Jour après jour, ou plus exactement, note après note, Cy affine son univers. Le deuxième EP de l’artiste s’articule autour de la guitare folk, toujours arpégée avec beaucoup de raffinement, sur laquelle se superpose les influences, de l’électronique légère aux sonorités plus lointaines, venues d’Afrique (« Come Back ») ou d’Inde (les tablas qui ornent « Human »). Pris dans leur globalité ces cinq titres (dont un en français, « Décrocher ») constituent une bulle pop atmosphérique, douce et délicate, propice à l’introspection ; comme le carnet sonore d’un voyage intérieur.
Le premier EP du quartet marseillais font montre d’une maîtrise certaine et d’un univers foncièrement attachant. Si le titre, voire la pochette, laisse penser à une attaque punk frontale, l’univers de Catchy Peril est vaste et aux ramifications multiples. Si le beat implacable de la batterie évoque, ironiquement, la disco, les synthés nostalgiques (« She’s Bored ») nous ramènent du côté de la cold/synth wave (« Deserve Better » à l’influence Cure prégnante) et forment un séduisant contraste avec l’attaque (post) punk des guitares (« Angry Kids », seul titre en français évoquant une fusillade dans les rues marseillaises). Il se dégage de l’ensemble une ambiance, un feeling évoquant tour à tour le psychédélisme ou le glam bouclant ainsi un tour à 360° tantôt enjoué (« Dancing ») tantôt nostalgique (« Nico »). Un EP inaugural des plus séduisants.
Ce deuxième album voit les frères Lowland passer au-dessus de la barrière. Ou plutôt des barrières. Quelles barrières ? Celles séparant l’americana de la soul et du rock’n’roll. Un grand bain de musique racinienne, inspiré par les années 60 et 70, sans pour autant entrer la sympathique formation dans la course effrénée au vintage. Une manière pour le groupe de faire entrer ses influences diverses dans un cadre personnel et surtout intemporel. Un groove de basse irrésistible (« For a while » ; « We shouldn’t be here »), un chant soul à vous retourner le cœur (« Little Big Man ») un soupçon de fièvre électrique qui traverse les guitares (« Can you hear me ? ») tout autant qu’il transperce les oreilles de l’auditeur : l’album est somptueux de bout en bout ! Le tempo alangui, l’omniprésence des claviers créant un forme de bulle ouatée (« Sound from the attic »), si l’album place parfois l’auditeur dans un cocon, c’est pour mieux le secouer par la suite (« Shape Up » ; « Don’t let me fall »). Une proposition caractérisée par un travail sur le son, loin des standards habituels, qu’ils transforment en chansons irrésistibles. Une réussite !
En showcase le 8/11 aux Balades Sonores et en concert le 9/11
au Trianon (première partie de Robert Finley)
La route avec toi. On ne saurait rêver un meilleur titre pour décrire le parcours musical du guitariste et compositeur Mathias Duplessy. Depuis 2010, ce dernier poursuit un projet, intitulé les Violons du Monde dans lequel le guitariste croise les cordes avec différents instruments, tous dérivés de la vielle, elle-même un instrument précurseur du violon, venant de tous horizons et des quatre coins du monde. Sur ce nouvel effort, le quatrième, le groupe est ainsi constitué du fidèle Guo Gan (erhu, un instrument traditionnel chinois), et de Zied Zouari (violon oriental), Mandakh Daansuren (morin Khuur, instrument mongol), Aliocha Regnard (nyckelharpa suédoise), Sabir Khan (sarangi, Inde), enfin le contrebassiste Damian Nuevo et le pianiste Rehann Duplessy complètent le dispositif. Si la démarche de Duplessy est belle, c’est parce qu’elle donne à écouter un monde qui joue ensemble. Il n’est point question ici d’une musique dite « du monde » ou traditionnelle mais de fusionner l’ensemble desdites traditions autour des compositions du guitariste. D’obédience plutôt classique, le guitariste laisse de la place à différents styles musicaux, l’ombre du folk et du jazz manouche plane sur sa musique, certaines pièces évoquent la musique de film, le western ou le kung-fu. Grand fan de Bruce Lee depuis son enfance, paraît-il, la légende veut que ce dernier ait fait basculer le compositeur dans ces influences orientales et asiatiques qui depuis fleurissent dans sa musique. Quoi qu’il en soit, ce nouvel album est, une fois de plus, un sublime carnet de voyage musical, qui transporte l’auditeur dans une odyssée mélodique, orné d’une sublime pochette à l’avenant.