Qui sait si on ne tient pas là une nouvelle belle histoire de résurrection, un conte de fées comme l'industrie musicale sait parfois en écrire (cf. Rodriguez) ? En 1968, Nick Garrie, alors jeune homme, donne quelques concerts sur la Côte d'Azur avant d'être repéré par Lucien Morisse, ancien directeur général d'Europe n°1 et patron du label Disc'AZ, le découvreur de Polnareff, qui lui offre sa chance. Son premier album « The Nightmare of JB Stanislas » sort en 1969, uniquement en France sans rencontrer le moindre succès, et devenir au fil des années une pièce rare recherchée des collectionneurs. S'en suit pour le musicien une vie de roman qui l'aura vu alterner les boulots avant de renouer, de manière assez inattendue, le fil de son histoire sur le vénérable label Tapete (le refuge de Bill Pritchard et de Lloyd Cole entre autres). Dès le premier titre la pureté cristalline de la musique se fait jour. Touché de guitare acoustique délicat, arrangements classieux et soignés (cordes, vents, piano), Nick Garrie s'inscrit dans la tradition du folk britannique avec tantôt un soupçon de mélancolie à la Nick Drake (« Early morning in the garden », « My dear one ») tantôt une point d'excentricité so british (« Bacardi Samuel ») ; autant de qualités bien servies par une qualité d'écriture constante et de haute volée (notons au passage un titre en français : « Ma petite Catherine »). La remarquable concision du disque, 26 minutes donc sans temps morts ni trop plein, renoue avec la durée d'écoute d'un bon vieux vinyle et permet à Garrie de se réinscrire, encore un peu plus, dans le droit fil de L'Histoire. Seule la voix de Nick semble trahir un peu le passage des années, trahissant le subtil détachement du vieux routier à qui on ne la fait plus. Un classique instantané, un album intemporel, qui s'apprécie encore plus sur un support physique.
http://nickgarrie.co.uk/
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire