Toute la carrière de Robin Trower repose sur une confusion : sa participation au (mythique) Procol Harum (« A whiter shade of pale ») entre 1967 et 1972. Il n'en fallait pas plus pour classer le guitariste comme « psychédélique » alors que, dans le fond, il reste fondamentalement un bluesman. Un bluesman qui, une fois sa carrière lancée, en 1973, a du se coltiner une image de « descendant de Jimi Hendrix » basée sur sa maîtrise, consommée, de la guitare wha-wha (cf. son magnifique album live de 1975). Pas faux mais trop réducteur. A 72 ans, toujours bon pied bon œil, Trower maintient le cap et reste un musicien prolifique, qui sort son troisième album depuis 2015 et le trentième et quelque au total ! Une petite nouveauté tout de même, après s'être longtemps appuyé sur des compétences extérieures, et laissé sa guitare parler pour lui, Trower assume désormais le chant (c'était déjà le cas en 2015). Pour un musicien aussi modeste et réservé que lui, c'est une petite révolution copernicienne. Pour le reste, Trower reste un guitariste fin, habile et élégant. La formule du trio, adoptée depuis longtemps, lui va à ravir. Se basant sur une rythmique sobre et sans artifice, Trower a le champ libre pour laisser sa guitare divaguer le long de longues plages blues et psychédéliques. Ainsi, son jeu se révèle particulièrement expressif. Quelque notes éparses, débordantes de feeling, lui suffisent pour instaurer une ambiance, un climat (« Returned in kind ») souvent marqué par la mélancolie et l'art de prendre son temps : serait-ce une conséquence de l'âge et des années qui passent ? Appelons cela un musicien inspiré, imperméable aux modes et dont le nom reste un gage de qualité.
https://www.facebook.com/RobinTrower/
https://twitter.com/robintrower
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire