique d’une rare efficacité et enfin la
voix et la guitare wha wha de ce vieux barde d’Ulmer. Que demander de
plus ? C’est un grand et beau
moment de musique auquel nous avons assisté.
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