mercredi 14 mai 2014

Jake Bugg : « Shangri La »



Lorsqu'il est apparu sur nos radars il y a un peu plus d'un an, le personnage de Jake Bugg (âgé de 18 ans à la sortie du disque) nous a autant fasciné par son talent naturel de songwriter qu'inquiété par la précocité de ce dernier. Ainsi notre chronique de l'époque se terminait en forme de question, y-aurait-il un jour une suite à ce petit bijou de premier album ressuscitant la lettre et l'esprit du Greenwich Village folk des années 1960 ? On est ravi dans un premier temps de répondre à cette dernière question par l'affirmative. Et ensuite qu'en-est-il de ce fameux « toujours difficile deuxième album » ? Dans l'intervalle Bugg a changé de stature, son shangri la (paradis sur terre) le jeune Britannique est allée le chercher outre-Atlantique. Le label n'a pas hésité à mettre les petits plats dans les grands en confiant son protégé au légendaire producteur Rick Rubin (un choix plutôt cohérent) lequel a fait jouer son carnet d'adresse au moment de l'enregistrement : aussi surprenant que cela puisse paraître Chad Smith (Red Hot Chili Peppers) officie derrière la batterie. Un album américain donc, rutilant comme une Cadillac : le son est énorme, les délicates compositions folk de Bugg s’accommodent assez imparfaitement de cette production carénée au millimètre. Si la finesse d'écriture est intacte, dans la manœuvre Bugg a perdu la rugosité qui faisait tout le sel de son premier effort. Comme si ce lissage intensif en avait gommé le charme. L'association entre le jeune fougueux et le vieux sage, dont on attendait monts et merveilles déçoit donc gentiment eu égard du pedigree (pour mémoire : Donovan et Johnny Cash entre autres...) et du savoir-faire de Rubin en la matière. La rencontre est cependant parsemée de quelques éclaircies « Me and you », « A song about love », la magnifique « Pine trees », la ballade country "Storm passes away" ou bien encore l'électricité contagieuse de « Kingpin ». Un album en demi-teinte ; mais gardons nous bien de tout jugement définitif à l'égard de Jake Bugg. La vingtaine à peine déflorée, ce dernier a (encore) tout l'avenir devant lui. Encore quelques disques de rodage et le monde sera à ses pieds...


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