lundi 29 septembre 2014

The Lords of Altamont : « Lords take Altamont »



Au départ conçu pour être le pendant californien du festival de Woodstock, le concert gratuit d'Altamont, qui a eu lieu sur le circuit automobile du même nom à quelques encablures de San Francisco à viré à la catastrophe. La date du 6 décembre 1969 restera à jamais comme l'une des journées les plus noires de l'histoire du rock n'roll qui s'est soldée par la mort de Meredith Hunter, jeune fan (18 ans) Afro-Américain assassiné par les Hells Angels chargés de la sécurité de l'événement. En sus, trois autres personnes ont également perdu la vie ce jour là de manière accidentelle. Comble de l'ignominie, le concert a été filmé (il s'agissait de concurrencer Woodstock, sur tous les plans) et à fait l'objet d'un documentaire morbide « Gimme Shelter » sorti en 1970. Un jour honni, qui, sans coup férir, a soldé en une seule fois les illusions hippies et le summer of love mettant un terme tragique aux années 1960. Avec le recul on peut également y voir la naissance du punk de la décennie suivante, un mouvement nettement plus violent voire nihiliste, comme annonciateur d'une histoire du rock qui s'écrira dorénavant dans le sang entre meurtres (John Lennon), suicides (Ian Curtis, Kurt Cobain) et autres tragédies diverses, généralement survenues à l'age de 27 ans...

Formé en 1999, l'excellent groupe garage rock The Lords of Altamont s'est pourtant inspiré du concert tragique pour trouver son patronyme usant de raisons restées obscures et que l'on suppose un tantinet provocatrices voire dérangeantes. Ce cinquième effort de la formation marque le 15ème anniversaire du groupe lequel s'offre pour l'occasion un album tribute au concept étrange puisqu'il ne s'agit ni de rendre hommage à un groupe ou à une œuvre en particulier mais au festival d'Altamont, reprenant pour l'occasion plusieurs chansons jouées ce jour là. Soit des reprises des groupes présents à savoir les Rolling Stones (les têtes d'affiches qui étaient absentes de Woodstock, rappelons-le), le Jefferson Airplane, Crosby Stills and Nash, Santana et les Flying Burrito Brothers. Également prévus à l'affiche le Grateful Dead a préféré se décommander à la dernière minute, sentant les événements tourner au vinaigre. Ce disque marque également le retour au bercail de plusieurs anciens membres puisque tous ont été invités (soit une vingtaine de personnes) à participer à l'enregistrement.

Entre guitares survoltées et giclées d'orgue acides, les Lords of Altamont ont toujours su se créer une identité sonore facilement identifiable faite d'agressivité mais aussi de groove. Un trait d'union entre rock, blues et soul music. Si la confrontation avec le répertoire des Stones est convenue (« Stray Cat blues », « Gimme Shelter »), elle n'en n'est pas moins savoureuse, les Lords poussant un peu plus loin le bouton de volume. Il est par contre franchement curieux, mais délectable, de voir comment le gang de bikers s'est approprié le folk psychédélique, féminin et délicat, du Jefferson Airplane. « 3/5 of a mile in 10 seconds » est méconnaissable. Idem pour « Black Queen », à l'origine une blues acoustique signé Stephen Stills. Un excellent album, conforme aux standards, élevés, du groupe, mais aussi une manière ludique de revisiter le répertoire des années 1960 comme on traverse l'histoire du rock n'roll...
En concert le 30/10 à Paris (Batofar)



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